Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/571

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la résurrection, mais peut-être voulez-vous savoir plus clairement ce qui a été dit. C’est une explication que je veux encore vous donner : car je sais que vous avez conservé le dogme. Ensuite, comme il leur avait dit : « Dans lequel vous demeurez fermes », pour prévenir la négligence où cet éloge les porterait, il leur inspire un sentiment de crainte, en leur disant : « Si vous l’avez retenu, et si ce n’est pas en vain que vous avez embrassé la foi » ; il leur montre par là que le coup serait mortel, qu’il ne s’agit pas de dogmes quelconques, mais de l’essence même de la foi.
En ce moment, il parle à mots couverts, mais à mesure qu’il avance, qu’il s’échauffe, il se découvre, il met à nu sa pensée, il parle à haute et intelligible voix, il crie : « Si Jésus-Christ n’est point ressuscité, notre prédication est vaine, et vaine aussi est votre foi (14) », vous êtes ; encore dans vos péchés. Mais, au début, il ne s’exprime pas de cette manière ; il était bon de commencer doucement et de ne s’avancer que pas à pas. « Car je vous ai transmis d’abord ce que j’ai reçu (3) ». Ici même, il ne dit pas, je, vous ai dit, ni je vous ai enseigné, mais il se sert encore de l’expression : « je vous ai transmis ce que j’ai reçu ». Et il ne dit pas qu’il a été instruit, mais, « ce que j’ai reçu » : cette manière de parler s’explique par une double intention ; d’abord on ne doit rien introduire de son fonds particulier dans l’enseignement ; ensuite, la démonstration de la vérité se faisant par, les œuvres, c’est là ce qui a dû opérer en eux la certitude, et ils ne la doivent pas seulement des paroles ; puis, peu à peu, rendant son discours de plus en plus digne de foi, il rapporte le tout au Christ, et il montre qu’il n’y arien, dans ces dogmes, qui appartienne à l’homme. Mais que signifie, « car je vous ai transmis d’abord ? » C’est-à-dire, dès le commencement, ce n’est pas seulement d’aujourd’hui. Il prend le temps à témoin, et ce serait le comble de la honte, après avoir cru si longtemps, de renoncer maintenant à la foi ; cette raison n’est pas la seule de plus, le dogme est nécessaire ; voilà pourquoi il a été transmis dès le début, et tout de suite, et d’abord. – Et qu’avez-vous transmis ? Répondez-moi. – L’apôtre ne le dit pas tout de suite, mais d’abord, « ce que j’ai reçu ». Et qu’avez-vous reçu ? « Que Jésus-Christ est mort pour nos péchés ». Il ne dit pas tout de suite qu’il y a une résurrection de nos corps, mais c’est l’affirmation même qu’il prépare de loin, et par un moyen détourné, « que Jésus-Christ est mort » ; il commence par jeter le grand et ferme et solide fondement de son discours sur la résurrection. Car il ne se contente pas de dire que Jésus-Christ est mort, quoique ces simples, paroles eussent été suffisantes pour rendre manifeste la résurrection, mais il ajoute : « que Jésus-Christ est mort pour nos péchés ». Avant tout, il est bon d’entendre sur ce sujet ces manichéens malades, ennemis de la vérité, ces adversaires armés contre leur propre salut. Donc que disent-ils ? Par mort, à les en croire, Paul n’entend pas autre chose que l’état de péché, et la résurrection n’est que l’affranchissement du péché. Voyez-vous la faiblesse de l’erreur ? comme elle fournit elle-même des armes contre elle ? comme il est peu besoin de forces étrangères, comme elle se transperce elle-même ? Voyez donc, considérez comme ils se transpercent eux-mêmes par les discours qu’ils tiennent. Si c’est là ce qu’il faut entendre par mort, si le Christ n’a pas revêtu dé corps, comme vous le prétendez, s’il est mort, le Christ a été en état de péché, à vous entendre. Voici, moi, ce que je soutiens, à savoir, qu’il a pris un corps, et je dis que la mort est le fait de la chair : or vous le niez, il vous faut donc nécessairement dire qu’il était dans le péché. Or s’il était dans le péché, comment a-t-il pu dire : « Qui de vous me convaincra de péché ? » (Jean 8,46) et encore : « Le prince de ce monde va venir, quoiqu’il n’ait rien en moi qui lui appartienne ». (Id. 14,30) ; et encore : « C’est ainsi que nous devons accomplir toute « justice ». (Mt. 3,15) Or comment est-il mort pour les pécheurs, si lui-même était un pécheur ? Celui qui meurt pour les pécheurs, ne doit être soumis à aucun péché : car s’il est lui-même un pécheur, comment pourra-t-il mourir pour les péchés des autres ? Au contraire, s’il est mort pour les péchés des autres, il est mort, n’étant lui-même soumis à aucun péché ; mais s’il est mort, étant sans péché, il n’est pas mort par le péché, (comment cela se pourrait-il, puisqu’il n’avait aucun péché?) mais il est mort par son corps. Aussi Paul ne dit pas seulement : « Est mort », mais il ajoute : « pour nos péchés ». Et après les avoir contraint, quelque dépit qu’ils en aient, de reconnaître