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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/502

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 Et il y a diversité d’opérations surnaturelles, mais il n’y a qu’un même Dieu qui opère tout en tous. Or les dons du Saint-Esprit, qui se font connaître au-dehors, sont donnés à chacun pour l’utilité (6, 7) ». Et que signifie « opérations ? » que signifie « dons ? » Va-t-on me demander que signifie « ministère ? » Les noms seuls sont différents ; les choses sont les mêmes. Le don n’est pas autre chose que le ministère, et c’est encore la même chose que l’opération, car l’apôtre dit : « Remplissez votre ministère » (2Tim. 4,5) ; et : « Je glorifie mon ministère » (Rom. 11,13) ; et il écrit à Timothée : « C’est pourquoi je vous, avertis de rallumer ce don de Dieu qui est en vous » (2Tim. 1,6) ; et il écrit encore aux Galates : « Car celui qui a opéré dans Pierre pour le rendre apôtre des circoncis, a aussi opéré en moi, pour me rendre l’apôtre des gentils ». (Gal. 2,8) Voyez-vous comme il ne fait aucune différence entre les dons du Père et du Saint-Esprit ? Ce n’est pas qu’il confonde les personnes ; loin de nous cette pensée, mais il montre l’égalité d’honneur ; car ce qu’accorde la libéralité de l’Esprit, c’est Dieu qui l’opère, et c’est le Fils qui le dispense et le fournit, selon l’apôtre. Si une des personnes était moindre que l’autre, la troisième moindre que la seconde, assurément l’apôtre n’aurait pas disposé ainsi sa consolation ; il ne se serait pas avisé de ce moyen pour consoler celui qui s’afflige.
Et maintenant l’apôtre a encore une autre manière de consoler ; c’est que la mesure même du don est précisément dans l’intérêt de celui qui l’a reçu, quelle qu’en soit l’infériorité. En effet, après avoir dit : « Le même Esprit, le même Seigneur, le même Dieu » ; après avoir ainsi réconforté celui qui se plaint, il ajoute une autre consolation : « Or, les dons du Saint-Esprit, qui se font connaître au-dehors, sont donnés à chacun pour l’utilité ». En effet, on aurait pu dire : que m’importe, que ce soit le même Seigneur, le même Esprit, le même Dieu, si moi j’ai moins reçu ? L’apôtre dit que la mesure même a son utilité. Il entend par ces dons du Saint-Esprit, qui se font connaître au-dehors, les signes miraculeux, et c’est avec raison. En effet, pour moi fidèle, ce qui me prouve qu’un tel possède l’Esprit, c’est qu’un tel a été baptisé ; au contraire, pour l’infidèle, il n’y a aucune preuve que les signes. C’est pourquoi la consolation qui en résulte, n’est pas à dédaigner. Les dons ont beau être divers, la manifestation n’en est pas moins la même. Que vous ayez reçu beaucoup, reçu peu, vous le manifestez également. C’est pourquoi, si vous tenez à montrer que vous possédez l’Esprit, vous possédez suffisamment la preuve qui le manifeste. Puis donc que c’est un seul et même auteur qui accorde les dons, puisque chaque don est gratuit, puisque la manifestation qui le révèle, en découle, puisque la mesure est dans votre plus grand intérêt, gardez-vous de vous plaindre, comme si vous étiez méprisés. Dieu ne veut pas vous faire honte ; ce n’est pas pour vous mettre en état d’infériorité, qu’il agit ainsi envers – vous ; c’est parce qu’il vous ménage, c’est parce qu’il considère votre intérêt. Recevoir un fardeau que l’on ne peut porter, c’est là ce qui est inutile, nuisible, et fait pour causer du chagrin. « L’un reçoit du Saint-Esprit, le don de parler dans une haute sagesse ; un autre reçoit du même Esprit, le don de parler avec science ; un autre reçoit le don de la foi par le même Esprit ; un autre reçoit du même Esprit, la grâce de guérir les maladies (8, 9) ». Voyez-vous partout cette réflexion : « Du même Esprit, parle même Esprit ? » L’apôtre sait bien qu’il en résulte une grande consolation. « Un autre, le don de faire des miracles ; un autre, le don de prophétie ; un autre, le nom du discernement des esprits ; un autre, le don de parler diverses langues ; un autre, le don de l’interprétation des langues (10) ». Ce qui constituait la plus haute sagesse, c’est ce que l’apôtre a exprimé en dernier lieu, et il ajoute : « Or, c’est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses (11) ». Le baume consolateur universel, c’est que tous cueillent les fruits de la même racine, prennent au même trésor, s’abreuvent au même courant. Voilà pourquoi il reprend sans cesse la même observation ; pour effacer l’inégalité apparente, pour consoler. Plus haut, il montre le Saint-Esprit ; le Fils, le Père communiquant leurs dons ; ici, au contraire, il lui suffit de montrer l’Esprit, afin de vous apprendre, par cela même, l’égalité de dignité.
Maintenant, que signifie « le don de parler « dans une haute sagesse ? » C’est le don de Paul, le don de Jean le fils du tonnerre. Qu’est-ce que le don de parler avec science ? c’est le don