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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/520

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l’envie ont provoqué une fois, deux fois la même sentence de Dieu, et fait fleurir la verge. C’est ainsi que Jacob a joui de l’abondance, et de tous les autres biens. C’est ainsi que les envieux se sont jetés dans mille douleurs inextricables. Pénétrés de toutes ces vérités, fuyons la basse envie. Car pourquoi, répondez-moi, êtes-vous envieux ? Parce que votre frère a reçu une grâce spirituelle ? Et de qui l’a-t-il reçue ? Répondez-moi : N’est-ce pas de Dieu ? C’est donc à Dieu que s’adresse votre haine, puisque Dieu est l’auteur du présent. Voyez-vous jusqu’où glisse la passion rampante, quel édifice gigantesque de péchés elle élève, quel gouffre de châtiments et de vengeances elle creuse sous vos pieds ? Fuyons donc cette odieuse passion, mes bien-aimés ; loin de nous l’envie ; prions pour les envieux, et faisons tout pour éteindre ce feu qui les mine. Mais gardons-nous du délire de ces malheureux qui, en cherchant à nuire au prochain, ne font qu’allumer contre eux-mêmes une flamme inextinguible. Ne les imitons pas, pleurons, gémissons sur eux. Ce sont eux qui sont blessés, au lieu de faire des blessures aux autres, ils portent dans leur cœur éternellement le ver rongeur, et ils amassent une source de poisons plus amers que toute espèce de fiel. Prions donc le Dieu de bonté, et de guérir ces malheureux, et de nous préserver à tout jamais de leur mal. Il n’y a pas de ciel pour celui que ronge cette lèpre, et en attendant le ciel, la vie présente n’est pas pour cet infortuné une vie. Il n’est pas de teigne, rongeant le bois ou la laine, qui se puisse comparer à ce feu dévorant de l’envie, qui consume les os des envieux et détruit toute la vigueur de l’âme. Voulons-nous nous affranchir, et les autres avec nous, d’incalculables malheurs, repoussons loin de nous cette fièvre détestable, cette corruption la plus funeste de toutes ; pénétrons-nous de la force de l’esprit, nécessaire pour achever le combat présent, pour obtenir les couronnes à venir ; puissions-nous tous les recevoir, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduit par M. C. PORTELETTE.