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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/52

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guerre, et il est nécessaire de reconnaître nos frères. Et quel avantage n’est-ce pas d’avoir ce signe distinctif,.et chez nous et hors de chez nous ? Quelle arme n’avons-nous pas contre les ruses du démon ? Car une bouche qui ne sait pas jurer attirera promptement Dieu par la prière, et frappera le démon d’un coup mortel ; une bouche qui ne sait pas jurer ne saura pas non plus proférer l’injure. Repoussez, jetez ce feu hors de votre langue comme hors de votre maison. Laissez-la un peu respirer, et diminuez la plaie. Je vous y exhorte vivement, afin de pouvoir vous donner un autre enseignement ; car tant que ce succès ne sera pas obtenu, je n’ose passer à un autre sujet. Corrigez-vous donc entièrement sur ce point, saisissez d’abord toute l’importance du résultat, et alors je traiterai d’autres lois, ou plutôt ce ne sera pas moi, mais le Christ. Plantez cette vertu dans votre âme, et bientôt vous deviendrez le paradis de Dieu, paradis bien préférable au paradis terrestre. Car il n’y aura plus parmi vous ni serpent, ni arbre de mort, ni autre chose de ce genre. Enracinez profondément en vous cette habitude. Si vous le faites, le profit n’en sera pas pour vous seuls, qui êtes ici présents, mais pour tous les hommes, et non seulement pour les hommes qui vivent aujourd’hui, mais pour ceux qui viendront dans la suite. Car une bonne habitude une fois établie et observée par tout le monde, se perpétue pendant de longs siècles, et le temps ne peut plus la détruire. Si un homme fut lapidé pour avoir ramassé du bois un jour de sabbat, quel ne sera pas le châtiment de celui qui commet une faute bien plus grave que de ramasser du bois, d’un homme qui amasse tout un fardeau de péchés, c’est-à-dire une multitude de serments ? Quel ne sera pas son supplice ? Si vous vous corrigez là-dessus, vous obtiendrez de grands secours de Dieu. Si je vous dis : n’injuriez pas, vous m’objecterez votre colère ; si je vous dis : ne portez pas envie, vous trouvez une autre excuse. Ici vous, n’avez rien de pareil à dire. C’est pourquoi j’ai commencé par les choses faciles, comme il est d’usage dans tous les arts. On n’aborde les choses difficiles qu’après avoir d’abord appris les choses faciles. Vous verrez combien celle-ci l’était, quand, vous étant corrigés par la grâce de Dieu, vous recevrez d’autres prescriptions.
Donnez-moi confiance et devant les gentils et devant les Juifs, et surtout devant Dieu. Je vous en conjure au nom de la charité, par les douleurs dans lesquelles je vous ai enfantés, « vous, mes petits enfants ». Je n’ajouterai point ce qui suit : « Que j’enfante de nouveau » ; ni je ne dirai : « Jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous ». Car j’ai la confiance que le Christ est formé en vous. Mais j’ajouterai : « Mes frères bien-aimés et chéris, ma joie et ma couronne ». (Gal. 4,19, et Phil. 4,1) Croyez bien que je ne tiendrai pas un autre langage. Quand on me mettrait sur la tête mille couronnes royales ornées de pierreries, je ne me réjouirais pas comme je me réjouis de votre avancement ; bien plus, je ne crois pas qu’un roi goûte une joie comme celle que je ressens à votre occasion. Que dis-je ? Quand même il reviendrait vainqueur de tous ses ennemis ; quand, à sa propre couronne, il en ajouterait un grand nombre d’autres et des diadèmes, symboles de son triomphe, je ne crois pas que ces trophées lui procureraient autant de satisfaction que m’en procure votre avancement. En effet, je suis fier comme si j’avais mille couronnes sur la tête, et non' sans raison ; car si, par la grâce de Dieu, vous contractez cette habitude, vous aurez remporté mille victoires plus difficiles que celles de ce souverain ; vous aurez lutté et combattu contre les méchants démons, contre les esprits pernicieux, non par l’épée, mais par la langue et là volonté. Et voyez quel succès que celui-là, si vous le remportez ! D’abord vous aurez rompu une mauvaise habitude ; secondement, vous aurez détruit un faux raisonnement, source de tous les maux, en vertu duquel la chose est regardée comme indifférente et sans danger ; troisièmement, vous aurez vaincu la colère ; quatrièmement, l’avarice ; car ce sont là les suites du serment. De plus, vous puiserez là une grande ardeur pour d’autres progrès. Comme les enfants qui apprennent les lettres, non seulement les apprennent, mais par elles se forment insensiblement à lire ; ainsi en sera-t-il de vous ; le faux raisonnement ne vous trompera plus ; vous ne direz plus que c’est une chose indifférente, vous ne parlerez plus par habitude, mais en toutes choses vous vous tiendrez fermes, afin qu’ayant pratiqué en tout la vertu selon Dieu, vous jouissiez des biens éternels, par la grâce et la bonté du Fils unique, avec qui, au Père, et en