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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/57

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n’est que passager, tandis que là il est éternel. Ne vous occupez donc pas de savoir si quelqu’un reçoit le coup de faux, mais s’il commet telle ou telle faute. Il se fait maintenant bien des choses qui se faisaient au temps du déluge, et le déluge n’arrive plus ; mais on est menacé de l’enfer et de ses supplices. Beaucoup commettent les crimes qu’on commettait à Sodome, et la pluie de feu ne tombe pas, parce que le fleuve de feu est prêt. Beaucoup ont osé ce qu’osa Pharaon, et ils n’ont point subi le sort de Pharaon, ils n’ont point été submergés dans la mer Rouge : mais l’abîme les attend là où la souffrance n’éteint pas le sentiment, là où il n’est pas donné de mourir, mais où l’on est consumé par d’éternelles tortures, par des chaudières brûlantes et les angoisses de la suffocation. Beaucoup osent encore ce qu’ont osé les Israélites, et les serpents ne les ont pas dévorés ; mais le ver qui ne meurt pas les attend. Beaucoup ont osé ce qu’a osé Giézi, et ne sont pas devenus lépreux ; mais, au lieu de la lèpre, ils seront un jour déchirés et rangés parmi les hypocrites. Beaucoup ont juré et se sont parjurés ; s’ils ont jusqu’ici échappé au châtiment, ne nous rassurons pas pour cela : le grincement de dents les attend. Et peut-être seront-ils punis et n’échapperont-ils pas même ici-bas, quoique plus tard, en commettant d’autres péchés qui aggraveront leur supplice ; car souvent des fautes moindres nous conduisent à de plus grandes pour lesquelles il faut tout acquitter. Ainsi quand quelque malheur vous arrive, souvenez-vous que vous avez commis ce péché. C’est ce qui arriva aux fils de. Jacob. Rappelez-vous les frères de Joseph ; ils avaient vendu leur frère, ils avaient essayé de le tuer, ils l’avaient même tué autant qu’il était en eux ; ils avaient trompé, affligé leur vieux père, et rien de fâcheux ne leur était arrivé. Mais après bien des années, ils coururent les plus grands périls, et ils se souvinrent alors de leur péché. Et pour preuve que ce n’est point ici une simple conjecture, écoutons ce qu’ils disent : « Oui, « nous sommes coupables envers notre frère n. (Gen. 42,21) De même quand il vous arrivera quelque chose, dites : Oui, nous sommes coupables, parce que nous n’avons pas écouté le Christ, parce que nous avons juré ; mes serments et mes parjures sont retombés sur ma tête. Faites donc votre confession ; ils firent la leur et ils furent sauvés. Eh ! quoi ? parce que le châtiment ne suit pas immédiatement la faute, vous pécheriez plus hardiment ? Mais Achab ne subit pas son sort aussitôt après le meurtre de Naboth. Et pourquoi cela ? Dieu vous donne un certain temps pour vous laver dans les eaux de la pénitence ; si vous persévérez, il amène enfin le châtiment. Vous voyez comme les menteurs ont été punis ; songez a ce que souffriront les parjures, songez-y et abstenez-vous. Bon gré mal gré, il faut que celui qui jure se parjure, et celui qui se parjure ne peut être sauvé. Un seul parjure peut tout perdre et attirer le châtiment tout entier. Ainsi donc, je vous en conjure, veillons sur nous, afin qu’évitant la punition attachée à cette faute, nous soyons jugés dignes de la miséricorde de Dieu, par la grâce et la compassion du Fils unique en qui appartiennent, au Père, et en même temps au Saint-Esprit, la gloire, la force, l’honneur, maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.