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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/604

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Ps. 26,1]]) Dites : vous êtes le père des orphelins, et le juge des veuves, et attirez sur vous son secours, et vous verrez qu’il prendra encore plus de soin de vous qu’auparavant, un soin d’autant plus vigilant que vous serez dans une plus grande détresse. Mais vous avez perdu un fils ? Vous ne l’avez pas perdu, ne prononcez pas ces paroles : ce que vous voyez, c’est un sommeil, non une mort ; c’est un voyage, non une destruction ; c’est un passage d’un état inférieur, à une meilleure condition. N’irritez pas Dieu, mais rendez-le propice. Si vous supportez le coup avec une force généreuse, il en résultera, pour celui qui n’est plus, et pour vous, une douce consolation si vous faites le contraire, vous irritez ta colère de Dieu. Car si à la vue d’un esclave battu de verges par son maître ; vous montrez votre mécontentement, vous ne faites qu’exciter contre vous le mécontentement du maître. N’agissez pas ainsi, mais rendez grâces à Dieu, afin que cette conduite dissipe le nuage de votre affliction : dites comme ce bienheureux : « Le Seigneur m’a donné, le Seigneur m’a enlevé » ; considérez combien de personnes plus que vous agréables à Dieu, n’ont jamais eu de fils, combien d’hommes n’ont jamais porté le nom de pères. Ni moi non plus, répondra-t-on, je ne voudrais pas avoir eu de fils ; il aurait bien mieux valu pour moi ne pas faire cette expérience, que de goûter un pareil plaisir, et de le perdre après. Non, je vous en prie, ne prononcez pas de telles paroles, ne provoquez pas ainsi la colère du Seigneur ; faites mieux, rendez grâces à Dieu des biens que vous avez reçus ; pour ceux que vous ne gardez pas toujours, glorifiez le Seigneur. Job ne dit pas : il eût mieux valu pour moi n’avoir rien reçu ; ce que dit votre ingratitude, mais Job même pour les biens enlevés rendait grâces au Seigneur ; il disait : « Le Seigneur m’a donné », pour les biens perdus, il le bénissait en disant « Le Seigneur m’a enlevé : que le nom du Seigneur soit béni dans tous les siècles ». Il fermait la bouche à sa femme, par des raisonnements d’une sagesse merveilleuse, et il faisait entendre ces paroles admirables : « Si nous avons reçu des biens du Seigneur, n’en supporterons-nous pas aussi des maux ? » Or l’épreuve qu’il eut à subir ensuite fut encore plus terrible ; elle ne le brisa pas,.il tint bon, il supporta tout avec courage, il se mit à glorifier Dieu. Faites de même, réfléchissez-vous aussi en vous-même : ce n’est pas un homme qui vous a pris celui que vous pleurez ; c’est Dieu qui a tout fait, Dieu qui a de vous plus de souci que personne, Dieu qui comprend le mieux l’intérêt de tous, Ce n’est pas un ennemi, un méchant qui vous a frappé. Voyez combien d’enfants n’ont vécu que pour rendre la die impossible à leurs parents. Mais vous ne voulez pas voir, me dira-t-on, les enfants d’un noble cœur. Je les vois, eux aussi, mais je dis qu’ils sont moins en sûreté que votre fils, Quelque bonne estime qu’on en fasse, leur fin n’en est pas moins incertaine ; pour votre enfant, au contraire, vous n’avez plus à trembler, nous n’avez plus rien à craindre, à redouter pour lui quelque changement que ce soit. Appliquez ces pensées à une épouse qui avait la beauté eu partage, qui était une bonne gardienne de votre maison, et pour toutes choses bénissez Dieu ; vous avez perdu votre épouse, bénissez le Seigneur. Peut-être Dieu veut-il vous amener à la continence, à des œuvres plus hautes, rompre vos liens. Si nous nous livrons à ces pensées de la sagesse, nous conquerrons, pour la vie présente, la tranquillité de l’âme, et, pour la vie à venir, les couronnes, etc.
Traduit par M. PORTELETTE ==