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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/606

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était seulement terrestre, ou bien avait-il une autre nature, parente des natures supérieures et incorporelles, que l’Écriture appelle âmes et esprits ? Il est clair qu’il avait aussi cette nature. Et ainsi le Seigneur lui-même n’était pas seulement une nature céleste. Quoiqu’il soit dit « du ciel », il s’était encore incarné. Ce qu’il veut donc dire est ceci : « Comme nous avons reproduit l’image de l’homme terrestre », les actions mauvaises, « reproduisons l’image de l’homme céleste », c’est-à-dire, la vie parfaite qui est au ciel. S’il parlait de la nature, ces exhortations et ces conseils seraient inutiles. C’est pourquoi il est démontré que ces paroles s’appliquent à là conduite de la vie. Et c’est à dessein qu’il s’est servi de cette expression, et ce mot d’image montre encore d’une autre manière, qu’il parle des actions, et non de la nature. En effet, nous avons été faits terrestres, quand nous avons fait le mal. Ce n’est pas dès le commencement que nous avons été faits terrestres, mais quand nous avons péché. En effet, le premier péché a existé avant la mort ; c’est après le premier péché que Dieu dit : « Tu es né de la terre et tu retourneras à la terre ». (Gen. 3,19) C’est alors aussi que les passions et les désordres sont entrés en foule dans l’âme. De ce que l’on est né de la terre, il né s’ensuit pas absolument que l’on soit terrestre, car le, Seigneur aussi était formé de la même matière, mais c’est de faire des choses terrestres ; de même qu’être céleste, c’est accomplir des actions dignes du ciel. Mais pourquoi nous donner une peine inutile pour le prouver ? Lui-même, dans la suite de ses paroles, Mous en découvre le sens, disant : « Je vous le dis », mes frères, « la chair et le sang ne posséderont point le royaume de Dieu (50) ».
Voyez-vous comment il s’explique lui-même et nous évite la peine de le faire. C’est ainsi qu’il agit en beaucoup d’endroits. Ce qu’il appelle chair, ce sont les actions mauvaises, ainsi qu’il fait en un autre endroit : « Vous n’êtes pas en chair » ; et ailleurs encore : « Ceux qui sont, en chair ne peuvent plaire à Dieu ». (Rom. 8,9, 8) C’est pourquoi par ces paroles : « Je le dis », il veut nous faire entendre que sous ces discours ont pour objet de nous apprendre que les actions mauvaises ne nous introduiront point dans le royaume du ciel. Après la résurrection, il parle aussitôt du royaume du ciel, et c’est pour cela qu’il ajoute : « La corruption ne possédera point cet héritage incorruptible », c’est-à-dire, le vice ne possède pas cette gloire, cette perception et cette jouissance des choses incorruptibles : En beaucoup d’autres endroits il se sert encore de la même expression, disant : « Celui qui sème dans la chair récoltera la corruption de la chair ». (Gal. 6,8) S’il parlait du corps, et non pas es actions mauvaises, il ne dirait pas la corruption ; car, en aucun endroit il n’appelle le corps sine corruption. En effet, ce n’est pas une corruption, mais une substance corruptible. Aussi, dans la suite de son discours, quand il parle du corps, il ne l’appelle pas une corruption, mais une substance corruptible, disant : Il faut que cette substance corruptible soit revêtue de l’incorruptibilité. Après qu’il a fini ces exhortations relatives à la conduite de la vie, il fait ce qu’il a coutume de faire, il mêle continuellement un sujet à un autre sujet, il revient à son discours sur la résurrection, disant : « Voici que je dis un mystère (51) ».
2. Il va donc révéler un mystère vénérable, et que tous ne connaissent pas ; il montre qu’il leur fait là un grand honneur en leur révélant les choses cachées. Et qu’est-ce ? « Nous ne mourrons pas tous, mais nous serons tous changés ». Voici ce qu’il veut dire : nous ne mourrons pas tous, mais nous serons tous transformés, même ceux qui ne meurent point ; car ceux-là aussi sont mortels. Parce que vous mourrez, dit-il, ne craignez pas de ressusciter ; il en est, en effet, il en est quelques-uns qui éviteront la mort, et cependant cela ne leur suffit pas pour la résurrection, mais il faut que ces corps mêmes qui ne meurent point soient transformés et passent à un état incorruptible. « En un moment, en un clin « d’œil, au son de la trompette du jugement dernier. (52) ». Comme il a longuement parlé de la résurrection, il montre à propos ce qu’il y a d’étonnant en elle, et de contraire à l’opinion commune. En effet, dit saint Paul, il n’est pas seulement étonnant que les corps se putréfient d’abord et ressuscitent ensuite, et que les corps ressuscités l’emportent sur ceux que nous voyons aujourd’hui ; ni qu’ils passent à une condition bien meilleure, ni que chacun reçoive ce qui lui appartient, et que personne ne reçoive ce qui appartient à d’autres ; mais, ce qui est étonnant, c’est que tant