Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/481

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

outre la petite réprimande qu’il leur fait ainsi, considérons qu’il les rappelle efficacement à eux-mêmes, et ces paroles ajoutent de la gravité à son discours. Ce n’est pas là, dit-il, notre coutume, nous n’aimons pas à disputer, à quereller, à contredire. Et il ne s’arrête pas là, à ces mots : « Ce n’est pas là notre coutume », il ajoute encore : « Ni celle de l’Église de Dieu », montrant par là que ces contradicteurs sont les adversaires opiniâtres du monde entier ; mais quelles qu’aient été les contestations des Corinthiens, aujourd’hui le monde entier a reçu cette loi et l’a conservée : telle est la puissance du Crucifié.
6. Mais j’ai peur que, tout en conservant la modestie extérieure, certaines femmes ne se laissent aller à des actions honteuses, et ne se découvrent d’une autre manière. Aussi, Paul, écrivant à Timothée, ne s’est pas contenté de ces paroles, il ajoute : « Que les femmes prient, étant vêtues comme l’honnêteté le demande, et non avec des cheveux frisés, ni des ornements d’or ». (1Tim. 2,9) C’est qu’en effet, s’il ne faut pas avoir la tête nue, s’il convient de montrer partout le signe de la sujétion, c’est surtout par les œuvres qu’il faut faire voir ce signe ; c’est ainsi qu’à n’en pas douter les femmes des premiers âges appelaient leurs maris leurs maîtres et leur cédaient l’autorité. C’est qu’aussi, me répondra-t-on, ils aimaient leurs femmes ; je le sais bien, je ne l’ignore pas. Mais lorsque nous vous avertissons de vos devoirs, vous n’avez pas besoin de considérer les devoirs des autres. Quand nous exhortons les enfants, et que nous leur disons d’obéir à leurs parents, attendu qu’il est écrit : « Honorez votre père et votre mère », ils nous répondent : dites-nous donc aussi ce qui vient après : « Et vous, pères, n’irritez point vos enfants ». (Eph. 6,4) Et quand nous disons aux esclaves, qu’il est écrit qu’ils doivent obéir à leurs maîtres, et ne pas se contenter de les servir en leur présence (Col. 3,32) ; les esclaves, à leur tour, exigent de nous la suite du texte, en nous disant de faire des recommandations à leurs maîtres ; car, nous disent-ils, Paul a prescrit aux maîtres de se relâcher de leurs menaces.
N’agissons pas de cette manière, ne recherchons pas les préceptes donnés aux autres, lorsque c’est nous qui sommes accusés. Vous aurez beau prendre un coaccusé, vous n’en serez pas, pour cela, moins coupables. Ne considérez qu’une chose, comment vous saurez vous purger des accusations dirigées contre vous. Adam rejetait la faute sur la femme, et celle-ci, à son tour, sur le serpent. Mais ce moyen n’a en rien servi à les absoudre. Laissons donc là toutes ces raisons ; mais applique-toi, de tout ton cœur, femme, à rendre à ton mari ce que tu lui dois. Aussi bien, quand je m’adresse à ton mari, quand je lui dis de te chérir, de prendre soin de toi, je ne lui permets pas de me produire la loi qui concerne la femme, mais j’exige de lui la pratique de la loi qui le concerne. Par conséquent ménage toute ton activité pour les devoirs qui te regardent, et sois complaisante pour ton mari. Si c’est en vue de Dieu que tu veux plaire à ton mari, tu ne me rappelleras pas ses devoirs à lui, ce sont les devoirs à toi imposés par le législateur, que tu dois surtout pratiquer avec le plus grand soin. Ce qui prouve en effet le mieux l’obéissance à la loi de Dieu, c’est, quelles que soient les contrariétés qu’on éprouve, de ne jamais la transgresser. Aimer qui vous aime, ce n’est pas là une grande vertu ; mais servir celui qui vous hait, voilà ce qui mérite toutes les couronnes. Eh bien, fais ce raisonnement en toi-même, ô femme, si tu supportes un mari incommode, tu recevras une splendide couronne ; si au contraire ton mari est doux et bon, quelle récompense Dieu te donnera-t-il ? Et ce que j’en dis, ce n’est pas pour conseiller aux maris de devenir des êtres hargneux, mais je voudrais persuader aux femmes de supporter même les maris hargneux. Et en effet, que chacun s’applique à bien faire ce qui le regarde, le prochain tout de suite en fera autant. Par exemple : une femme est bien disposée à supporter un mari difficile, un mari ne fait pas affront à une femme importune, alors c’est la parfaite sérénité ; c’est un port sans agitation ; c’est ainsi que vivaient les anciens. Chacun faisait son devoir, sans exiger que le prochain fît le sien.
Abraham prit avec soi le fils de son frère ; sa femme n’y trouva rien à redire ; il ordonna à sa femme de faire un long voyage ; elle n’y contredit en rien, elle le suivit. Ce n’est pas tout : après tant de fatigues, et de labeurs, et de sueurs, quand il fut devenu riche, il fit la plus belle part à Lotit, et Sara, non seulement ne se fâcha pas, mais ne souffla pas le mot ; elle ne dit rien de ce que crient sur tous