Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/478

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fixées ; l’un s’abaisse à la faiblesse de la femme ; l’autre usurpe la dignité du mari. En effet, il ne leur est pas permis de changer de vêtement ; la femme n’a pas le droit de porter la chlamyde ; l’homme ne doit pas prendre le bandeau ni le voile. « Une femme ne prendra point un habit d’homme, et un homme ne prendra point un habit de femme ». (Deut. 22,5) À bien plus forte raison, les caractères de la tête doivent-ils être conservés ; car les formes différentes sont d’institution humaine, quoique Dieu, plus tard, les ait confirmées. C’est une loi naturelle qui ordonne d’avoir ou de n’avoir pas la tête couverte. Il est bien entendu que quand je parle de nature, je parle de Dieu ; car c’est lui qui a fait la nature. Eh bien, voyez quels grands maux résultent de ce que vous bouleversez la nature ; et ne me dites pas que le péché est petit ; il est grand en soi, car c’est la désobéissance. Serait-il petit en soi, il deviendrait grand, parce qu’il y a là un symbole de choses importantes. Que ce soit un grand symbole, c’est ce qui résulte du bel ordre qui se manifeste, par là, au milieu des hommes : d’une part, le commandement, de l’autre la sujétion, marqués dans le costume qui convient à chaque état. La transgression, ici, confond tout, répudie les dons de Dieu, foule aux pieds l’honneur qui vient d’en haut ; et ce n’est pas l’homme seulement qui est coupable, mais la femme aussi ; car, assurément, son plus grand honneur, c’est de se tenir au rang qui lui est propre ; sa honte, c’est de s’en écarter. Aussi, à propos de l’un et de l’autre : « Tout homme qui prie, ou qui prophétise », dit l’apôtre, « ayant quelque chose sur la tête, déshonore sa tête : mais toute femme qui prie, ou qui prophétise, n’ayant point la tête couverte d’un voile, déshonore sa tête (4) ». Il y avait en effet, comme je l’ai dit, et des hommes et des femmes qui prophétisaient ; des femmes ayant reçu le don de prophétie, comme les filles de Philippe, et d’autres encore, soit avant soit après elles, dont parlait le prophète Joël : « Vos fils prophétiseront, et vos filles verront des visions ». (Jol. 2,28) L’apôtre ne veut pas que l’homme ait toujours la tête découverte, mais seulement quand il prie. « Tout homme », dit-il, « qui prie, ou qui prophétise, ayant quelque chose sur la tête, déshonore sa tête ». Quant à la femme, il veut qu’elle ait toujours la tête couverte. Aussi, après avoir dit : « Toute femme qui prie, ou qui prophétise, n’ayant point la tête couverte, déshonore sa tête », il ne s’arrête pas là, mais il ajoute : « Car c’est comme si elle était rasée ». S’il est toujours honteux, pour une femme, d’avoir la tête rasée, il est évident que c’est une honte pour elle que d’avoir toujours la tête découverte.

4. Et l’apôtre ne s’est pas contenté de ces paroles, mais il ajoute encore : « La femme doit porter sur sa tête, à cause des anges, la marque de la puissance que l’homme a sur elle (10) ». Il montre ainsi que ce n’est pas seulement dans le temps de la prière, mais toujours, que la femme doit être voilée. En ce qui concerne l’homme, ce n’est pas du voile qu’il s’occupe, mais de la chevelure ; il ne veut pas qu’il ait la tête couverte, mais cette défense ne regarde que le temps de la prière. Quant à la longue chevelure, elle lui est toujours défendue. Aussi, après avoir dit de la femme : « Si une femme ne se voile point la tête, elle devrait donc avoir aussi les cheveux coupés » ; il dit, en parlant de l’homme : « S’il porte de longs cheveux, il se déshonore » ; il ne dit pas : S’il se couvre la tête, mais : « S’il porte de longs cheveux ». Voilà pourquoi il dit en commençant : « Tout homme qui prie, ou qui prophétise, ayant quelque chose sur la tête » ; il ne dit pas : Ayant la tête couverte, mais : « Ayant quelque chose sur la tête », montrant que, fût-il la tête nue, dans le moment de la prière, s’il a une chevelure trop longue, c’est comme s’il avait la tête couverte. « Car la chevelure », dit-il, « a été donnée à la femme comme un voile ; si une femme ne se voile point la tête, elle devrait donc avoir aussi les cheveux coupés. Mais s’il est honteux à une « femme d’avoir les cheveux coupés, ou d’être « rasée, qu’elle se voile la tête ». D’abord, il demande seulement qu’elle n’ait pas la tête nue ; il va plus loin ensuite, et lui fait entendre qu’elle ne doit jamais l’avoir nue, par ces paroles : « C’est comme si elle était rasée » ; elle doit se tenir toujours couverte et avec le plus grand soin. Il ne veut pas seulement qu’elle soit voilée, mais tout à fait voilée, enveloppée de toutes parts. Après avoir montré tout ce qu’il y a d’indécent dans une tête découverte, il fait honte à la femme, il lui inflige cette réprimande si vive : « Si une femme ne se voile point la tête, elle devrait