Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/597

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que tout le monde passe auprès de vous ? Quel est ce délire, quelle est cette monstruosité ? Uri cheval ne se croit pas injurié par un autre cheval qui vient derrière lui ; et un homme, si les autres hommes ne sont pas refoulés à plusieurs stades, se croira insulté ? Et qui signifient ces serviteurs faisant office de licteurs, ces hommes libres servant comme des esclaves, ou plutôt que prétendez-vous avec ces mœurs plus viles, plus misérables que le plus vil esclave ? car il n’est pas d’esclave aussi méprisable que l’homme qui étale un tel faste. Aussi ne verront-ils pas la vraie liberté ceux qui ont asservi leur âme à cette détestable passion. Il vous faut quelque chose à repousser, à écarter loin de vous, n’écartez pas les passants, mais l’orgueil ; n’employez pas un serviteur pour cet office, remplissez-le vous-même, et pas m’est besoin d’autre fouet, que d’un fouet spirituel. Aujourd’hui c’est votre serviteur qui chasse les hommes sur votre chemin, mais votre orgueil vous chasse, vous précipite du haut du ciel d’une manière plus honteuse que votre serviteur ne fait du prochain. Descendez de votre cheval, chassez l’orgueil par l’humilité, et vous siégerez sur un trône plus élevé, et vous vous établirez vous-même plus haut en dignité, sans avoir besoin pour cela d’un serviteur. Quand, devenu modeste, vous ferez plus près de la terre votre chemin, vous serez assis sur le char de l’humilité qui vous élèvera jusqu’au ciel, avec ses chevaux munis d’ailes rapides ; si, au contraire, tombé de la voûte céleste, vous montez sur le char de l’orgueil, votre condition n’aura rien de supérieur à celle de ces serpents qui traînent leur ventre sur la terre, vous serez – même bien plus infortuné, bien plus digne d’être plaint. C’est l’infirmité naturelle de leur corps qui les force à se traîner ainsi, mais vous, ce qui vous aura dégradé, c’est l’orgueil, c’est ce funeste mal. Car « tout ce qui s’élève sera abaissé », dit l’Évangile. (Mt. 23,12) Préservons-nous donc de cet abaissement, et pour être élevés, sachons reconnaître la vraie élévation. C’est ainsi que nous trouverons le repos de nos âmes, selon l’oracle divin, et que nous obtiendrons l’honneur qui est le seul vrai et le plus élevé ; puissions-nous tous entrer dans ce partage, par la grâce et par la bonté de. Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel, gloire, puissance, honneur, au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. ==HOMÉLIE