Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/510

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

corps était œil, où serait l’ouïe ? et s’il « était tout ouïe, où serait l’odorat (17) ? » L’apôtre en mentionnant la différence des membres, en parlant des pieds, dés mains, des yeux, des oreilles, a fait penser ses auditeurs, au plus, au moins d’importance. Voyez maintenant sa manière de les consoler, en leur montrant la convenance de cet arrangement, et la pluralité et, la diversité contribuant surtout à ce qu’il y ait un corps. Si tous n’étaient qu’une seule et même chose, ils ne seraient pas un seul et même corps ; voilà pourquoi l’apôtre dit : « Si tous les membres n’étaient qu’un seul membre, où serait le « corps (19) ? » Mais cette réflexion ne vient qu’après ; il montre ici une conséquence plus importante, à savoir, non seulement que le corps est impossible, mais que les autres sens eux-mêmes sont impossibles, car « s’il était tout ouïe, où serait l’odorat », dit-il ?
3. Et ensuite, ces réflexions mêmes ne les empêchant pas de se, troubler ; il recommence ici encore ce qu’il a déjà fait : de même que, plus haut, il les consolait par l’utilité, et qu’ensuite il leur fermait vivement la bouche, en leur disant : « Or, c’est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, distribuant, à chacun, ses dons selon qu’il lui plaît » ; de même ici, après les raisonnements qui montrent que tout a été fait pour l’utilité, il ramène encore toutes choses à la volonté de Dieu, en disant : « Mais Dieu a mis dans le corps plusieurs membres et il a placé chacun d’eux comme il lui a plu (18) ». De même qu’en parlant de l’Esprit, il disait. « Selon qu’il lui plaît » ; de même ici,« comme il lui a plu ». Pas d’indiscrète curiosité dans le but de savoir pourquoi ceci est de telle façon, et ceci de telle autre. C’est qu’en effet, quand nous emploierions mille expressions différentes, nous ne pourrions pas montrer la sagesse de l’œuvre autant que nous le faisons par ces mots : L’ouvrier par excellence a voulu, et, comme il a voulu, les choses ont été faites ; car tout ce qu’il veut est toujours utile. Et maintenant, si, à propos de notre corps, nous n’en soumettons pas les membres à une enquête curieuse, à bien plus forte raison devons-nous nous abstenir à propos de l’Église. Et remarquez la sagesse de l’apôtre : il ne parle pas de la différence naturelle ni de celle qui vient des opérations, mais de la différence de position ; mais Dieu, dit-il, a mis dans le corps plusieurs membres, et il a placé chacun d’eux comme il lui a plu. Et c’est avec raison que l’apôtre dit : « Chacun d’eux », montrant l’utilité de tous. En effet, impossible de dire que Dieu a placé tel membre, mais qu’il n’a pas placé tel autre ; chacun des membres a été placé selon la volonté de Dieu. C’est pourquoi c’est l’utilité du pied d’avoir été placé de telle manière ; et ce n’est pas seulement l’utilité de la tête. Et supposé l’ordre changé, supposé qu’abandonnant le lieu qui lui est propre, il passe dans un autre lieu, quand même il paraîtrait prendre une plus belle place, le pied aurait tout perdu et tout gâté, perdu la place qui lui est propre, sans en acquérir une autre.
« Si tous les membres n’étaient qu’un seul membre, où serait le corps ? Mais il y a plusieurs membres, et tous ne sont qu’un corps (20) ». Après avoir suffisamment fermé la bouche aux fidèles trop curieux, en leur parlant de la disposition que Dieu a voulue, l’apôtre recommence les raisonnements ; il ne suit pas toujours soit l’une soit l’autre de ces deux pratiques, il les alterne pour varier son discours. Se contenter de fermer la bouche aux contradicteurs, c’est jeter le trouble dans les pensées ; accoutumer l’auditeur à se rendre raison de tout, c’est porter atteinte à sa foi. Aussi, Paul s’y prend souvent de manière que les auditeurs consentent à croire et cessent de se troubler ; et, après leur avoir fermé la bouche, il fait plus, il leur donne des explications. Voyez le zèle laborieux et la plénitude de la victoire. Les raisons qui leur faisaient croire qu’ils n’étaient pas égaux en honneur, servent précisément, dans la bouche de l’apôtre, à montrer qu’ils ont cette égalité d’honneur. Mais comment cela ? C’est ce que je vais dire : « Si tous les, membres », dit l’apôtre, « n’étaient qu’un seul membre, où « serait le corps ? » C’est-à-dire, s’il n’y avait pas en vous des différences considérables, vous ne seriez pas un corps ; si vous n’étiez pas un corps, vous ne seriez pas un seul et même tout ; si volas n’étiez pas un seul et même tout, vous ne seriez pas égaux en honneur. Si vous étiez égaux en honneur, vous ne seriez pas un corps ; si vous n’étiez pas un corps, vous ne seriez pas un seul et même tout ; si vous n’étiez pas un seul et même tout, comment seriez-vous égaux en honneur ? Mais, c’est précisément parce que vous n’avez pas