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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/491

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recommence pas ; purifie ta droite, ta langue, les lèvres qui ont servi d’entrée au Christ, venant vers toi. Assis à la table des sens, reporte ta pensée à cette table auguste, à la cène du Seigneur, à la veille passée par ses disciples dans cette nuit si sainte. Je me trompe, à vrai dire, c’est l’heure présente qui est la nuit. Veillons donc avec le Seigneur ; frappons-nous la poitrine avec les disciples ; c’est le temps des prières et non de l’ivresse ; c’est le temps, toujours, et surtout pendant les fêtes ; car si des fêtes sont instituées, ce n’est pas pour mener une conduite honteuse, ce n’est pas pour accumuler les péchés, mais, au contraire, pour effacer ceux que nous avons commis. Et je sais bien que mon discours est inutile, mais je n’en continuerai pas moins mon discours. Vous ne l’écouterez pas tous, mais vous ne serez pas tous à le repousser. Et quand vous seriez tous à le repousser, eh bien, ma récompense n’en sera que plus belle, et, pour vous, le jugement plus à craindre. Ce n’est pourtant pas afin de rendre le jugement plus redoutable pour vous que je tiens à continuer mon discours ; peut-être, oui, peut-être, à force d’insister, je toucherai le but. Voilà pourquoi je vous conjure de ne pas attirer, sur nous, notre jugement, notre condamnation. Nourrissons le Christ, donnons-lui à boire, donnons-lui des vêtements. Voilà ce qui est digne de cette table auguste. Avez-vous entendu les hymnes sacrées ? Avez-vous vu les noces spirituelles ? Avez-vous été reçus à la table royale ? Avez-vous été remplis de l’Esprit-Saint ? Vous êtes-vous mêlés au chœur des séraphins ? Avez-vous été confondus parmi les puissances d’en haut ? Ne rejetez pas loin de vous une joie si grande. Ne gaspillez pas votre trésor ; n’attirez pas sur vous l’ivresse, cette joie du démon, cette mère de maux sans nombre. De là, un sommeil semblable à la mort ; de là, des assoupissements, des maladies, l’esprit n’ayant plus de souvenirs, l’image de la mort. Remplis de vin, vous n’oseriez pas vous entretenir avec un ami ; et, quand vous portez le Christ au dedans de vous, vous osez, je vous le demande, répandre sur lui une telle ivresse ?
Mais, vous aimez les délices de la vie ? Eh bien donc, finissez-en avec l’ivresse. Ce que je veux pour vous, ce sont les vraies délices, qui ne se flétrissent jamais. Quelles sont-elles ces vraies délices, toujours en fleurs ? Invitez le Christ à votre repas ; partagez, avec lui, vos biens, ou plutôt les siens, voilà ce qui renferme le plaisir inépuisable, la volupté toujours en fleurs. Ce ne sont pas là les délices des sens ; à peine se sont-elles montrées qu’elles se sont évanouies. Qui s’y est livré, n’est pas plus heureux que celui qui ne les a pas éprouvées ; au contraire, sa condition est pire ; l’un est comme assis dans un port tranquille ; l’autre affronte un torrent, des maladies qui l’assiègent, et impossible à lui de supporter cette tempête. Prévenons ces malheurs ; attachons-nous à la tempérance ; c’est ainsi que nous aurons la santé du corps, et que notre âme sera en sûreté, à l’abri des maux présents, et à venir. Puissions-nous tous en être délivrés, et conquérir le royaume du ciel, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, l’empire, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXVIII.


{{sc|QUE L’HOMME DONC S’ÉPROUVE SOI-MÊME, AVANT