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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/592

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mystères, les paroles que l’on vous fait prononcer le soir de votre initiation, je vous dirai ensuite la pensée de Paul ; par ce moyen, cette pensée même sera, pour vous, plus claire. Car c’est après toutes les autres paroles que nous ajoutons ce que dit Paul en ce moment. Je voudrais être parfaitement clair, et cependant je n’ose pas tout exposer au grand jour, à cause de ceux qui ne sont pas initiés ; ce sont eux qui rendent nos expositions difficiles, en nous forçant, soit de parler à mots couverts, soit de lever énoncer ce qui doit être mystères pour eux. Toutefois je parlerai, m’appliquant, autant que possible, à laisser les mystères dans l’ombre.
Après avoir prononcé ces paroles pleines de redoutables mystères, les règles des dogmes qu’il faut respecter avec crainte, les lois envoyées du ciel, nous finissons par ajouter, au moment du baptême, ces paroles que nous ordonnons de prononcer : Je crois à la résurrection des morts ; et c’est dans cette foi-là que nous sommes baptisés. Ce n’est qu’après cette profession ajoutée aux autres, que nous sommes plongés dans la source de ces eaux sacrées. Voilà ce que Paul rappelait aux fidèles, quand il disait : « S’il n’y a pas de résurrection, pourquoi êtes-vous baptisés pour les morts ? » ce qui veut dire, pour les corps. Car si vous êtes baptisé, c’est que vous croyez à la résurrection du corps mort, vous croyez qu’il ne reste pas mort. Quant à vous, c’est par des paroles que vous exprimez là, résurrection des morts ; mais, pour le prêtre, il a comme une image à lui, et ce que vous avez cru, ce que vous avez confessé par des paroles, cette image vous en montre la réalité. Vous croyez sans avoir de signe, et le prêtre vous donne un signe ; vous commencez par faire ce qui dépend de vous, et alors Dieu vous donne une certitude. Comment cela ? par quel moyen ? Au moyen de l’eau : Le baptême, l’immersion suivie du mouvement contraire par lequel on remonte, on sort, c’est le symbole et de la descente aux enfers, et du retour. Voilà pourquoi Paul appelle encore le baptême une sépulture : « Car nous avons été ensevelis avec lui par le baptême pour la mort ». (Rom. 6,4) L’apôtre y trouve une preuve de la condition à venir ; j’entends par là, la résurrection des corps. Le pouvoir de ressusciter le corps n’approche pas de celui qui détruit les péchés. Jésus-Christ, à ce propos, disait : « Car lequel est le plus aisé, ou de dire : Vos péchés vous sont remis ; ou de dire : Emportez votre lit, et marchez ? » (Mt. 9,5, 6) C’est le premier qui est le plus difficile ; mais comme vous ne croyez pas à ce qui n’est pas évident pour vous, comme le plus facile peut vous servir, à défaut du plus difficile, à vous montrer ma puissance, je ne veux pas vous refuser même cette moindre marque. « Alors Jésus dit au paralytique : Levez-vous, emportez votre lit, et rentrez dans votre maison ».
2. Et quelle difficulté trouvez-vous là, dira-t-on, puisque les rois et les princes peuvent en faire autant ? Ils remettent les fautes des adultères et des meurtriers. Vous plaisantez, ô homme ; à Dieu seul appartient le pouvoir de remettre les péchés ; pour les rois et les princes qui renvoient, qui acquittent des adultères et des meurtriers, ils leur font grâce du supplice présent, mais ils ne les purifient pas ; ils auraient beau les élever aux honneurs après les avoir absous, les revêtir de la pourpre, leur mettre au front le diadème, ils pourront en faire des rois, mais non les affranchir de leur péché. À Dieu seul ce pouvoir. C’est l’œuvre que Dieu opère dans le baptême de la régénération ; il pénètre l’âme de sa grâce, et en extirpe jusqu’à la racine du péché. Voilà pourquoi tel que le prince a gracié, montre une âme couverte de souillure ; mais il n’en est pas de même de celui qui a été baptisé : il est plus pur que les rayons du soleil, il est comme au jour qui l’a vu naître, ou plutôt son âme est bien plus éclatante encore de pureté. Car elle jouit pleinement de tous les feux du Saint-Esprit qui l’embrase et qui augmente sa sainteté. Fondez l’or et l’argent, vous en faites un nouveau et pur métal : ainsi fait l’Esprit-Saint dans le baptême, il fond l’âme comme dans une fournaise, il en consume les péchés, il la rend plus éclatante que l’or le plus pur. Et c’est une nouvelle preuve qui vous assure encore de la résurrection des corps. Car puisque c’est le péché quia introduit la mort dans le monde, une fois que la racine est desséchée, n’en doutons plus, ne contestons plus, le fruit du péché est mort.
Voilà pourquoi vous avez commencé par confesser la rémission des péchés, ce n’est qu’ensuite que, faisant un pas de plus, vous confessez la résurrection des corps ; c’est la première de ces vérités qui vous conduit à la