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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/617

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consulter saint Paul touchant les vierges et les personnes mariées, ils lui avaient en même temps donné avis des disputes et des schismes qui les divisaient, l’apôtre fait tout ce qu’il peut pour les adoucir, en leur disant au commencement de cette épître : « J’ai appris par ceux qui sont de la maison de Chloë ». Il cache les autres et ne parle que de ceux-ci apparemment les autres l’avaient renseigné par le moyen de ceux-ci. Lorsqu’il dit : « Ils ont suppléé ce que vous n’étiez pas à portée de faire par vous-mêmes ; ils ont consolé mon esprit et le vôtre », il fait comprendre qu’ils étaient venus au lieu de tous, et que c’était dans l’intérêt de toute l’Église qu’ils avaient entrepris un si long voyage. Comment donc rendrez-vous commun à tous ce qui leur est propre ? Ce sera si vous compensez ce qui vous a manqué par l’affection que vous aurez pour eux, par l’honneur que vous leur rendrez, et par vos bons offices en les recevant charitablement, et en leur faisant part de vos biens. C’est pourquoi il dit : « Ayez de la considération pour de telles personnes ». En louant ceux qui sont venus, il n’oublie pas ceux qui les ont envoyés, il les comprend les uns et les autres dans le même éloge, en disant : « Ils ont consolé mon esprit et le vôtre ». Ayez donc une grande considération pour de telles personnes qui ont laissé pour votre service leur patrie et, leur maison. Admirez la prudence de l’apôtre ; il a soin de montrer que ces personnes ne l’avaient pas obligé lui seul, mais encore tous les Corinthiens, puisqu’ils s’étaient chargés des intérêts de toute la ville c’était un bon moyen pour les recommander, et pour empêcher les Corinthiens de s’éloigner d’eux, puisqu’en leurs personnes ils avaient tous paru devant saint Paul. « Toutes les Églises de l’Asie vous saluent (19) ». Saint Paul réunit toujours tous les membres de l’Église les uns avec les autres par le moyen de ces salutations. « Aquilas et Priscille vous saluent avec beaucoup d’affection en Notre-Seigneur ». Il demeurait chez eux étant faiseur de tentes comme eux. « Avec l’église qui est dans leur maison ». Grande gloire pour eux d’avoir fait de leur maison une église. « Tous nos frères vous saluent ; saluez-vous les uns les autres par un saint baiser (20) ». Ce n’est qu’en cet endroit que l’apôtre, au mot de salutation, ajoute celui de saint baiser. Pourquoi le fait-il ? Parce qu’il y avait chez les Corinthiens de profondes divisions et qu’ils disaient : « Je suis à Paul, je suis à Apollon, je suis à Céphas, je suis à Jésus-Christ » ; parce que l’un mourait de faim pendant que l’autre était ivre, parce qu’ils se livraient. Aux disputes, aux jalousies, aux procès. Ils se jalousaient aussi les uns les autres au sujet des dons spirituels, et ils en tiraient vanité. Ainsi après avoir travaillé à concilier leurs esprits par ses exhortations, il les prie naturellement de s’unir par un saint baiser. Le baiser unit étroitement, et de deux corps n’en fait plus qu’un. Ce mot de « saint » fait voir que le baiser doit être exempt de fraude et d’hypocrisie. « La salutation est de ma main à « moi Paul (21)». Ceci témoigne du soin avec lequel la lettre a été écrite. C’est encore ce qu’indique ceci : « Si quelqu’un n’aime pas Notre-Seigneur Jésus-Christ, qu’il soit anathème (22)».
3. Par cette seule parole, il effraye tous ceux qui rendaient leurs membres les membres d’une prostituée, ceux qui scandalisaient leurs frères en mangeant des viandes offertes aux idoles, ceux qui se disaient adeptes de tel ou tel homme, ceux qui ne croyaient pas à la résurrection, non seulement il les épouvante, mais il leur montre la voie de la vertu et la source du mal. Car, comme une charité forte et active éteint toutes les espèces de péchés et les détruit, de même une charité faible et languissante les fait tous naître. « Maran Atha ». Pourquoi ce mot ? pourquoi se servir d’un mot hébreu ? Parce que l’orgueil était le principe de tous les maux qu’il combattait. La sagesse humaine dont ce peuple se piquait était la cause de cet orgueil, d’où venait tout le mal et en particulier les schismes qui déchiraient l’Église de Corinthe. Pour mieux réprimer ce faste, l’apôtre ne veut pas même se servir d’un mot grée, mais il se sert d’un mot hébreu, montrant que loin de rougir de la simplicité et de la rudesse du langage, il s’en faisait gloire et l’affectait. Mais que signifie « Maran Atha ? » il signifie, Notre-Seigneur est venu. Et pourquoi dit-il cela ? Pour confirmer la foi de l’incarnation, d’où il tirait les preuves de la résurrection. De plus il voulait encore les faire rougir, comme s’il leur disait. Le Seigneur de tous s’est abaissé jusqu’à s’incarner, et vous, vous restez toujours dans le même état, vous persistez toujours dans le péché. Et vous ne tremblez pas à la pensée de la charité excessive de Dieu, principe de tous nos biens ! Songez-y seulement, et cela suffira pour vous