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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/521

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HOMÉLIE XXXII.


OR VOUS ÊTES LE CORPS DE JÉSUS-CHRIST, ET MEMBRES D’UNE PARTIE. (CHAP. 12, VERS. 27, JUSQU’AU VERS. 4 DU CHAP. XIII)

ANALYSE.

  • 1. L’Esprit prophétique répandu plus abondamment dans les temps apostoliques que sous la loi ancienne.
  • 2. Résumé des moyens employés par saint Paul pour consoler ceux qui se plaignaient d’être moins bien partagés que les autres dans la distribution des dons spirituels.
  • 3 et 4. Excellence de la charité. – Que tout le reste est vain sans elle. – Que les dons du Saint-Esprit ne servent à rien sans une bonne vie.
  • 5. Comment faut-il comprendre ces paroles de l’Apôtre : Quand même je donnerais tout mon bien aux pauvres, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien !
  • 6-8. La charité est exempte de tout défaut. – Combien la terre serait heureuse si tous les hommes s’entr’aimaient. – Que toutes nos vertus déplaisent à Dieu sans la charité du prochain. – De la chasteté admirable de Joseph. – De la charité de saint Paul. – De l’amour prodigieux que Jésus-Christ a eu pour les hommes.


1. Afin qu’on ne pût pas dire : Pourquoi nous citer le corps pour exemple ? Le corps est esclave de la nature, et nos bonnes actions dépendent de notre libre arbitre : il nous a donné cette comparaison comme règle de nos actes, et il s’en est servi pour montrer que l’union établie par la nature entre les membres d’un même corps doit être établie entre nous par la charité. Voilà pourquoi il dit : « Vous êtes le corps du Christ ». Si notre corps ne doit contenir aucun élément de discorde, il ne doit pas, à plus forte raison, y en avoir dans le corps du Christ, et cela est d’autant plus vrai que la grâce est plus puissante que la nature. « Et vous êtes membres d’une partie ». non seulement nous sommes tous ensemble le corps du Christ ; mais nous sommes membres les uns des autres. Car c’est du corps et des membres du Christ qu’il a voulu parler plus haut, représentant l’humanité comme un ensemble et comme un vaste corps, composé d’une foule de membres, d’une foule de parties qui se rattachent toutes à ce grand corps et qui peuvent se multiplier à l’infini. Mais que signifie ce mot : « D’une partie ? » Il signifie, en ce qui vous concerne, que vous formez une partie du grand édifice. Dans son langage, le mot « corps » veut dire le corps tout entier. Il ne désigne pas l’Église de Corinthe, mais l’Église universelle. Voilà pourquoi il dit : « Vous êtes membres d’une partie ? » c’est-à-dire : Votre église est un des membres de l’Église universelle et de ce corps qui renferme toutes les églises du monde. Vous devez donc être unis non seulement entre vous, mais avec l’Église universelle, si vous voulez être justes, si vous êtes les membres d’un même corps. « Et Dieu a établi dans son Église, premièrement des apôtres, secondement des prophètes, troisièmement des docteurs, ensuite ceux qui ont le don des miracles, puis ceux qui ont la grâce de guérir les maladies, ceux qui ont le don d’assister leurs frères, ceux qui ont le don de gouverner, ceux qui ont le don des langues (28) ». Il fait ici ce que j’ai dit plus haut. Comme ceux qui avaient le don des langues étaient fiers de leur science, il met toujours cette science en dernière ligne. Chez lui, les rangs ne sont pas donnés au hasard ; chacun se trouve placé suivant sa valeur. Les apôtres viennent donc en première ligne, parce que toutes les grâces et tous les dons étaient leur privilège. Et il n’a pas dit simplement :