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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/615

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servi », dit ailleurs l’apôtre, « dans la prédication de l’Évangile, comme un fils servirait son père ». (Phil. 2,22) insolents à l’égard du disciple, ils le fussent devenus à l’égard du maître lui-même, c’est là ce que Paul veut prévenir par ces paroles : « Ayez soin qu’il soit en sûreté parmi vous ». C’est-à-dire, qu’aucun de ces pécheurs désespérés ne s’élève contre lui. Timothée devait probablement ajouter ; de vive voix, des réprimandes à celles qui étaient contenues : dans la lettre apostolique et sur les mêmes sujets. C’était du reste la raison pour laquelle l’apôtre annonçait, qu’il l’envoyait. « Je vous envoie Timothée », dit-il, « qui vous fera souvenir de mes voies en Jésus-Christ, et de ce que j’enseigne partout dans toute l’église ». (1Cor. 4,17) Paul craint donc que ces Corinthiens, fiers de leur noblesse et de leurs richesses, confiants dans l’appui de la multitude et dans leur sagesse selon le monde, n’en viennent à s’insurger contre son disciple ; qu’ils ne le méprisent, qu’ils ne lui tendent des embûches, et, qu’exaspérés par les réprimandes du maître et du disciple, ils n’en demandent raison à celui-ci et né s’en vengent sur lui. Voilà pourquoi il leur écrit cette parole : « Ayez soin qu’il soit en sûreté parmi vous ». Ne venez pas m’alléguer les païens et les infidèles. C’est pour vous que j’écris toute cette épître, ainsi j’attends cela de vous : C’étaient eux aussi qu’il avait effrayés dès le commencement. Tel est le sens de ce mot : « parmi vous ».
Il l’accrédite ensuite en le louant de la manière dont il s’acquitte de son ministère « Parce que », dit-il, « il travaille à l’œuvre du Seigneur ». Ne considérez pas qu’il n’est pas riche, ni savant, ni âgé, mais considérez sa mission et ses œuvres. « Parce qu’il travaille à l’œuvre du Seigneur ». Cela seuil lui tient lieu de noblesse, de richesse, d’âge et de science. Saint Paul ne s’en tient pas là, mais il ajoute : « Aussi bien que moi ». Il a déjà dit plus haut : « Il est mon Fils bien-aimé et fidèle dans le Seigneur ; il vous fera souvenir de mes voies en Jésus-Christ ». Or, il était jeune et chargé seul de la correction d’un grand peuple, deux circonstances propres à lui attirer le mépris des Corinthiens, saint Paul le prévient et dit : « Que personne ne le méprise (11) ». Il demande quelque chose de plus, il veut qu’on l’honore : « Mais reconduisez-le en paix », c’est-à-dire en toute tranquillité, saris susciter de disputes ni de querelles, en lui témoignant, non des inimitiés et des haines, mais de la soumission et de l’honneur, en l’écoutant comme un maître. « Afin qu’il vienne me trouver, parce que je l’attends avec nos frères ». Ceci est encore dit pour effrayer les Corinthiens. C’est afin qu’ils sachent que Timothée ne manquera pas de lui rapporter comment il aura été traité par eux, et que cette pensée les rende plus honnêtes à son égard, que l’apôtre ajoute : « Car je l’attends ». Il leur montre aussi par là même la considération dont Timothée est digne, puisque, devant faire un voyage, il l’attendait pour l’emmener avec lui ? de plus, c’était leur témoigner de la charité que de leur envoyer un homme qui lui était si utile. – « Pour ce qui est de mon frère Apollon, je l’ai fort prié devons aller voir avec quelques-uns de nos frères (32) ». Il paraît qu’Apollon était fort instruit et bien plus âgé que Timothée. Les Corinthiens auraient pu dire : Pourquoi donc nous a-t-il envoyé un jeune homme fait ? Saint Paul va au-devant de cette plainte en donnant à Apollon le nom de frère, et en leur disant qu’il l’a fort prié de les aller voir. Afin que l’on ne croie pas qu’il a préféré Timothée et que c’est pour cette raison qu’il n’a pas envoyé Apollon, ce qui aurait excité la jalousie, il ajoute : « Je l’ai fort prié d’y aller ». Quoi donc ? Apollon n’aurait pas cédé, n’aurait pas consenti ? Il aurait contesté, il aurait résisté ? Saint Paul ne dit pas cela ; il veut se disculper sans accuser Apollon, et il dit : « Mais enfin, il n’a pas cru devoir se rendre près de vous présentement ». Ensuite, afin qu’on ne dise pas : Ce n’est là qu’un subterfuge et un prétexte, il ajoute : « Il ira vous voir, lorsqu’il en trouvera l’occasion favorable ».
C’est là un mot d’excuse en faveur d’Apollon, qui a aussi pour effet d’adoucir le regret qu’avaient les Corinthiens de ne pas le voir venir, en leur faisant espérer qu’il viendrait bientôt. Puis il leur montre qu’ils doivent mettre l’espoir de leur salut non pas seulement dans leurs maîtres, mais surtout en eux-mêmes, et il dit : « Soyez vigilants, demeurez fermes dans la foi (13) ». Dans la foi, non dans la sagesse humaine ; ce né serait plus là se tenir fermes, mais se précipiter. Garder ta foi, c’est rester debout. – « Agissez en hommes de cœur ; armez-vous de force et de vigueur. Faites avec charité tout ce que vous faites (14) ».