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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/49

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ce que cela : « Ils furent remplis ? » C’est-à-dire : ils furent embrasés par l’Esprit ; car c’était la grâce qui brûlait en eux. « Et ils annonçaient avec confiance la parole de Dieu. Or, la multitude des fidèles n’avait qu’un cœur et qu’une âme ». Voyez-vous qu’avec la grâce de Dieu ils faisaient encore tout ce qui dépendait d’eux ? c’est ce qu’il faut remarquer partout, qu’avec la grâce de Dieu, ils déploient tout ce qui est en eux ; ce qui fait dire à Pierre : « Je n’ai ni or ni argent ». Ainsi ce qui a été dit plus haut : que tous étaient « dans le même sentiment » est répété ici : « La multitude des fidèles n’avait qu’un cœur et qu’une âme ». Après avoir dit qu’ils furent exaucés, l’écrivain fait voir leur vertu. En effet, il est sur le point d’aborder l’histoire de Sapphire et d’Ananie : et avant de raconter leur crime, il parle d’abord de la vertu des autres. Dites-moi, je vous prie, est-ce la charité qui produit le désintéressement, ou le désintéressement qui produit la charité ? Il me semble que la charité produit le désintéressement qui resserre davantage ses liens. Écoutez ce qui est dit : « Tous n’avaient qu’un cœur et qu’une âme ». Mais le cœur et l’âme sont la même chose. « Aucun d’eux n’appelait sien ce qu’il possédait, mais tout était en commun parmi eux. Et les apôtres rendaient avec une grande force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus-Christ ». L’auteur s’exprime comme s’il s’agissait d’une mission à remplir par eux ou d’une dette à payer ; c’est-à-dire ils rendaient à tous avec liberté témoignage du royaume de Dieu. « Aussi, une grande grâce était en eux tous ; car il n’y avait point d’indignes parmi eux ». C’était comme dans la maison paternelle où tous les enfants sont égaux. Et on ne pouvait pas dire qu’ils nourrissaient les autres, quoique telles fussent leurs dispositions. Mais la merveille était que, renonçant à toute propriété, ils semblaient les nourrir, non plus de leurs biens particuliers, mais du bien commun. « En effet, tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, en apportaient le prix, et le déposaient aux pieds des apôtres, et on distribuait à chacun selon ses besoins ». C’était un grand honneur que le prix fût déposé, non dans les mains, mais aux pieds des apôtres « Or, Joseph, surnommé par les apôtres Barnabas, ce qui est interprété fils de Consolation ».
Il ne me semble pas que ce soit le Joseph dont est question à propos de l’élection de l’apôtre Mathias : lequel s’appelait Joseph Barsabas, et fut ensuite surnommé le Juste. Celui-ci a reçu des apôtres le surnom de Barnabas, fils de Consolation. Ce surnom me paraît lui avoir été donné à cause de sa vertu, comme s’il eût eu une disposition particulière à consoler. « Lévite, cypriote d’origine, ayant un champ, le vendit, en apporta le prix et le déposa aux pieds des apôtres ».
2. Observez ici, je vous prie, comment il fait voir que là loi est annulée, comment il nous dit : « Lévite, cypriote d’origine ». En changeant de patrie, les lévites gardaient donc leur nom. Mais reprenons ce qui a été dit plus haut. « Ayant été renvoyés, ils vinrent près des leurs et leur racontèrent tout ce que leur avaient dit les princes des prêtres et les anciens ». Voyez l’humilité et la sagesse des apôtres. Ils ne vont point çà et là se vanter et dire comment ils ont réfuté les prêtres ; ils ne cherchent pas dans leurs récits la vaine gloire, mais ils retournent vers les leurs et racontent simplement ce que les anciens leur ont dit. Par là, nous apprenons qu’ils ne se sont point jetés témérairement dans les épreuves, mais qu’ils les ont soutenues avec courage quand elles se sont présentées. Tout autre, appuyé sur la multitude, aurait peut-être dit des injures, proféré mille choses pénibles à entendre. Il n’en est pas ainsi de ces sages ils font tout avec douceur et calme. « Ayant entendu cela, ils élevèrent tous ensemble la voix vers Dieu ». C’est le cri de la joie et d’une grande ferveur. Voilà les prières efficaces ; celles qui sont pleines de sagesse, qui ont de tels objets, qui partent de telles sources, qui se font en de telles circonstances et de telle manière ; les autres sont maudites et impures. Voyez comme il n’y a rien de superflu : ils ne parlent que de la puissance de Dieu ; ou plutôt, comme le Christ disait aux Juifs : « Si je parle dans l’Esprit de Dieu », de même les disciples parlent « par le Saint-Esprit ». Et voilà que le Sauveur aussi parle dans l’Esprit. Mais écoutez ce qu’ils disent : « Seigneur Dieu, qui avez dit par la bouche de votre serviteur David : Pourquoi les nations ont-elles frémi ? » L’usage de l’Écriture est de parler d’une seule chose comme si elle parlait de plusieurs. Ils veulent donc dire : Ils ont été impuissants ; mais vous, vous avez tout fait, vous qui dirigez et menez toute chose