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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/593

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seconde. Ensuite comme il ne suffit pas de dire simplement résurrection, comme il faut la comprendre dans ce qu’elle a d’absolu (en effet beaucoup sont ressuscités, qui sont retombés dans la mort, comme tous les ressuscités de l’Ancien Testament, comme Lazare, au temps de la croix), on vous dit d’ajouter, et pour la vie éternelle, afin qu’on ne s’imagine pas qu’il y ait une mort après cette résurrection. Telles sont donc les paroles que Paul rappelle quand il dit : « Que feront ceux qui sont baptisés pour les morts ? » Car, s’il n’y a pas, dit-il, de résurrection, ces paroles ne sont qu’une comédie. S’il n’y a pas de résurrection, comment pouvons-nous leur persuader de croire à ce que nous ne donnons pas ? Supposez un homme qui exige d’une personne un billet déclarant qu’elle a reçu ceci, cela, qui ne donne rien à cette personne de ce qui est écrit, et qui finisse par lui réclamer, son billet à la main, tout ce que le billet comporte. Que pourra faire le signataire du billet, qui s’est ainsi exposé, qui n’a rien reçu de ce qu’il a reconnu ? Tel est le sens de ce que dit Paul au sujet des baptisés. Que feront-ils, ces baptisés, dit l’apôtre, qui ont souscrit à la résurrection des corps morts, qui ne la reçoivent pas, qui sont trompés ? À quoi servait cette confession, cette reconnaissance, si la réalité ne devait pas en être la conséquence ?
« Et pourquoi nous-mêmes, nous exposons-nous, à toute heure, à tant de périls ? Il n’y a point de jour que je ne meure, oui, par la gloire que je reçois de vous, en Jésus-Christ (30, 31) ». Voyez encore où il cherche une preuve à l’appui du dogme ; il la trouve dans son propre suffrage ; parlons mieux, ce n’est pas seulement dans son propre suffrage, mais aussi dans celui des autres apôtres. Il y a de la force dans le raisonnement qui montre les docteurs si profondément convaincus, et prouvant leurs convictions non seulement par leurs discours, mais par leurs actions mêmes. Aussi Paul ne se contente pas de dire : Nous aussi, nous sommes persuadés, car ces paroles n’auraient pas suffi pour opérer la persuasion, mais il fait la démonstration par les actions mêmes ; c’est comme s’il disait : La confession par des paroles ne, vous paraît peut-être pas bien étonnante ; mais si nous vous faisions entendre la grande voix qui sort des œuvres, qu’auriez-vous à y objecter ? Écoutez donc ce que vous disent les périls par lesquels nous confessons chaque jour ces vérités. Et il ne dit pas : Pourquoi moi-même ; il dit : « Et pourquoi nous-mêmes » ; il montre auprès de lui tous les apôtres à la fois, unissant ainsi à la modestie tout ce qui peut donner de l’autorité à ses – paroles. Que pourriez-vous nous répondre ? Que c’est pour vous tromper que nous publions cette doctrine, et qu’une vaine glaire seule a fait de nous des docteurs ? Mais nos périls vous empêchent de porter ce jugement. Car qui voudrait s’exposer inutilement à des périls sans fin ? Voilà pourquoi il dit : « Pourquoi nous-mêmes, nous exposons-nous à toute heure ? » Supposez, en effet, un homme poussé d’un vain désir de gloire, il s’exposera une fois, deux fois, mais non pendant tout le cours de sa vie, ce que nous faisons ; car c’est à de tels périls que nous avons voué notre vie tout entière. « Il n’y a point de jour que je ne meure, oui, par la gloire que je reçois de vous en Jésus-Christ ». Cette gloire dont il parle ici, ce sont les progrès des fidèles.
Comme il vient de rappeler ces innombrables périls, l’apôtre ne veut pas avoir l’air d’en gémir ; non seulement, dit-il, je ne m’en afflige pas,-mais je m’en glorifie, parce que je les affronte pour vous. Il a, dit-il, deux raisons de se glorifier, et parce que c’est pour eux qu’il affronte les périls, et parce qu’ils lui donnent sa récompense. Ensuite, selon son habitude, après de fières paroles, l’apôtre rapporte au Christ l’une et l’autre de ces deux raisons de se glorifier. Mais que signifie, qu’il n’y a pas de jour qu’il ne meure ? Il meurt par le désir, et parce qu’il se prépare sans cesse à la mort. Et pourquoi le dit-il?. Encore une preuve à l’appui de ce qu’il soutient sur la résurrection. Car, dit-il, quel homme voudrait subir mille fois la mort, s’il n’y avait ni résurrection, ni de vie après tant de souffrances ? Si les fidèles qui croient à la résurrection, ont tant de peine à s’exposer à de pareils dangers, s’il faut pour cela une âme tout à fait généreuse, à bien plus forte raison celui qui n’a pas la foi ne voudra pas supporter tant de morts, et de morts si terribles : Vous voyez comme ses expressions deviennent peu à peu de plus en plus énergiques. « Nous nous exposons », dit-il ; ensuite il ajoute : « À toute heure » ; ensuite : « Il n’est pas de jour ». Il finit par ne plus dire seulement : Je m’expose ; il dit plus (582) :