Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/479

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donc avoir aussi les cheveux coupés ». Si vous rejetez le voile, dit l’apôtre, que Dieu vous a donné, rejetez donc aussi le voile de la nature. On objectera : comment serait-ce une honte pour la femme de s’élever à la gloire de l’homme ? Nous répondrons, nous, qu’elle ne s’élève pas, qu’elle, tombe, qu’elle se dégrade de ses propres honneurs ; car outrepasser ses limites, les lois reçues de Dieu, les transgresser, ce n’est pas ajouter à ses prérogatives, c’est les diminuer. De même que celui qui désire le bien d’autrui, et qui emporte ce qui ne lui appartient pas, ne devient pas plus riche, mais s’appauvrit, et perd ce qu’il possédait, ce qui est arrivé à propos du paradis, de même la femme ne conquiert pas la prérogative de l’homme, elle perd l’honneur de la femme ; et son infamie ne résulte pas, pour elle, seulement de cette conduite, mais encore de sa convoitise. Aussi, quand l’apôtre a bien rappelé ce que tout le monde regarde comme une honte, quand il a dit : « S’il est honteux à une femme, d’avoir les cheveux coupés ou d’être rasée », il exprime sa pensée à lui par ces mois : « Qu’elle se voile la tête ». Il ne dit pas : Qu’elle laisse croître sa chevelure, mais : « Qu’elle se voile ». Ces deux préceptes ; il les fonde sur une seule et même loi ; il les confirme l’un par l’autre, et par ce qui est généralement établi, et, par les contraires. Le voile et la chevelure pour lui, c’est tout un ; et, de même, c’est la même chose pour la femme, d’être rasée et d’avoir la tête nue. « Car c’est, », dit-il, « comme si elle était rasée ». On objectera : comment est-ce la même chose d’avoir, pour se couvrir, ce que la nature donne, et d’être rasée, de ne l’avoir pas ? Nous, répondrons : que, par le fait de sa volonté, la femme a abandonné même le voile naturel par cela même qu’elle a la tête nue ; si elle a encore des cheveux, elle les doit à la nature et non à sa volonté ; c’est pourquoi la femme rasée a la tête nue ; et l’autre, également. Dieu a permis à la nature de couvrir la tête de la femme, afin que la femme instruite par la nature se, couvrît d’un voile.

L’apôtre rend ensuite raison de ses ordonnances comme s’adressant à des hommes libres. Cette explication, quelle est-elle ? « L’homme ne doit point se couvrir la tête, parce qu’il est l’image et la gloire de Dieu. (7) ». Encore une autre raison : ce n’est pas, seulement parce qu’il a pour chef le Christ, qu’il ne doit pas se couvrir la tête ; c’est aussi parce qu’il commande à la femme. Un prince qui s’approche d’un souverain, doit avoir le signe de sa principauté ; aucun prince n’oserait paraître sans ceinture, sans manteau, devant celui qui porte le diadème. Gardez-vous, à votre tour, de négliger le signe de votre principauté, qui consiste à avoir la tête découverte, lorsque vous priez Dieu ; vous vous feriez affront à vous-mêmes, et à celui qui vous a conféré votre honneur. On peut en dire autant de la femme ; car c’est, pour elle aussi, une honte, de ne pas avoir les signes de sa sujétion. « Au lieu que la femme est la gloire de l’homme ». L’autorité, de l’homme est fondée en nature. Après ces raisonnements, ces explications, il en propose encore d’autres ; il vous fait remonter aux premiers jours de la création ; car l’homme n’a point été tiré de la femme, « mais la femme, a été, tirée de l’homme (8) ». Or, si l’extraction est un sujet de gloire pour l’être dont on est tiré, la gloire est encore augmentée si l’être est l’image de celui de qui il est tiré ; « car l’homme n’a point été créé pour la femme, mais la femme, pour l’homme, (9) ». Voilà la seconde raison de l’excellence de l’homme sur la femme, disons mieux, la troisième et la quatrième raison. Première raison : le Christ est notre chef, et nous sommes le chef de la femme ; seconde raison : nous sommes, la gloire de Dieu, et la femme est notre gloire ; troisième raison : ce n’est pas nous qui sommes tirés de la femme, mais c’est elle qui est tirée de nous ; quatrième raison : ce n’est pas nous qui sommes faits pour elle, mais c’est elle qui est faite pour nous. « C’est, pourquoi la femme doit porter sur sa tête, à cause des anges, la marque de la puissance que l’homme a sur elle (10) », « C’est pourquoi » : Pour quelle raison, répondez-moi ? Pour toutes les raisons qui ont été dites, ou plutôt, ce n’est pas seulement pour toutes ces raisons, mais « à cause des anges » ; si vous ne respectez pas votre mari, ô femme, respectez au moins les anges.

5. Ainsi, ce voile que vous mettez sur votre tête est la marque de la sujétion à une autorité, elle vous force à abaisser vos regards, à conserver la vertu qui vous est propre ; la vertu propre, l’honneur d’un sujet, c’est de rester dans l’obéissance. L’homme n’y est pas contraint, car il est, l’image de Dieu même ; la