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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/555

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profiter. Voilà donc les fruits de la richesse ! Même après notre mort, elle nous expose aux outrages et aux opprobres, elle nous prive de cette sépulture qui n’est pas refusée à dés misérables tout chargés de forfaits. Eh bien ! ces richesses qui sont nos mortelles ennemies, les aimerons-nous encore ? Non, mes frères, non ! fuyons-les plutôt, je vous en prie, et ne nous retournons pas pour les regarder. Si elles tombent entre nos mains, ne les gardons pas dans notre maison, mais servons-nous, pour les enchaîner, des mains de la charité. La charité seule peut les fixer et leur couper la retraite. C’est alors que la richesse inconstante devient fidèle ; paisible et douce ; car l’aumône l’a transformée. Oui, si la richesse vient à nous, livrons-la aux pauvres. Si elle ne vient pas nous trouver, ne courons pas après elle, ne nous désespérons pas et ne regardons pas comme heureux ceux qui la possèdent. Heureux ! comment donc le seraient-ils ? Donnerez-vous le nom d’heureux à ces bestiaires qui combattent des animaux féroces achetés à grand prix et gardés par les entrepreneurs de ces spectacles barbares, qui n’osent ni approcher de ces monstres, ni les toucher, qui les redoutent et qui tremblent devant eux ? C’est l’histoire des riches. Ils ont enfermé dans leur coffre-fort cette bête féroce, ce monstre qu’on appelle la richesse, et tous les jours elle leur fait des blessures sans nombre. C’est tout le contraire de ce que font les bêtes féroces réservées aux spectacles. Ces monstres, quand on les tire de leurs cages, n’égorgent que ceux qui viennent à leur rencontre. Mais la richesse, quand elle est enfermée et gardée, ne fait périr que ceux qui la possèdent et qui la gardent. Apprivoisons cette bête féroce. Pour cela, il n’y a qu’un moyen, ne l’enfermons pas, donnons-la à garder aux pauvres. En agissant ainsi, nous en retirerons les plus grands avantages. En cette vie nous serons en sûreté, exempts de soucis et pleins d’espoir ; quant à la vie future, nous l’attendrons avec confiance. Cette confiance, puissions-nous tous l’acquérir, par la grâce et les mérites de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui appartiennent au Père, en union avec le Saint-Esprit, la gloire, la force, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. ==HOMÉLIE