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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/66

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l’œuvre ne vient pas des hommes, ni qu’elle ne vient pas de Dieu ; car s’il eût dit qu’elle venait de Dieu, on l’eût contredit ; s’il eût affirmé qu’elle venait de l’homme, ils eussent été disposés à la combattre. Voilà pourquoi il leur conseille d’attendre la fin, en disant : « Ne vous occupez pas ». Eux font entendre de nouvelles menaces, bien persuadés qu’ils ne pourront rien, mais ils suivent leurs propres inclinations. Car c’est là le caractère de la malice, de tenter souvent l’impossible : « Après celui-là, se leva Judas ». Ceux qui voudront plus de détails, n’ont qu’à lire Josèphe, qui raconte fidèlement l’histoire de ses personnages ; Voyez-vous quel courage il a eu à dire : « est de Dieu », quand la suite des événements a pu seule l’amener à la foi ? Il y a là en effet une grande hardiesse de langage, et point d’acception de personnes : « Ils se rangèrent à son avis, et ayant appelé les apôtres, ils les firent fouetter de verges et les renvoyèrent ». Ils respectèrent l’opinion de cet homme ; par conséquent ils renoncèrent au projet de faire mourir les apôtres, et se contentèrent de les faire fouetter et de les renvoyer : « Mais eux sortirent du conseil pleins de joie de ce qu’ils avaient été jugés dignes de souffrir un outrage pour le nom du Christ ». Sur combien de prodiges ce prodige l’emporte ! Vous ne trouverez rien de semblable dans l’antiquité. Jérémie, il est vrai, fut flagellé pour la parole de Dieu ; Élie et d’autres encore furent menacés ; mais ici et par cela, comme par les signes miraculeux, ils manifestèrent la puissance de Dieu. On, ne dit pas qu’ils ne souffrirent point ; mais que la souffrance leur causa de la joie. Comment le voyons-nous ? Par la liberté dont ils usèrent ensuite ; même après la flagellation, ils se livrèrent à la prédication avec ardeur : « Ils ne cessaient d’enseigner et d’annoncer Jésus-Christ dans le temple et de maison en maison. Mais dans ces jours ». Quels jours ? Quand tout ceci se passait ; quand on flagellait, quand on menaçait, quand le nombre des disciples augmentait ; alors : « Un murmure s’éleva ». C’était peut-être à cause de la multitude, car il est difficile de maintenir l’ordre dans un si grand nombre : « Et beaucoup de prêtres obéissaient à la foi ». On insinue ici que beaucoup de ceux qui avaient comploté la mort du Christ, croyaient.
« Il s’éleva un murmure, parce que leurs veuves étaient dédaignées dans le service quotidien ». Il y avait donc un devoir quotidien à l’égard des veuves ; vous voyez qu’il appelle cela service, et non d’abord aumône ; c’est le moyen de relever ceux qui donnent et ceux qui reçoivent. Peut-être cela provenait-il de la négligence de la foule, et non de la malice ; il signale le mal (et il était grand), afin qu’il fût immédiatement guéri. Voyez-vous que, dès le début, il y a des maux, non seulement au-dehors, mais au dedans ? Ne songez pas seulement à la guérison du mal, mais à sa grandeur. « Mes frères, choisissez sept hommes parmi vous ». Ils n’agissent pas d’après leur propre volonté, mais ils s’excusent d’abord aux yeux de la foule. Ainsi faudrait-il encore agir maintenant : « Il n’est pas convenable que nous abandonnions la parole de Dieu pour le service des tables ». Il parle d’abord d’inconvenance, en faisant voir que les deux devoirs ne pouvaient se concilier ; comme quand il s’agissait d’élire Mathias, il parlait de nécessité, vu qu’un apôtre avait défailli et qu’ils devaient être douze. Ici aussi ils démontrent qu’il y a nécessité ; mais avant d’agir, ils avaient attendu que le murmure s’élevât ; toutefois, ils ne le laissèrent pas grandir.
3. Voyez encore : ils leur laissent le choix et préfèrent ceux qui plaisent à tout le monde et reçoivent de tous un bon témoignage. Quand il s’agissait de proposer Mathias : « Il faut », dirent-ils, « choisir un de ceux qui ont toujours été avec nous ». Ici, ils ne tiennent plus ce langage ; la question n’était pas la même. Aussi n’abandonnent-ils point le choix au sort, et quoiqu’ils pussent eux – mêmes choisir sous l’inspiration de l’Esprit, cependant ils s’en abstiennent ; ils préfèrent s’en rapporter au témoignage de la foule. Ils se réservent, il est vrai, de fixer le nombre, de régler l’élection, d’en déterminer le but : mais ils abandonnent à la multitude la désignation des sujets, pour ne pas paraître faire des faveurs, quoique Dieu eût permis à Moïse de choisir des vieillards de sa connaissance. Dans de tels offices il faut une grande sagesse. N’allez pas croire que, parce qu’ils ne sont pas chargés de prêcher, ils n’ont pas besoin de sagesse ; il leur en faut, et beaucoup. « Pour nous, nous nous appliquerons à la prière et au ministère de la parole ». Au commencement comme à la fin, ils s’excusent. « Nous