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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/482

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les tons, tant de femmes d’aujourd’hui, lorsque les moisis bien partagés, dans des affaires de ce genre, ce sont leurs maris à elles, surtout quand elles les voient ainsi traités par des inférieurs, elles leur font des reproches, elles les appellent des niais, des stupides, des sans-cœur, des traîtres, des lourdaux. Sara ne dit rien, ne pensa rien de pareil, elle approuva tout ce qu’il avait fait. Et, ce qui est plus généreux encore, après que Loth eût été mis en mesure de choisir dans le partage, et qu’il eût donné à son oncle la plus petite part, et que ce même Loth courût un grand danger, à cette nouvelle, le patriarche arma tous les siens et s’apprêta à marcher contre toute l’armée des Perses, n’ayant avec lui que les gens de sa maison. Eh bien ! alors elle ne le retint pas, elle ne lui dit pas, ce qu’elle aurait pu lui dire : où allez-vous ? Vous courez aux précipices ; vous allez affronter de si grands dangers pour un homme qui vous a fait outrage, qui vous a ravi tous vos biens ? Vous allez verser votre sang ? Si vous ne pensez pas à vous-même, pensez à moi du moins, qui ai abandonné ma maison, ma patrie, mes amis, mes parents ; qui vous ai suivi dans un si long voyage. Ayez pitié de moi, ne me jetez pas dans le veuvage, dans tous les malheurs dont le veuvage est accompagné. Elle ne dit rien de pareil ; elle ne pensa rien – de pareil, elle souffrit tout en silence. Et, plus tard, lorsqu’elle demeure stérile, elle ne montre aucun des sentiments que font paraître les femmes en ces circonstances ; elle ne pousse pas de lamentations. Il pleure, lui, non pas en présence de son épouse, mais en présence de Dieu, et, voyez, comme l’époux et l’épouse font chacun leur devoir. Abraham ne méprise pas Sara, parce qu’elle est stérile, il ne lui fait, pour cette raison, aucun reproche : celle-ci, de son côté, s’ingénie à consoler Abraham de cette privation, par le moyen de sa servante. Dans ces temps anciens, ces choses-là n’étaient pas défendues, comme elles le sont aujourd’hui. Aujourd’hui, en effet, il n’est pas permis aux femmes de pousser jusque-là la complaisance pour leurs maris, et ceux-ci ne doivent pas au su ou à l’insu de leurs femmes, recourir à de pareils commerces, si grande que soit leur douleur de n’avoir pas d’enfants. Car ils entendraient, à leur tour, ces paroles : « Leur ver ne mourra point, leur feu ne s’éteindra point ». (Mc. 9,45) En effet, ces choses-là, aujourd’hui, ne sont plus permises ; mais alors la défense n’existait pas. Et voilà pourquoi son épouse lui donna ce conseil ; et il lui obéit, et il ne fit rien pour le plaisir. Mais voyez donc, me dira-t-on, comment sur l’ordre de Sara il chassa la servante. C’est justement ce que je veux vous montrer : en toutes choses, il lui obéissait, et elle, à lui.
7. D’ailleurs, ne faites pas seulement attention à ce renvoi, ô femmes, mais considérez donc, puisque vous en parlez, quels outrages la servante faisait à sa maîtresse, avec quelle insolence elle s’élevait contre elle, et que peut-il y avoir de plus insupportable, pour une femme libre et honnête ? Il ne faut pas que la femme attende la vertu de son mari ; pour faire paraître la sienne ; il n’y aurait rien de grand dans cette conduite. Le mari ne doit pas non plus attendre la sagesse de sa femme pour montrer qu’il est sage ; il n’y aurait rien de raisonnable dans cette conduite, mais chacun d’eux, comme je l’ai dit, doit faire ce qui le regarde. Si, en effet, vous devez, aux étrangers qui vous frappent la joue droite, présenter la joue gauche, à bien plus forte raison convient-il qu’une femme supporte la brutalité de son mari. Je ne dis pas, pour cela, que les maris doivent battre leurs femmes, c’est là la dernière ignominie, non pour celle qui est frappée, mais pour celui qui la frappe. Mais si,-par hasard, ô femme, tu as en partage un époux de ce genre, résigne-toi, dans la pensée de la récompense qui t’est réservée, et de l’estime qui t’accompagne en cette vie.- Et maintenant, ô mari, voici ce que je vous dis : Il ne doit jamais y avoir pour vous de faute qui vous force à frapper votre épouse. Et que dis-je, votre épouse ? Frapper une servante, lever la main sur elle, cela n’est pas supportable, de la part d’un homme libre. Si c’est une grande honte pour un homme que de frapper une servante, à bien plus forte raison, de lever la main sur une femme libre. C’est ce que l’on peut voir dans les législateurs du monde : la femme qui a souffert un pareil traitement, n’est pas forcée d’habiter avec celui qui la frappe, qui est indigne de partager son sort. Et, en effet, c’est de la dernière iniquité que de faire subir à la compagne de sa vie, qui depuis longtemps vous sert dans les nécessités de l’existence, l’infâme traitement des esclaves.
Aussi je dirai qu’un tel homme, si toutefois le nom d’homme lui convient, s’il ne faut pas