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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/50

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à bon terme, vous l’habile et le sage par excellence, vous qui vous servez de vos ennemis pour accomplir vos desseins. Ils parlent de l’habileté et de la sagesse de Dieu pour montrer que c’était bien en qualité d’ennemis et d’adversaires et dans des vues homicides que les Juifs s’étaient ligués ; mais, ô Dieu ! la conjuration n’a pas eu d’autre résultat que l’accomplissement de vos desseins, « de tout ce qui avait été décrété par a votre main et par votre conseil ». Qu’est-ce à dire : « Par votre main ? » Votre main signifie ici, ce me semble, votre puissance et votre volonté. Il suffit, dit-il, que vous ayez voulu ; car ce n’est pas la puissance qui prévoit. « Par « votre main » veut donc dire : tout ce que vous avez commandé ou tout ce que vous avez fait. Comme alors ils n’ont formé que de vains projets, faites qu’il en soit de même encore aujourd’hui.
« Et donnez à vos serviteurs », c’est-à-dire que leurs menaces n’aient pas d’effets. Et ils font cette prière, non pour détourner d’eux les périls, mais en faveur de la prédication. En effet, ils ne disent pas : arrachez-nous aux dangers. Que disent-ils donc ? « Donnez à vos serviteurs d’annoncer votre parole en toute liberté ». Vous qui avez mené ces choses à bon terme, menez-y encore celles-ci. « Que vous avez consacré par votre onction ». Voyez comme dans leur prière ils font la part de la passion du Christ ; comme ils lui rapportent tout et lui attribuent la liberté dont ils jouissent ! Voyez-vous aussi comme ils demandent tout pour Dieu et rien par ambition et pour leur propre gloire ? De leur part, ils promettent de ne point se laisser effrayer ; mais ils demandent des signes. « En étendant votre main pour que des guérisons, des miracles et des prodiges s’opèrent ». Bien : sans cela, en effet, déployassent-ils une immense ardeur, ils n’aboutiraient à rien. Dieu exauça leur prière, et le prouva en ébranlant le lieu où ils étaient. « Après qu’ils eurent prié, le lieu fut ébranlé ». Et pour vous convaincre que telle était la cause de ce mouvement, écoutez le prophète : « Lui qui regarde la terre et la fait trembler » ; et encore : « La terre a été ébranlée à l’aspect de Dieu, à l’aspect du Dieu de Jacob ». (Ps. 103,32 ; 113, 7) Et Dieu fait cela pour imprimer une plus grande terreur, pour les fortifier après les menaces et leur inspirer une plus grande liberté. En effet, c’était au commencement ; ils avaient besoin de signes sensibles pour opérer la foi : ce qui ensuite ne se reproduisit plus. Ils retirèrent donc une grande consolation de leur prière.
Ils ont raison de demander la grâce des miracles ; autrement, ils n’eussent jamais pu démontrer la résurrection. Ils ne demandaient pas seulement un motif de sécurité pour eux, mais encore à ne pas être couverts de confusion et à pouvoir parler en liberté. Le lieu fut ébranlé, mais ils n’en furent que plus affermis. C’est quelquefois un signe de colère, quelquefois un signe de visite et de providence ; ici, c’est un signe de colère. Lors de la passion du Sauveur, le fait se produisit d’une manière étrange et surnaturelle ; car alors toute la terre fut ébranlée. Et le Sauveur lui-même avait dit : « Il y aura des famines et des pestes et des tremblements de terre en divers lieux ». Du reste, c’était aussi un signe de colère contre les Juifs : mais il remplit les apôtres de l’Esprit. Voyez ! c’est après la prière que les apôtres sont remplis de l’Esprit. « Et la grâce était grande en eux tous : car il n’y avait point de pauvre parmi eux ». Vous voyez que la puissance de l’Esprit était grande où et quand il le fallait. Il s’agit encore de la question des biens, qu’il rappelle une seconde fois pour porter au mépris des richesses. Plus haut, il a dit : « Nul ne regardait comme étant à lui rien de ce qu’il possédait » ; ici il dit : « Qu’il n’y avait point de pauvre parmi eux ».
3. Et ce n’était pas là uniquement l’effet des miracles, mais aussi de leur volonté, comme le prouve l’histoire de Sapphire et d’Avanie. Ils rendaient témoignage de la résurrection non seulement par la parole, mais aussi par la vertu, selon ce que dit Paul : « Ma prédication a consisté, non dans les paroles persuasives de la sagesse humaine ; mais dans la manifestation de l’Esprit et de la vertu », non seulement de la vertu, mais d’une grande vertu. Il a raison de dire : « La grâce était en eux tous ». C’était la grâce parce qu’il n’y avait pas de pauvres ; c’est-à-dire il n’y avait point de pauvres à cause de la générosité de ceux qui donnaient. Car ils ne donnaient pas une partie pour conserver l’autre ; ou encore ils ne donnaient pas le tout comme étant leur bien propre. Toute inégalité avait disparu, ils vivaient dans une grande abondance ; et ils donnaient en témoignant leur respect pour les