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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/501

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Maintenant, il en est une seconde, que l’apôtre indique par ces paroles : « Je vous déclare donc que nul homme, parlant par l’Esprit de Dieu, ne dit anathème à Jésus » ; ensuite, une autre différence encore : « Et que nul ne peut confesser que Jésus est le Seigneur, sinon par le Saint-Esprit (3) ». Quand vous voyez, dit l’apôtre, un homme qui, loin de proclamer le nom de Jésus, lui dit : Anathème, c’est un devin ; au contraire, quand vous voyez un homme qui ne parle qu’au nom de Jésus, vous devez croire que cet homme est animé par l’Esprit. Que penserons-nous donc, me dira-t-on, des catéchumènes car si nul ne peut prononcer le nom de Notre-Seigneur Jésus, que par la grâce de l’Esprit-Saint ; que dirons-nous de ceux qui prononcent bien ce nom, mais sans avoir encore reçu l’Esprit ? Ce n’est pas d’eux que l’apôtre s’occupe en ce moment, il n’y en avait point alors ; il ne parle que des fidèles et des infidèles. Eh quoi, n’y a-t-il aucun démon qui nomme Dieu ? Est-ce que les démoniaques ne disaient pas : « Nous savons que, vous êtes le Fils de Dieu ? » (Mc. 1,24) Est-ce qu’ils ne disaient pas à Paul : « Ces hommes sont des serviteurs du Dieu Très-Haut ? » (Act. 16,17) Mais ils parlaient ainsi sous les coups de fouet ; mais ils étaient forcés ; au contraire, livrés à eux-mêmes et ne subissant pas les coups de fouet, jamais ils ne rendaient ce témoignage. Ici, il peut être à propos de rechercher pourquoi le démon tenait ce langage, et d’où vient que Paul le réprimanda. C’est que Paul imitait son maître ; le Christ aussi réprimanda les démons ; le Christ ne voulait pas de leur témoignage. Pourquoi ? parce que le démon n’agissait ainsi que pour tout confondre, pour arracher, aux apôtres, leur autorité ; pour persuade à la foule de se fier à lui. Si ce malheur fût arrivé, il n’aurait pas été difficile aux démons d’inspirer de la confiance, et ils auraient introduit, parmi les hommes, leur perversité. C’est pour prévenir ce désastre, pour exterminer, dès le commencement, l’imposture, qu’alors même que les imposteurs disent vrai, le Christ leur ferme la bouche, afin que, quand ils diront leurs mensonges, personne ne soit prêt à les croire, afin que tous leurs discours trouvent les oreilles fermées.
Après la distinction entre les devins et les prophètes, après avoir marqué le premier et le second signe qui les distinguent, l’apôtre s’occupe enfin des miracles. Et ce n’est pas sans raison qu’il passe à ce sujet ; il veut faire cesser la discorde qu’a causée la diversité des prérogatives ; il veut persuader, à ceux qui en ont moins, de ne pas s’affliger ; à ceux qui en ont plus, de ne pas s’enorgueillir. Voilà pourquoi il commence ainsi : « Or il y a diversité de dons spirituels, mais il n’y a qu’un même Esprit (4) ». Il s’occupe d’abord de celui qui a un don moins considérable, et qui, pour cette raison, s’afflige. Pourquoi ; lui dit-il, vous tourmentez-vous ? Parce que vous n’avez pas reçu autant qu’un autre ? Mais pensez donc que ceci est un don qu’on vous fait, non une dette qu’on vous paie, et cette pensée vous consolera. Voilà pourquoi l’apôtre s’empresse de dire : « Il y a diversité de dons spirituels ». Il ne dit pas, de signes ni de miracles, mais : « De dons spirituels ». Ce mot « dons » est pour persuader non seulement qu’on ne doit pas s’affliger, mais qu’on doit rendre à Dieu des actions de grâces. Et en outre, dit-il, réfléchissez encore à ceci qu’alors même que votre don est moindre, vous avez cependant été jugé digne de puiser à la même source que celui qui reçoit plus ; vous avez un honneur égal, car vous ne pouvez pas dire qu’il a reçu de l’Esprit, lui, et que vous n’avez reçu que d’un ange ; aussi bien pour vous que pour lui, c’est l’Esprit qui a été donné. Voilà pourquoi l’apôtre ajoute : « Mais il n’y a qu’un même Esprit ».
3. C’est pourquoi, s’il y a différence dans le don, il n’y en a pas dans celui qui l’a fait ; car c’est à la même source que vous avez puisé, vous et l’autre. « Il y a diversité de ministère, mais il n’y a qu’un même Seigneur ». Pour donner une autorité, à là fois plus considérable et plus douce à la consolation, il ajoute : « Et le Fils et le Père (5) ». Et voici qu’il appelle ces dons d’un autre nom, afin de retirer, du changement même de nom, un surcroît de consolation. Voilà pourquoi il dit : « Il y a diversité de ministère, mais il n’y a qu’un « même Seigneur ». En effet, celui qui n’entend parler que de don, et qui reçoit moins, peut avoir sujet de se plaindre ; mais quand il s’agit de ministère, il n’en est pas de même ; car un ministère suppose du travail et des sueurs. Qu’avez-vous donc à vous plaindre, dit l’apôtre, si le Seigneur a commandé à un autre un plus grand travail, et vous a ménagé ? «