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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/59

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Quand les officiers furent arrivés, on ouvrit la prison, et ne les ayant pas trouvés, ils retournèrent en porter la nouvelle et dirent : Nous avons trouvé la prison soigneusement fermée et les gardes debout devant les portes ; mais ayant ouvert, nous n’avons trouvé personne dedans ». Il y avait ici, comme pour le sépulcre, une double garantie le sceau et les gardes. Voyez à quel point ils sont ennemis de Dieu ! Dites-moi : étaient-ce des faits humains, tout ce qui se passait ? Qui les avait tirés de la prison fermée ? Comment étaient-ils sortis, quand les gardes étaient debout devant les portes ? C’est vraiment là le langage de gens furieux et ivres. Comme des enfants privés de raison, ils espèrent vaincre des hommes qu’une prison, que des chaînes, que des portes fermées n’ont pu retenir ! Cependant leurs ministres sont là, qui confessent le fait, comme pour leur ôter toute excuse. Voyez-vous comme les signes se multiplient, les uns par eux, les autres pour eux : ceux-ci plus éclatants que les premiers ?
C’est avec raison que la nouvelle n’a pas été portée immédiatement, mais qu’il y a d’abord eu embarras, afin que, témoins de la puissance divine, ils soient ainsi instruits de tout. « Lorsqu’ils eurent entendu ces discours[1], le prince des prêtres, le magistrat du temple et les princes des prêtres étaient embarrassés et ne savaient que faire. Mais quelqu’un arriva et leur dit : Voilà que ceux que vous avez mis en prison sont dans le temple debout et enseignant le peuple. Alors le magistrat s’en allant avec les ministres, les amena sans violence, car ils craignaient d’être lapidés par le peuple ». O folie ! Ils craignaient le peuple, dit-on ; à quoi cela leur servait-il ? C’était Dieu qu’il fallait craindre, Dieu qui les enlevait toujours de leurs mains comme des oiseaux ; et ils craignaient le peuple ! « Le prince des prêtres les interrogea en disant : « Ne vous avions-nous pas absolument défendu d’enseigner en ce nom-là ? Et voilà que vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine, et que vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme ». Que répondent les apôtres ? Ils leur parlent encore avec douceur, bien qu’ils pussent leur dire : Qui êtes-vous pour vous mettre en opposition avec Dieu ? Que répondent-ils enfin ? Ils répondent en donnant encore avec douceur des exhortations et des conseils. « Pierre répond, et avec lui les apôtres : Il faut plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes ». C’est là une grande philosophie par laquelle ils prouvent qu’ils combattent pour Dieu. « Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus que vous-mêmes avez fait mourir en le suspendant à un bois. Dieu a exalté de sa droite ce Prince, ce Sauveur, pour procurer à Israël la pénitence et la rémission des péchés ». Celui que vous avez fait mourir, leur dit-il, Dieu l’a ressuscité. Voyez comme il attribue encore tout au Père, de peur que le Christ, ne parût étranger au Père. « Et l’a exalté de sa droite ». Il n’indique pas seulement la résurrection, mais encore l’exaltation, c’est-à-dire l’ascension. « Pour procurer la pénitence à Israël ».
2. Voyez encore une fois le profit et l’enseignement parfait sous forme d’apologie. « Et nous sommes les témoins de ces choses ». Voilà une grande liberté de langage. Pour confirmer ce qu’il avance, il ajoute : « Et aussi l’Esprit-Saint que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent ». Vous voyez qu’ils ne s’appuient pas seulement sur leur propre témoignage, mais encore sur celui de l’Esprit. Et ils ne disent pas : « Qu’il nous a donné », mais : « À ceux qui lui obéissent » ; usant en cela de modestie, faisant voir en même temps que cet Esprit est grand et qu’eux-mêmes peuvent le recevoir. Voyez comme ils sont instruits par paroles et par actions, et n’y font pas attention, en sorte que leur condamnation sera juste. Car Dieu a permis que les apôtres fussent traduits en jugement, afin que leurs ennemis fussent instruits, s’ils voulaient l’être, et pour qu’ils prissent eux-mêmes confiance. « Ayant entendu ces choses, ils frémissaient de rage et pensaient à les faire mourir ». Voyez l’excès de la malice ! Au lieu de s’effrayer de ce qu’ils avaient entendu, ils frémissent de rage et songent à les faire mourir. Mais il est nécessaire de reprendre ce qui a été lu plus haut. « Un ange du Seigneur ouvrant les portes de la prison pendant la nuit, les fit sortir en disant : Allez, tenez-vous dans le temple, et annoncez au peuple toutes les paroles de cette vie. Les fit sortir » ; il ne les emmène pas lui-même, mais il les renvoie ; ce qui montre l’intrépidité dont ils ont fait preuve eu entrant la nuit dans le temple pour enseigner. Si les gardes les avaient fait sortir,

  1. Ce texte diffère de celui de la Vulgate.