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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/568

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sexes est incapable de calmer et d’élever notre âme comme la philosophie. L’homme chaste, je l’ai dit, montre une volupté franche. Vous, au contraire, qui êtes vaincu par vos passions, vous nous découvrez l’inquiétude de votre âme. Où sont vos plaisirs ? je voudrais les voir ; mais je ne les découvre pas. Quand goûtez-vous un moment de plaisir en effet ? Est-ce avant de satisfaire vos sens ? mais, en ce moment-là, le plaisir n’existe pas pour vous. C’est dé la folie, de la démence, du trouble que vous éprouvez ; grincer des dents, être hors de soi, est-ce là du plaisir ? si c’était là de la volupté, nous ne serions pas condamnés à donner, en un pareil état, tous les signes de la plus vive douleur. Les athlètes qui frappent ou qui sont frappés, grincent des dents. Les femmes déchirées par les douleurs de l’enfantement font de même. Ce n’est donc pas là un plaisir, c’est un trouble et un désordre excessif de l’âme. Et ensuite ? Ah ! n’en parlez pas. La femme qui vient d’accoucher n’éprouve pas ce qu’on a le droit d’appeler un plaisir ; elle est seulement délivrée de ses douleurs. Et franchement il n’y a pas là du plaisir ; il y a un état de faiblesse et de prostration. Or, entre la volupté et la prostration, la différence est grande. Quel est donc le moment où vous goûtez quelque plaisir, dites-moi ? Je n’en vois pas, ou si ce moment existe, c’est un éclair qu’on n’a pas le temps d’apercevoir. Ce moment, nous avons essayé mille fois de le saisir et de le retenir, nous ne l’avons pas pu ; mais pour l’homme tempérant et modéré, il n’en est pas ainsi. Ses plaisirs sont apparents et durables ; ou plutôt sa vie entière est une volupté : sa conscience lui tresse des couronnes ; son âme est comme une onde tranquille qui ne connaît pas les orages et qui est assurée contre eux de toute part. À l’aspect de cette volupté pure, à la vue des inquiétudes et des troubles qui accompagnent la débauche, hâtons-nous de fuir ce vice, fuyons l’intempérance, pour faire vœu de tempérance et de chasteté, pour obtenir en outre dans l’autre vie le bonheur éternel, par la grâce et la faveur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui appartiennent au Père, en union avec le Saint-Esprit, la gloire, l’empire, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduit par M. BAISSEY.