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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/547

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HOMÉLIE XXXV.


RECHERCHEZ AVEC ARDEUR LA CHARITÉ ; MAIS DÉSIREZ LES DONS SPIRITUELS, ET SURTOUT CELUI DE PROPHÉTISER (CH. 14, VERS. 1)

ANALYSE.

  • 1 et 2. Comment l’on doit rechercher la charité. – Que le don de prophétie l’emporte sur le don des langues.
  • 3. Ce que c’était que le don des langues.
  • 4. Influence de la vaine gloire. – Critique des philosophes grecs.
  • 5. La vaine gloire n’est qu’un monstre cruel. – Éloge de saint Paul.
  • 6. De quel œil le chrétien doit-il regarder les biens temporels ? – Hygiène de l’âme. – Malheur des riches.


1. Après avoir passé en revue tous les caractères de la charité, il exhorte les fidèles à la cultiver avec ardeur : « Recherchez avec ardeur la charité. » Quand on recherche un objet, en effet, on ne voit que lui, on se dirige vers lui, on ne cesse de le poursuivre que lorsqu’on l’a atteint. Quand on poursuit quelqu’un, et qu’on ne peut l’atteindre soi-même, on se sert, pour le saisir, des personnes qui sont devant vous. On exhorte vivement ceux qui sont près du fugitif à le prendre, à le retenir, jusqu’à ce qu’on vienne s’en emparer soi-même. C’est ainsi que nous devons agir, si nous ne parvenons pas nous-mêmes à atteindre la charité, chargeons ceux qui sont tout près d’elle de la prendre et de la garder en attendant que nous arrivions. Et quand nous l’aurons saisie, ne la lâchons pas, de peur qu’elle ne s’enfuie encore bien loin de nous. Elle ne cesse de nous échapper, en effet, parce que, nous ne savons pas nous en servir,-parce qu’il n’est rien que nous ne lui préférions. Si nous suivons ces préceptes, nous n’aurons pas besoin de nous donner beaucoup de peine. Que dis-je ? nous n’aurons, pour ainsi dire, rien à faire. Nous mènerons une existence de délices et de fêtes, tout en marchant dans l’étroit sentier de la vertu. Voilà pourquoi l’apôtre a dit : « Poursuivez la charité ». Puis, afin que l’on ne croie pas qu’il n’a parlé de la charité que poux déprécier entièrement les grâces spirituelles, il ajoute : « Désirez les dons spirituels et surtout le don de prophétie (12) ? Car celui qui parle une langue inconnue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, puisque personne ne l’entend ; c’est sous l’inspiration du Saint-Esprit qu’il parle des mystères (3) : mais celui qui prophétise « parle aux hommes pour les édifier, pour les exhorter, pour les consoler ». Il compare ici entre eux les divers dons spirituels et il rabaisse le don des langues, en montrant que, s’il n’est pas tout à fait inutile, il n’est pas très utile par lui-même. Il y avait, en effet, des gens qui étaient tout fiers de ce don, parce qu’on y attachait un grand prix. Ce qui le faisait regarder comme important, c’est que les apôtres l’avaient reçu d’abord, et l’on sait avec quel apparât et quel retentissement, mais il ne l’emportait pas sur les autres pour cela. Pourquoi donc les apôtres l’avaient-ils reçu d’abord ? c’est qu’ils devaient parcourir tout l’univers.
Lors de la construction de la tour de Babel, il n’y avait qu’une langue qui se partageait en une foule de langues (Gen. 11) ; à l’époque des apôtres, une foule de langues venaient se réunir sur les lèvres d’un seul homme. Le même homme parlait la langue des Perses, celle des Romains, celle dès Indiens, ou plutôt c’était le Saint-Esprit qui parlait par sa bouche, et cette grâce s’appelait le don des langues, parce que