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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/569

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HOMÉLIE XXXVIII.

JE VAIS MAINTENANT, MES FRÈRES, VOUS REMETTRE DEVANT LES YEUX L’ÉVANGILE QUE JE VOUS AI PRÊCHÉ, QUE VOUS AVEZ REÇU, DANS LEQUEL VOUS DEMEUREZ FERMES, ET PAR LEQUEL VOUS SEREZ SAUVÉS, SI VOUS L’AVEZ RETENU, COMME, JE VOUS L’AI ANNONCÉ. (CHAP. 15, VERS. 1)

ANALYSE.

  • 1 et 2. Explication littérale du texte de saint Paul. — Prudence de saint Paul, son habileté, dans les circonstances les plus délicates, à manier les âmes. — Importance capitale du dogme de la résurrection.
  • 3 et 4. Discussion curieuse contre les Manichéens qui soutenaient que la mort de Jésus-Christ et la résurrection n’étaient que la mort du péché et la purification de l’âme.
  • 5-7. De l’humilité de saint Paul ; exemple qu’il nous donne. — Contre le désespoir et la confiance exagérée, ces deux grandes causes de tous nos malheurs. — Sur ce qu’il y a d’insatiable dans l’âme humaine, et sur le bonheur de la pauvreté. — Opposition curieuse de ces deux derniers développements.

1. Il vient d’en finir avec les dons spirituels, il passe maintenant à la vérité qui est, de toutes les vérités, la plus nécessaire, à la résurrection ; sur ce point, les fidèles étaient atteints d’une maladie grave. Et de même que pour le corps, si la fièvre en saisit les parties solides, les nerfs, les veines, les premiers éléments qui le constituent, il faut désespérer de la guérison, si l’on ne s’y applique avec le plus grand soin ; de même, pour leur salut, les fidèles couraient le plus grand danger. C’était aux éléments mêmes de la piété que le mal s’attaquait. Aussi Paul apportait-il un grand zèle à les guérir. Il ne s’agissait plus de la conduite, des mœurs, du libertinage de l’un, de l’avarice de l’autre, de tel qui se montrait la tête couverte, mais de ce qui est le résumé de tous les biens ; c’était sur la résurrection même qu’on était en dissentiment. Comme toute notre espérance est là, c’est le point que le démon attaquait avec le plus d’acharnement, et tantôt il la supprimait tout à fait, tantôt il disait qu’elle avait eu déjà lieu. Aussi Paul, écrivant à Timothée, appelle cette funeste doctrine, une gangrène, et flétrit ceux qui la propagent : « De ce nombre sont Hyménée et Philète qui se sont écartés de la vérité en disant que la résurrection est déjà arrivée, et qui ont ainsi renversé la foi de quelques-uns ». (2Tim. 2,17-18) Quelquefois, donc ils disaient cela, d’autres fois ils prétendaient qu’il n’y a pas de résurrection pour le corps, que la résurrection n’est que la purification de l’âme. Ce qui les portait à tenir de pareils discours, c’était la perversité du démon, jaloux, non seulement de renverser la résurrection, mais de montrer que tout ce qui a été accompli pour nous n’est que fables. Si l’on avait pu persuader aux esprits qu’il n’y a pas de résurrection des corps, le démon aurait fini par persuader peu à peu que le Christ lui-même n’est pas ressuscité ; de là, procédant méthodiquement, il aurait introduit la doctrine que le Christ n’a pas paru parmi nous, n’a pas fait ce qu’on lui attribue.

Telle est la malignité du démon, que Paul appelle un système « d’artifices » (Eph. 6,11), parce que le démon ne fait pas paraître tout de suite ce qu’il veut qu’on approuve, il craint trop d’être convaincu de perfidie ; il prend un masque, il a recours à des manœuvres, comme un ennemi rusé qui veut entrer dans une ville, forcer les murailles, il a des conduits souterrains, cachés à tous les yeux, dont on ne peut se défier, afin de tromper la vigilance et d’assurer le succès de ses affreux