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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/616

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En parlant ainsi il semble les exhorter, mais dans le fond il leur reproche leur négligence. Leur dire comme il fait, de « veiller, de se retenir fermes, de montrer du courage et de la vigueur », d’agir en tout avec charité, c’est supposer qu’ils sommeillent, qu’ils sont chancelants, qu’ils sont amollis, qu’ils sont divisés. – « Veillez, et tenez-vous termes » est dit pour les mettre en garde contre les trompeurs, « soyez des hommes de cœur », contre ceux qui tendaient des pièges ; « faites avec charité tout ce que vous faites », contre ceux qui tentaient de les diviser, en factions, car la charité est le lien de toute perfection, ainsi que la racine et la source de tous les biens. Mais que veut dire cette parole : « Faites tout avec charité ? » C’est-à-dire : soit que vous repreniez, soit que vous commandiez, soit que vous obéissiez, soit que vous appreniez, soit que vous enseigniez, faites avec charité tout ce que vous faites. Cartons les désordres que l’apôtre combat, ne venaient que de ce qu’on avait négligé la charité. Si les Corinthiens l’eussent pratiquée avec plus de soin, ils n’auraient pas connu l’enflure du cœur et ils n’auraient pas dit : Moi je suis à Paul, moi je suis à Apollon. Avec la charité ils n’auraient point plaidé devant les tribunaux païens, ou plutôt ils n’auraient point plaidé du tout. Avec la charité, l’incestueux n’eût point touché la femme de son père ; les frères n’auraient point méprisé leurs frères qui étaient faibles, ils n’auraient point eu d’hérésies parmi eux, ils n’auraient pas tiré vanité des dons spirituels. Telle est la raison de cette parole : « Faites avec charité tout ce que vous faites ».
2. « Or vous connaissez », mes frères, « la maison de Stéphanas, vous savez qu’elle a été les prémices de l’Achaïe, et qu’elle s’est vouée au service des saints (15) ». Saint Paul avait parlé de Stéphanas dès le commencement de cette épître : « J’ai baptisé », dit-il, « la maison de Stéphanas ». (1Cor. 1,16) Il dit ici qu’elle est les prémices, non seulement de Corinthe, mais de toute la Grèce. Et ce n’est pas pour eux une petite gloire qu’ils aient été les premiers â embrasser la foi de Jésus-Christ. Dans l’épître aux Romains, Paul donne à quelques-uns un semblable éloge : « Ils ont été engendrés même avant moi en Jésus-Christ ». Il ne dit point ici qu’ils ont cru les premiers, mais qu’ils ont été les prémices, ce qui témoigne qu’après avoir reçu la foi, ils avaient mené une vie très vertueuse, montrant par leurs actions comme par des fruits excellents qu’ils étaient dignes de louange. Pour être appelés prémices, il leur fallait être meilleurs que les autres dont ils étaient les prémices, tel est donc le témoignage que saint Paul leur rend par cette parole. Car je le répète, ils n’avaient pas seulement cru sincèrement, mais ils avaient montré une très grande piété, une éminente vertu et beaucoup de zèle dans – la pratique de l’aumône. Il fait encore juger de leur piété d’une autre manière, en donnant à entendre que toute leur maison était remplie de sainteté ; que leur vie fût chargée d’une ample moisson de bonnes œuvres, la suite l’indique assez : « Ils se sont voués,», dit l’apôtre ; « au service des saints ». Vous entendez les louanges données à leur hospitalité. L’apôtre ne dit pas qu’ils servent mais, « qu’ils se sont voués au service » ; ils y ont consacré toute leur vie, ce service est devenu leur occupation, leur profession. « C’est pourquoi je vous supplie d’avoir pour eux la déférence due à des personnes de cette sorte (16) » ; c’est-à-dire de les secourir ; de les aider, de partager avec ; eux la dépense et les soins matériels nécessaires. Car leur peine sera Moins grande lorsqu’ils auront des aides, et l’avantage s’en répandra sur plus de personnes. Il ne dit pas simplement : « Travaillez avec eux », mais « Obéissez-leur en ce qu’ils vous commandent » ; et il entend parler d’une soumission profonde. Et pour que ceci ne ressemble pas à une faveur, il ajoute : « Ayez cette même déférence pour tous ceux qui : coopèrent à l’œuvre de Dieu », Que ce soit là, veut-il dire, Une loi commune, ce n’est pas un privilège que j’établis en leur faveur, mais que toute personne qui leur ressemblera jouisse des mêmes avantages. C’est pourquoi avant de les louer, il prend à témoin les Corinthiens eux-mêmes de ce qu’il va dire : « J’en appelle à vous ; vous connaissez la maison de Stéphanas ». C’est-à-dire : vous savez vous-mêmes comment ils travaillent, et vous n’avez pas besoin de l’apprendre de nous.
« Je me réjouis de l’arrivée de Stéphanas, de Fortunat et d’Achaïque, parce qu’ils ont suppléé ce que vous n’étiez pas à portée de faire par vous-mêmes. Car ils ont consolé mon esprit et le vôtre (17, 18) ». Comme il était naturel de supposer que les Corinthiens étaient irrités contre ceux-là, parce que chargés de