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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/494

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et la géhenne, et ce tribunal horrible, et la nécessité de l’enquête, de la punition à venir ; car si les fidèles, si ceux dont le Seigneur prend soin ne doivent pas obtenir l’impunité de leurs fautes, comme le prouvent les douleurs présentes, à bien plus forte raison les infidèles et ceux qui commettent de grands crimes et dont la conscience est incurable. « C’est pourquoi, mes frères, quand vous vous assemblez pour manger, attendez-vous les uns les autres (33) ». Il profite de la crainte encore vive de l’enfer, du tremblement qu’elle leur cause, pour les avertir une seconde fois de ce qu’ils doivent aux pauvres. Voilà pourquoi il a fait tout ce discours, il a voulu leur montrer que le mépris pour les pauvres, les rend indignes de la communion ; que si le refus de répandre largement l’aumône suffit pour écarter de cette table, à bien plus forte raison le vol et le rapt. Et l’apôtre ne dit pas C’est pourquoi lorsque vous vous rassemblez, donnez aux indigents ; mais, ce qui était plus délicat. « Attendez-vous les uns les autres ». Ce conseil en effet préparait, renfermait l’autre, rendait l’avertissement plus convenable. L’apôtre se remet ensuite à les confondre : « Si quelqu’un est pressé de manger, qu’il mange chez lui (34) ». Cette permission était plus éloquente pour retenir qu’une défense formelle ; cette manière d’exclure de l’Église, de renvoyer le coupable chez lui ; est un moyen adroit pour lui infliger une vigoureuse réprimande, et de le ridiculiser comme un esclave de son ventre, qui ne saurait attendre pour manger. L’apôtre ne dit pas : Si quelqu’un méprise les pauvres, mais : Si quelqu’un est pressé de manger. Il a l’air de s’adresser à des enfants qui ne savent pas endurer la faim, à des brutes esclaves de leur ventre ; c’eût été chose absolument ridicule que le pressant désir de manger les eût retenus chez eux.
L’apôtre y joint encore une réflexion terrible : « Afin que vous ne vous assembliez pas pour votre condamnation ». Afin que vous ne vous exposiez pas au châtiment, au supplice, en insultant l’Église, en faisant rougir votre frère. Si vous vous rassemblez, dit-il, c’est pour vous prouver une affection mutuelle, pour recevoir et vous prêter assistance. Si le contraire doit arriver, mieux vaudrait manger chez vous. Ce qu’il ne disait que pour mieux les attirer. Voilà pourquoi il montre le grand tort qu’ils se font et la gravité de leur faute ; par tous les moyens il les effraye, par les mystères, par les maladies, par les morts, par tout ce qui a été dit précédemment. Ensuite, il les effraye encore d’une autre manière. Il leur dit : « Je réglerai les autres choses lorsque je serai venu ». Saint Paul parle ici ou de ce qu’il vient de marquer, ou de quelque autre chose. Il est vraisemblable qu’ils lui avaient soumis d’autres questions, et que l’apôtre n’avait pas pu faire entrer toutes les décisions dans sa lettre. Observez en attendant, dit-il, les avis que je vous ai donnés ; maintenant si vous avez quelqu’autre chose à me dire, réservez-le pour mon arrivée. Il entend par là, comme je l’ai dit, ou la question présente ou quelques autres qui ne pressaient pas autant. Or, ce qu’il fait ici, c’est pour les rendre plus appliqués, attendu que l’inquiétude où ils seraient de son arrivée les porterait à s’amender. En effet, ce n’était pas un petit événement que l’arrivée de Paul, ce qu’il indiquait en ces mots : « Je vous irai voir et je reconnaîtrai quels sont les effets de ceux qui sont « enflés de vanité » ; et encore : « Comme si je ne devais pas aller vous trouver, il y en a parmi vous qui s’enflent de présomption », (1Cor. 4,18) Et dans un autre passage encore. « Comme vous avez toujours été obéissants, ayez soin, non seulement lorsque je « suis présent, mais encore plus en mon ab« sente, d’opérer votre salut avec crainte et a tremblement ». (Phil. 2,12) Il ne promet donc pas de les aller voir uniquement pour affermir leur foi et prévenir leur relâchement, mais il leur marque même une raison pour laquelle il doit nécessairement les aller voir « Je réglerai les autres choses lorsque je serai venu ». Il montre que la nécessité de corriger d’autres désordres, quoique moins pressante ; suffira pour l’attirer auprès d’eux.
3. Puis donc qu’il nous est donné d’entendre toutes ces paroles, prenons grand soin des pauvres, réprimons notre ventre, affranchissons-nous de l’ivresse, appliquons-nous à nous rendre dignes de la participation aux mystères. Tout ce que nous avons à souffrir supportons-le avec résignation et en nous-mêmes et dans les autres : ainsi les morts prématurées, ainsi les maladies interminables. Car c’est ce qui nous affranchit du supplice, c’est ce qui nous corrige, c’est ce qui nous donne le meilleur des avertissements. Qui tient ce langage ? celui qui portait le Christ