Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/492

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE MANGER DE CE PAIN ET DE BOIRE DE CE CALICE. (CHAP. 11, VERS. 28, JUSQU’À LA FIN DU CHAP)}}

ANALYSE.

  • 1. De la nécessité de s’éprouver soi-même avant de manger le pain de vie et de boire le calice du Seigneur.
  • 2. Pourquoi les pécheurs ne sont pas tous présentement punis. – Les fidèles, assemblés pour manger, doivent s’attendre les uns les autres.
  • 3-5. Contre l’excès de la douleur dans le deuil. – Développement curieux, à l’adresse des femmes. – En opposition, la sublime résignation de Job au sein des plus cruelles douleurs.


1. Que signifient ces paroles, quand le sujet proposé est tout autre ? C’est l’habitude de Paul, je l’ai déjà dit, non seulement de traiter le sujet qu’il s’est proposé, mais, s’il se présente incidemment quelqu’autre pensée, de la suivre avec une grande ardeur, surtout quand il s’agit de choses tout à fait nécessaires, urgentes. En effet, quand il s’agissait des personnes mariées, et qu’il se trouva à parler des serviteurs, il traita cette question incidente avec une grande force et beaucoup de développements. Et, quand il s’étendait sur cette vérité, que l’on ne doit pas disputer en justice, l’occasion se présentant d’adresser à l’avarice des exhortations, il développa ses pensées sur ce point. C’est ce qu’il fait encore en ce moment. Une fois qu’il s’est vu engagé à parler des mystères, il a jugé qu’il était nécessaire de traiter à fond cette question à cause de son importance, et, de là, ces exhortations, faites pour inspirer la terreur, et ce discours qui prouve que le premier des biens c’est de s’approcher de la table sainte avec une conscience pure. Il ne lui suffit plus de ce qu’il avait dit auparavant, il ajoute : « Que l’homme donc s’éprouve soi-même » ; c’est ce qu’il dit aussi, dans la seconde épître : « Sondez-vous vous-mêmes, éprouvez-vous vous-mêmes ». Ce n’est pas ce que nous faisons aujourd’hui, où ce qui nous détermine, c’est plutôt la circonstance de temps, que l’ardeur de notre volonté. En effet, nous ne nous appliquons pas à nous préparer, à nous purifier, à nous pénétrer de componction, avant de nous approcher, mais nous venons parce que c’est un jour de fête, et parte que tous en font autant.
Mais ce n’est pas là ce que conseillait Paul ; il ne reconnaît qu’un temps où il convienne de s’approcher, de communier ; c’est lorsque notre conscience est pure. Si jamais nous ne prenons notre part des tables de ce monde, lorsque nous avons la fièvre ou que nous sommes travaillés par nos humeurs ; si nous nous abstenons par raison de santé, à bien plus forte raison, devons-nous nous abstenir de cette table auguste, quand nous sommes travaillés par nos mauvais désirs, plus funestes que toutes les fièvres. J’entends par mauvais désirs, les passions du corps, les désirs d’argent, les colères, les rancunes, en un mot toutes les passions dépravées et désordonnées. Il faut dépouiller tout cela, quand on s’approche des mystères, quand on veut participer à ce sacrifice si pur ; il ne suffit pas d’une volonté indolente, de dispositions misérables, de cette considération que c’est un jour de fête, et de venir forcément ; il ne faut pas, non plus, que la componction d’une âme bien préparée s’abstienne parce que l’on n’est pas dans un jour de fête. Ce qui constitue la fête, c’est l’abondance des bonnes œuvres ; c’est la piété, c’est l’application à tous ses devoirs ; réunissez ces conditions, vous pourrez célébrer une fête perpétuelle, et vous approcher toujours ; de