Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/565

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

saintes Écritures, mais sur l’usage. Ce sont les opinions communes et l’habitude dont il se sert, pour leur inculquer la modestie, lorsqu’il dit : « La parole de Dieu est-elle partie de vous, ou est-elle venue chez vous seuls (36) », et il cite en effet les autres. Églises qui observent cette loi, et c’est en montrant qu’il est inusité qu’il, réprimande le tumulte, et c’est en s’appuyant sur les suffrages de la foule qu’il fait accepter son discours. C’est pourquoi il disait en un autre endroit : « Celui qui vous a rappelé à la mémoire mes voies dans le Christ, comme moi-même je les enseigne dans toutes les églises » ; (1Cor. 4,17) et encore : « Ce n’est point un Dieu de dissension, mais de paix, comme aussi dans toutes les assemblées de saints » ; (Ibid, 14,33) et ces paroles : « La parole de Dieu est-elle partie de vous, ou est-elle venue chez vous seuls. » C’est-à-dire, vous n’êtes pas les premiers, vous n’êtes pas les seuls fidèles, mais c’est toute la terre. C’est ce qu’il disait aussi, en écrivant aux habitants de Colosse : « Comme elle fructifie et croît dans le monde entier », (Col. 1,6) en parlant de l’Évangile.
Quelquefois, pour exhorter ses auditeurs, il fait tout le contraire, comme quand il dit qu’ils ont agi les premiers, et que leurs actions brillent aux yeux de tous. Ainsi il écrivait aux habitants de Thessalonique : « C’est chez vous que la parole de Dieu a commencé à retentir », et en tout lieu votre foi est allée à Dieu. (1Thes. 1, 8) Il écrit encore aux Romains : « Votre foi est annoncée au monde entier ». (Rom. 1,8) Pour exciter et exhorter les hommes, c’est un moyen également efficace de les faire louer par d’autres, ou de leur montrer que d’autres pensent comme eux. Et c’est pour cela qu’il dit aussi : « La parole de Dieu est-elle partie de vous ; ou est-elle venue chez vous seuls ? » Vous ne pourrez point dire : Nous avons été les docteurs des autres, et il n’est point juste que nous allions à l’école des autres, ni : C’est ici seulement que la foi a demeuré, et nous n’avons pas à prendre exemple sur d’autres. Voyez-vous par combien de moyens l’apôtre leur inspire la pudeur, il cite la loi, il montre que l’action est honteuse, et il apporte pour exemple les autres Églises.
2. Enfin il dit en dernier lieu, et c’est ce qu’il y a de plus fort : c’est Dieu qui l’ordonne par moi : « Si quelqu’un paraît être prophète ou animé de l’Esprit divin, qu’il connaisse ce que je vous écris, que ce sont les ordres de Dieu (37) ; s’il l’ignore, qu’il l’ignore (38) ». Et pourquoi a-t-il ajouté cela ? Pour montrer qu’il n’apporte ni violence, ni disputes, ce qui est le propre de ceux qui ne veulent pas imposer leurs volontés, mais qui considèrent ce qui est utile aux autres. C’est pourquoi il dit aussi en un autre endroit : « Si quelqu’un aime la dispute, nous n’avons point cette habitude ». (1Cor. 11,16) Cependant il n’agit pas ainsi partout, mais là seulement où ne se commettent pas de grands péchés, et c’est encore là qu’il cherche à inspirer la honte. Quand il parle des autres péchés, ce n’est pas ainsi qu’il dit, mais comment ? « N’errez pas ; ni les débauchés, ni les efféminés ne posséderont le royaume de Dieu ». (Id. 6,9) Et encore : « C’est moi Paul qui vous le dis, que si vous êtes circoncis, le Christ ne vous sera pas utile ». (Gal. 5,2) Mais tomme ici il ne s’agit que du silence, ses réprimandes ne sont point si véhémentes, et par cela même il attire vers lui ses auditeurs. Il fait ensuite ce qu’il a coutume de faire : il revient à la première preuve dont il était parti pour dire tout cela : « C’est pourquoi, mes frères, recherchez la prophétie, et ne défendez pas de parler les langues (39) ». C’est son habitude de traiter non seulement ce qu’il s’est proposé, mais de corriger tous les défauts qui lui paraissent tenir d’une certaine façon au sujet, puis d’y revenir, afin de ne point paraître s’écarter de ce qu’il voulait prouver. Ainsi, quand il parlait de la concorde dans les repas, après avoir fait une digression sur la communion dans les mystères, il revient à son premier sujet, disant : « C’est pourquoi quand « vous vous réunissez pour manger, attendez« vous les uns les autres ». (1Cor. 11,33) Ici de même, après avoir discuté sur l’ordre qu’il faut observer dans les dons, et montré qu’il ne faut point s’affliger des moindres, ni s’enorgueillir de ceux qui sont plus importants, il fait une digression sur la modestie qui convient aux femmes, il y apporte les preuves nécessaires, puis il revient à son sujet, disant : « C’est pourquoi, mes frères, recherchez la prophétie, et ne défendez point de parler les langues ». Voyez comme jusqu’à la fin il observe la différence entre ces deux dons, et comment il montre que l’un est tout à fait nécessaire, et que l’autre ne l’est point. C’est pourquoi il dit de l’un : « Recherchez », et de