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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/67

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nous appliquerons ». Il le fallait ; ce n’était point assez d’y aller à la légère et comme au hasard ; l’application était nécessaire. « La proposition fut agréée de toute la multitude » : c’était le juste effet de leur sagesse, tous approuvèrent la proposition, parce qu’elle était raisonnable. « Et ils choisirent » (c’est le second choix qu’ils font) « Étienne, homme plein de foi et du Saint-Esprit, et Philippe, et Prochore, et Nicanor, et Timon, et Parména, et Nicolas, prosélyte d’Antioche, et les présentèrent aux apôtres. Et ceux-ci ayant prié, leur imposèrent les mains ». Ceci nous apprend que c’est la foule qui les a elle-même désignés et comme tirés de son sein, et non les apôtres. Voyez aussi comme l’écrivain est bref ; il ne dit point comment ils ont été ordonnés, mais simplement qu’ils l’ont été par la prière ; car c’était une ordination. Un homme impose la main ; mais c’est Dieu qui fait tout, c’est sa main qui touche la tête de l’ordonné, si l’ordination se fait comme il faut. « Et la parole de Dieu s’étendait, et le nombre des disciples augmentait ». Ceci n’est point dit sans raison, mais pour montrer la puissance de l’aumône et du bon ordre. Du reste, devant raconter ce qui regarde Étienne,]'écrivain en donne d’abord les motifs : « Et beaucoup de prêtres », dit-il, « obéissaient à la foi ». En voyant le chef et le docteur, parler ainsi, ils pouvaient encore juger par les œuvres. Ce qu’i][y a d’étonnant, c’est que le peuple ne se soit pas divisé dans l’élection et n’ait pas désapprouvé les apôtres.
Mais quelle dignité conféra-t-on aux élus ? Quelle ordination reçurent-ils ? C’est ce qu’il faut savoir. Était-ce celle de diacres ? Elle n’existait pas encore dais les églises ; toute l’administration, reposait sur les prêtres ; il n’y avait même pas encore d’évêques, excepté les apôtres. Ainsi, je ne vois pas que le nom de diacres ni de prêtres fût alors clairement connu et admis ; et pourtant, c’est dans ce but qu’ils furent ordonnés. On ne se contente pas de leur confier la fonction, ruais on prie pour qu’ils en aient le pouvoir. Et je vous demande si ces sept hommes en avaient besoin, au milieu d’une telle abondance d’argent, d’une telle multitude de veuves. Aussi ce ne sont pas de simples prières, triais de longues supplications ; c’était ici le moyen d’action comme dans la prédication ; car ils faisaient presque tout par la prière. Ainsi les apôtres préféraient les choses spirituelles, ainsi ils étaient envoyés en mission, ainsi eux-mêmes avaient reçu ordre de prêcher. L’auteur ne dit pas cela, ne les loue pas, mais se contente de dire qu’il n’était pas convenable d’abandonner la fonction qui leur était confiée. Moïse avait aussi réglé que ceux qu’il choisissait ne se chargeraient point de tout. C’est encore pour cela que Paul dit : « Seulement nous devions nous ressouvenir des pauvres ». (Gal. 11,10) Mais voyez comme ceux-ci ont surpassé ceux-là. Ils jeûnaient, ils persévéraient dans la prière. C’est ce qu’il faudrait encore faire aujourd’hui. On ne dit pas seulement qu’ils sont spirituels, mais remplis de l’Esprit et de sagesse : indiquant par là qu’il fallait beaucoup de sagesse pour supporter les accusations des veuves. A quoi sert que le dispensateur ne vole pas, s’il dissipe tout, ou s’il est orgueilleux et porté à la colère ? Sous ce rapport Philippe était admirable ; car on dit de lui : « Nous sommes entrés dans la maison de Philippe l’évangéliste, qui était un des sept, et nous y avons séjourné ». (Act. 21,5) Rien d’humain, vous le voyez. « Et le nombre des disciples augmentait à Jérusalem ». Le nombre augmentait à Jérusalem ! Il est étonnant que la prédication s’étende là où le Christ avait été mis à mort. Ainsi, non seulement aucun des disciples ne se scandalisa de voir les apôtres flagellés, de voir les uns menacer, les autres tenter le Saint-Esprit, les autres murmurer ; mais le nombre des croyants augmentait, tant le sort d’Avanie les avait rendus sages et les avait remplis de frayeur ! Et voyez comment ce nombre augmente : c’est après les épreuves, et non auparavant. Considérez ici la bonté de Dieu. Parmi ces princes des prêtres qui excitaient la foule à demander la mort, qui s’écriaient et disaient : « Il a sauvé les autres et il ne peut se sauver lui-même » ; parmi ceux-là, dis-je : « Beaucoup obéissaient à la foi ».
4. Soyons donc les imitateurs de Dieu. Il les a reçus, et non rejetés. Traitons ainsi les ennemis qui nous ont accablés de maux. Si nous avons quelque bien, faisons-leur-en part ; ne les oublions jamais, dans nos bienfaits. Si nous calmons leur fureur en souffrant les mauvais traitements, à bien plus forte raison en leur faisant du bien ; ce dernier point est moins grand que l’autre. Car il n’y a pas de parité entre faire du bien à un ennemi et désirer