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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/477

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un mauvais usage de son pouvoir, quand celle qui devait aider l’homme, l’eut fait tomber dans un piège, quand tout fut perdu par sa faute, c’est alors qu’elle entendit ce juste arrêt : « Tu dépendras de ton mari ». (Gen. 3,16) Car comme il était vraisemblable que ce péché allait introduire là guerre au milieu des hommes (c’eût été, pour rétablir la paix, une considération peu importante que ce fait que la femme était sortie de lui ; au contraire, cette circonstance même ne pouvait qu’exaspérer son mari, puisque celle qui était sortie de lui, n’avait pas même épargné celui dont elle était le membre) ; Dieu, comprenant la malice du démon, éleva, par cette seule parole, comme un rempart où elle devait se briser ; par cette sentence et aussi par la concupiscence naturelle, il prévint la haine qui n’aurait pas manqué de naître et détruisit, comme un mur de séparation, le ressentiment produit par la première faute. Mais maintenant, dans l’être divin, dans la substance incorruptible, il n’est pas permis de rien soupçonner de pareil ainsi quand on use d’une comparaison, gardez-vous de l’étendre outre mesure, autrement il en résulterait de graves inconvénients. L’apôtre disait, au commencement de sa lettre : « Car tout est à vous, et vous êtes à Jésus-Christ, et Jésus-Christ est à Dieu ». (1Cor. 3,22-23)
3. Qu’est-ce que cela veut dire : Tout est à nous, et nous sommes à Jésus-Christ, et Jésus-Christ est à Dieu ? Y a-t-il en tout cela une similitude parfaite ? Nullement ; les plus insensés mêmes, comprennent la différence ; cependant c’est du même terme que l’on se sert pour parler de Dieu, de Jésus-Christ et de nous. Et, ailleurs, après avoir dit que l’homme est le chef de la femme, il ajoute : « Comme le Christ est le chef et le Sauveur de l’Église, « et son défenseur ; ainsi le mari doit l’être pour son épouse ». (Eph. 5,23-24) Eh bien donc, trouverons-nous là une similitude parfaite, aussi bien que dans tout ce qu’il écrit encore aux Éphésiens à ce sujet ? Loin de nous cette pensée. En effet, cela ne se peut pas ; on se sert des mêmes mots en parlant de Dieu et des hommes, mais ils doivent être entendus autrement dans un cas que dans l’autre. Et maintenant, n’allons pas, au rebours, chercher partout la diversité, car alors il faudrait dire que toutes ces comparaisons auraient été admises au hasard, et sans réflexion, puisque nous n’en retirerions aucun fruit. Donc, de même qu’il ne faut pas voir la similitude partout, de même il ne faut pas la rejeter partout. J’éclaircis ma pensée, je prends un exemple pour essayer de la faire comprendre. On dit que Jésus-Christ est la tête de l’Église ; si je n’attache aucune idée humaine à cette parole, à quoi sert-elle ? Et maintenant si, au contraire, j’y attache toutes les idées humaines, voilà une série interminable d’absurdités, car la tête est sujette aux mêmes affections que le corps. Donc que faut-il négliger ? que faut-il prendre ? Il faut négliger les conséquences que je viens d’énoncer, il faut prendre l’idée d’union parfaite, l’idée de cause et de premier principe ; il faut même entendre ceci d’une manière plus sublime et plus relevée en Dieu qu’en nous, d’une manière qui soit conforme à la nature divine ; car l’union est plus sûre, le principe plus auguste.
Vous avez encore entendu le mot Fils. Eh bien ! ici encore, il ne faut ni tout prendre ni tout rejeter ; il faut prendre ce qui convient à Dieu, savoir, que le Fils est consubstantiel au Père et qu’il est de lui ; pour ce qui serait déplacé, ce qui n’appartient qu’à l’infirmité humaine, laissez-le à la terre. Autre exemple encore : Dieu a été appelé lumière ; eh bien ! prendrons-nous toutes les idées qui se rapportent à notre lumière ? Nullement, car notre lumière est circonscrite par les ténèbres et par l’espace ; une force étrangère la met en mouvement, et la recouvre d’ombre ; nulle de ces idées n’est permise au sujet de l’essence divine. Mais maintenant ce n’est pas une raison pour tout rejeter ; sachons, au contraire, recueillir, de cet exemple, ce qu’il a d’utile ; l’illumination qui nous inonde et qui vient de Dieu ; notre affranchissement des ténèbres. Toutes ces paroles que je viens de dire, sont à l’adresse des hérétiques ; mais il faut, dès à présent, traiter à fond le texte qui nous occupe.
Peut-être ici soulèvera-t-on la question de savoir quel mal c’était aux femmes de se découvrir la tête, aux hommes de se la couvrir ; écoutez les raisons, et comprenez-les. L’homme et la femme ont reçu un grand nombre de caractères différents : l’un, ceux du commandement ; l’autre, ceux de la sujétion. Une de ces marques, c’est que la femme ait la tête couverte, que l’homme ait la tête nue ; donc, si tels sont leurs signes, ils pèchent tous les deux contre l’ordre, contre le précepte divin ; ils franchissent les limites qui leur ont été