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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/63

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pensée a cours, même chez les païens : Epictète, esclave, estropié, pauvre comme Irus, et ami des immortels ; voilà le pauvre. L’âme du riche, au contraire, est remplie de tous les maux, de folie, de vaine gloire, de mille passions ; de colère, de fureur, d’avarice, d’injustice, de tous les vices. Il est donc clair que le premier est plus disposé que le second à la philosophie. Vous voulez savoir laquelle des deux conditions est la plus douce, car c’est là, je le vois, ce qui préoccupe beaucoup de gens. Et encore ici il n’y a pas place au doute, car celui qui est le plus près de la santé jouit d’un grand bonheur. Répondez-moi donc : Lequel, du riche ou du pauvre, est le plus disposé à observer cette lui que nous voulons rétablir ? Lequel jure le plus facilement, de celui qui s’irrite, contre ses enfants, et qui a des affaires avec mille personnes, ou de celui qui demande un morceau de pain ou un vêtement ? Celui-ci n’a aucun besoin de jurer, s’il le veut, mais passe sa vie sans rien faire. Bien plus, celui qui n’a point appris à jurer, dédaignera souvent les richesses, et verra que la pauvreté fraie de tout côté le chemin à la vertu, mène à l’équité, au mépris de la fortune, à la piété, au repos de l’âme, à la componction.
Ne nous négligeons pas, chers auditeurs, mais déployons un grand zèle : ceux qui sont corrigés, pour se maintenir en cet état, ne pas se relâcher, ne pas reculer en arrière ; ceux qui sont encore en retard, pour se relever et achever celui est commencé. En attendant que les premiers tendent la main aux seconds, comme on le fait à des naufragés afin de les amener au port, c’est-à-dire au point de ne plus jurer. Car ne pas jurer est un port réellement sûr, un port où l’on ne peut plus être submergé par la violence des vents. La colère, l’injustice, la fureur ou toute autre passion, ont beau s’agiter : l’âme est en sûreté et ne laisse plus tomber une parole déplacée, car elle ne s’est imposée aucune nécessité, aucune loi. Voyez ce qu’Hérode a fait pour remplir un serment ! il a tranché la tête du précurseur : « A cause de son serment et à cause des convives il ne voulut point la contrarier ». (Mc. 6,26) Que n’ont pas souffert les tribus, à raison du serment qu’elles avaient fait contre celle de Benjamin ? (Jdt. 21,10) Que n’a pas coûté, à Saül son serment ? Il est vrai qu’il s’est parjuré ; mais Hérode a commis un meurtre qui est encore pire qu’un parjure. Vous savez aussi ce qui est résulté du serment de Josué aux Gabaonites. Le serment est un filet du démon. Brisons donc le lien et nous pourrons facilement nous tenir en garde. Dégageons-nous du filet de Satan ; craignons l’ordre de Dieu ; prenons les meilleures habitudes, afin d’avancer, d’observer ce commandement et tous les autres, et d’obtenir les biens promis à ceux qui aiment Dieu, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui est, au Père, en union avec le Saint-Esprit, gloire, force, honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.