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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/570

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desseins. Aussi, trouvant toujours ses pièges ténébreux, toujours à la poursuite de ses criminelles embûches, cet admirable apôtre, ce grand homme disait : « Nous n’ignorons pas ses desseins ». (2Cor. 2,11). Ici, en effet, Paul découvre toute la ruse du démon, il montre toutes ses machinations ; tout ce que le pervers médite et prépare, l’apôtre l’étale, il fait voir le tout dans tous les détails avec le plus grand soin. Voilà pourquoi ce qu’il place en dernier lieu, c’est cette, vérité capitale, la plus nécessaire de toutes, et qui renferme tous nos intérêts. Or voyez là prudence du Maître : ce n’est qu’après avoir fortifié ses disciples, qu’après avoir mis les siens en sûreté, qu’il va plus loin, qu’il attaque les étrangers, qu’il leur ferme la bouche avec toute espèce d’autorité. S’il fortifie les siens, s’il les met en sûreté, ce n’est pas par des raisonnements, mais il s’appuie sur des faits déjà accomplis, qu’eux-mêmes ont acceptés, auxquels ils ont ajouté foi c’était un puissant moyen de les faire rentrer en eux-mêmes, et de les contenir. S’ils voulaient dorénavant refuser leur foi, ce n’était plus a Paul mais à eux-mêmes qu’ils la refusaient ; ils devaient s’en prendre à ceux qui avaient, les premiers, admis la foi nouvelle, et qui s’étaient transformés. Aussi commence-t-il par dire qu’il n’a pas besoin d’autres témoins de la vérité de sa parole que ceux mêmes qui ont été trompés.
Mais voici qui rendra mon discours plus clair, écoutez les paroles mêmes. Quelles sont ces paroles ? « Je vais maintenant, mes frères, vous remettre devant les yeux l’Évangile que je vous ai prêché ». Voyez-vous, dès le début, la parfaite convenance ? Voyez-vous, dès le début, comme il leur montre qu’il ne leur apporte aucune étrangeté, aucune nouveauté ? Remettre devant les yeux ce qui a déjà été mis devant les yeux et qui ensuite a été oublié, ce n’est que rafraîchir la mémoire. Il les appelle frères ; et ce simple mot constitue, une démonstration anticipée, une démonstration éloquente de la vérité qu’il soutient ; car nous ne sommes frères que par l’incarnation de Jésus-Christ. S’il les appelle de ce nom, c’est pour les adoucir, pour les flatter, pour leur rappeler en même temps, d’innombrables bienfaits. Et ce qui suit confirme sa pensée. Qu’est-ce qui vient après ? L’Évangile. Le point de départ de l’Évangile, l’Évangile tout entier c’est Dieu fait homme, crucifié, ressuscité. C’est ce que Gabriel annonça à la Vierge, c’est ce que les prophètes annoncèrent à toute la terre, c’est ce qu’ont annoncé, à leur tour, tous les apôtres. « Que je vous ai, prêché, que vous avez reçu, dans lequel vous demeurez fermes, et par lequel vous serez sauvés, si vous l’avez retenu, comme je vous l’ai annoncé, et si ce n’est pas en vain que vous avez embrassé la foi (2) ». Voyez-vous comme il les prend pour témoins de ses paroles ? Et il ne dit pas : Que vous avez entendu, mais, « que vous avez reçu » ; il leur redemande, pour ainsi dire, un dépôt, et il leur montre que ce n’est pas seulement un discours entendu ; que des actions, des signes, des prodiges les ont décidés à le recevoir, de manière à le conserver fermement.
2. Ensuite, après le rappel du passé, vient l’assertion relative au présent : « Dans lequel vous demeurez fermes » ; l’apôtre se saisit des fidèles ; il prévient, leur résistance, ils auraient, beau vouloir, impossible à eux d’opposer une négation : Voilà pourquoi il ne, dit pas en commençant : Je viens vous apprendre, mais : « Je vais vous remettre devant les yeux » ce que vous connaissez déjà. Mais comment peut-il dire, de ceux qui bronchent, qu’ils demeurent fermes ? Il fait semblant de ne pas voir, et c’est de l’habileté : c’est une conduite analogue qu’il tient avec les Galates, seulement il y a une différence. Avec les Galates il ne peut pas feindre d’ignorer, il a recours à un autre : langage : « J’ai confiance dans le Seigneur, que vous n’aurez point d’autres sentiments » (Gal. 5,10) ; il ne dit pas : Que vous n’avez point eu d’autres sentiments ; leur faute était avouée ; manifeste, mais il garantit l’avenir ; sans doute l’avenir est incertain, mais ce qu’il en dit, c’est pour entraîner les fidèles. Ici, avec les Corinthiens, il fait semblant de ne pas savoir : « Dans lequel vous demeurez fermes ». Suit la considération de l’utilité ; « et par lequel vous serez sauvés, si vous l’avez retenu comme je vous l’ai annoncé ». C’est pourquoi l’enseignement d’aujourd’hui n’est qu’exposition et interprétation. En effet, c’est une doctrine que vous n’avez pas besoin d’apprendre, mais seulement de vous rappeler, afin de vous redresser. Ces paroles, c’est pour les rappeler à leur devoir. Mais que signifie : « comme je vous l’ai annoncé ? » De la manière, dit-il, dont je vous ai annoncé la résurrection. Je ne prétends pas que vous doutiez