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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/523

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il le met toujours en dernière ligne ? Puis, comme cette hiérarchie aux échelons nombreux, blessait les susceptibilités de ceux qui étaient placés au bas, il s’adresse à eux avec véhémence, en leur prouvant par des arguments nombreux qu’ils ne sont pas fort au-dessous des autres. Quelques hommes s’étaient probablement récriés et avaient dit : Pourquoi n’avons-nous pas tous été mis au rang des apôtres ? Saint Paul les console plus haut. Il leur montre qu’il y a là une hiérarchie nécessaire, en se servant du corps, comme objet de comparaison. « Le corps », dit-il, « n’est pas un seul membre. – Si tous les membres étaient un seul membre, où serait le corps ? » Tous les membres, ont leur utilité. « Les grâces manifestes du Saint-Esprit, dit-il, ont été données à chacun, pour l’utilité de toute l’Église ».
En outre, c’est l’Esprit-Saint qui est le dispensateur commun des grâces, et sa grâce est un don et non une dette : « Les grâces sont différentes, dit-il ; mais la source est la même c’est l’Esprit-Saint ». C’est toujours l’Esprit-Saint qui se manifeste ; « chacun reçoit une manifestation du Saint-Esprit ». C’est la volonté de l’Esprit-Saint et de Dieu qui a présidé à la configuration des membres : « C’est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, distribuant à chacun ses dons, selon qu’il lui plaît. Dieu a placé dans le corps plusieurs membres, et il les y a placés chacun comme il lui a plu ». En outre les membres subalternes ont aussi leur nécessité « Les membres qui paraissent les moins nobles, dit-il, sont nécessaires ». Ils sont même également nécessaires, parce que, comme les autres, ils contribuent à former l’édifice du corps : « Le corps n’est pas un seul membre ; mais l’assemblage de plusieurs ». Les membres les plus nobles ont besoin des moins nobles. « La tête ne peut dire aux pieds : Je n’ai pas besoin de votre secours ». Les membres les moins nobles sont même les plus honorés : « Nous honorons davantage ceux qui ne sont pas en honneur ». Ils concourent tous également au même but : « Tous les membres concourent à produire le même effet, dans un intérêt mutuel ». Ils prennent tous leur part de douleur et de gloire. « Qu’un membre soit soutirant, tous souffrent avec lui ; qu’un membre ait quelque avantage, avec lui tous s’en réjouissent ». Après les consolations, viennent les paroles de véhémence et de reproche. Car, je l’ai dit, elles doivent se succéder. Après avoir consolé ses auditeurs, il s’emporte contre eux avec véhémence et leur dit : « Tous sont-ils apôtres ? Tous sont-ils prophètes ? Tous ont-ils le don de guérir ? » il ne s’arrête pas là, il va jusqu’au bout. Tantôt il dit : Tout le monde ne peut tout avoir. « Si tous les membres n’étaient qu’un seul membre, où serait le corps ? » Tantôt il laisse tomber quelque autre parole consolante. Il démontrera, par exemple, que les moindres grâces sont dignes d’envie, comme les plus grandes, parce que ces grâces-là aussi ne sont pas accordées à tout le monde. Pourquoi vous affliger de ce que vous n’avez pas le don de guérir ? Songez que votre lot, tout humble qu’il est, est encore un privilège. « Tous ont-ils le don des langues ? Tous ont-ils le don de les interpréter ? » Les dons les plus précieux n’ont pas été accordés à tous par la main de Dieu ; Dieu n’a fait que les répartir entre ses différentes créatures, et pour les dons les moins précieux, il a agi de même. Il a eu pour but de faire régner entre nous la bonne harmonie et la charité : Il fallait que chacun eût besoin de son prochain, pour être forcé par là de s’unir à son frère. Les arts, les éléments, les plantes, nos membres, tous les êtres sont soumis au même système.
3. Il répand ensuite sur les cœurs abattus une consolation bien capable de les relever et de les apaiser. La voici : « Soyez jaloux », dit-il, « d’acquérir les dons qui sont les meilleurs.
Et je vais vous montrer une voie plus excellente encore ». Il montre, en parlant ainsi, qu’il fait allusion à ceux qui sont moins bien partagés que les autres ; et qu’il dépend d’eux d’être mieux partagés. En disant : « Soyez jaloux d’acquérir », il demande à ses disciples du zèle et de l’ardeur pour les biens spirituels. Il ne parle pas des dons les plus grands. Il dit : « Les dons les meilleurs », c’est-à-dire, les plus utiles. Il veut dire : Poursuivez sans cesse les dons spirituels, et je vous indiquerai la voie qui y conduit. Il n’a pas dit : « Tel ou tel don » ; mais la voie qui conduit aux dons spirituels, afin de donner plus de valeur à ses promesses. Il veut dire par là : je ne me bornerai pas à vous indiquer deux ou trois de ces dons, mais la voie qui mène à tous les dons du Seigneur, la voie qui, pour dire plus encore, est ouverte à tout le monde. Il ne s’agit point ici de telles ou telles grâces accordées