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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/607

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de miracles et de si grands, et qui dépassent toute raison et toute imagination, s’accomplissent en ce moment. Et pour exprimer cela plus clairement, il dit : « En un clin d’œil », c’est-à-dire, dans le temps qu’il faut pour fermer les yeux. Ensuite comme il parle d’une chose grande et qui doit nous frapper de stupeur, de tant de merveilles accomplies tout d’un coup ; il ajoute pour le prouver et : pour rendre croyable ce qu’il dit : « En effet, la « trompette sonnera et les morts ressusciteront incorrompus, et nous serons transformés ». Cette parole « nous » ne s’applique pas à lui-même, mais à ceux qui alors seront trouvés vivants. « Il faut que cette substance corruptible soit revêtue d’incorruptibilité (53) ». Quand vous entendrez dire que la chair et le sang ne posséderont pas le royaume de Dieu, pour que vous n’alliez pas croire que les corps ne ressuscitent pas, il ajoute : « Car il faut que ce corps corruptible sait revêtu de l’incorruptibilité, et que ce corps mortel soit revêtu de l’immortalité ». Le corps est corruptible et mortel, et c’est pour cela que le corps subsiste ; car le corps, c’est la substance. La mortalité et la corruption, au contraire, sont détruites et disparaissent, tandis que l’immortalité et l’incorruptibilité deviennent le partage du corps. Ne doutez donc plus que le corps ne doive vivre éternellement, en apprenant qu’il devient incorruptible et qu’il est affranchi des lois de la mort.
Quand ce corps corruptible aura revêtu l’incorruptibilité, et que ce corps mortel aura revêtu l’immortalité ; alors sera accomplie cette parole de l’Écriture : « La mort a été absorbée par la victoire (54) ». Après avoir révélé de grands mystères, il rend tout ce qu’il avance croyable et digne de foi, en s’appuyant sur la prophétie. La mort a été absorbée par la victoire ; c’est-à-dire, que le rôle de la mort est terminé. Il n’en geste plus rien ; elle ne reviendra plus. L’incorruptibilité a détruit la corruption et la mort. « O mort, où est ta victoire ? Enfer, où est ton aiguillon (55) ? » Quelle force et quelle noblesse d’inspiration ! C’est comme un sacrifice offert à la victoire. C’est un mortel inspiré de Dieu qui, l’œil fixé sur l’avenir comme sur un fait déjà accompli, insulte à la mort terrassée ! et, le pied sur la tête de l’ennemi vaincu, entonne un chant de victoire, en s’écriant « O mort, où est ton aiguillon ? Enfer, où est ta victoire ? » C’en est fait de tes armes ; tu as travaillé en vain. Voilà en effet la mort dépouillée de ses armes ! La voilà vaincue ! Que dis-je ? Elle disparaît, elle rentre dans le néant. « Or le péché est l’aiguillon de la mort : et sa loi est la force du péché (56) ». Voyez-vous comme il parle de la mort corporelle ? C’est donc aussi de la résurrection du corps qu’il veut parler. Car s’il n’y a pas « de résurrection pour le corps, comment la mort est-elle absorbée?. Ce n’est point ici la seule difficulté ; comment en outre la loi est-elle la force du péché ? C’est qu’en l’absence de la loi, le péché n’avait pas un caractère aussi, prononcé ; il avait bien lieu, mais on ne pouvait le frapper d’une condamnation aussi énergique. La loi n’a pas peu contribué à le mettre en relief, en lui infligeant de plus rudes châtiments. Que si, en voulant guérir le mal, elle l’a aggravé, le coupable, dans ce cas, n’est pas le médecin ; c’est le malade qui n’à pas sa profiter du remède. La venue du Christ aussi a été funeste aux Juifs ; elle n’a fait qu’aggraver et grossir le fardeau de leurs iniquités. Mais ce n’est pas là une raison pour blâmer le Christ ; le Christ n’en est que plus admirable, et les Juifs n’en sont que plus odieux pour avoir tourné contre eux-mêmes l’instrument de leur salut. Ce qui prouve que, par elle-même, la foi ne peut servir d’auxiliaire du péché, c’est que le Christ l’a strictement observée, et que le Christ était exempt de péchés. Mais réfléchissez, et vous verrez que les vérités exprimées par Paul au sujet du péché et de la loi viennent à leur tour confirmer 1e dogme de la résurrection. Si en effet le péché était par lui-même une cause de mort, si le Christ est venu détruire le péché et nous en délivrer par le baptême, si d’un autre côté il a détruit et anéanti l’ancienne loi, dont la violation et la transgression donnait au péché plus de consistance, pourquoi douter encore de la résurrection ? Comment la mort s’y prendra-t-elle désormais pour conserver son empire ? Se servira-t-elle de la loi ? elle est dissoute et abrogée. Se servira-t-elle du péché ? mais le péché est extirpé jusque dans sa racine. « Rendons grâce à Dieu qui nous a donné la victoire par Notre-Seigneur Jésus-Christ (57) ».
3. Car Jésus a élevé un trophée et nous a