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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/72

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un homme qui en est à une si grande distance, puisqu’il habite en Perse.
Mais reprenons ce quia été dit plus haut « Fixant les yeux sur lui, ils virent que son visage était comme celui d’un ange ». D’où venait cette grâce qui brillait dans Étienne ? N’était-ce pas de la foi ? Évidemment : car on lui a rendu plus haut le témoignage qu’il était plein de foi. Il y a donc une grâce qui n’est pas celle des guérisons ; c’est pourquoi l’apôtre dit : « A l’un est donné la grâce des guérisons, à l’autre le langage de la sagesse ». Ici, il me semble qu’on insinue qu’il était plein de grâce quand on dit : « Ils virent que son visage était comme celui d’un ange » : ce qui a été dit aussi de Barnabé. Nous apprenons par là que les hommes simples et innocents sont surtout admirés, et que la grâce brille particulièrement en eux : « Alors ils subornèrent des hommes pour dire : nous l’avons entendu proférer des paroles de blasphème ». Ils accusaient les apôtres de prêcher la résurrection et d’attirer à eux une grande foule ; ici ils accusent parce que des guérisons s’opèrent. O stupidité ! ils blâment ce qui devrait exciter leur reconnaissance ; comme autrefois avec le Christ, ils espèrent vaincre en paroles ceux qui triomphent par les œuvres, et ils se jettent dans des discours sans fin. Ils n’osaient les enlever sans motif, n’ayant aucun sujet d’accusation. Et voyez comme les juges eux-mêmes ne rendent aucun témoignage ! car ils auraient été réfutés mais ils en subornent d’autres, afin de ne pas avoir l’air de commettre une injustice. Il en avait été de même avec le Christ. Voyez-vous la force de la prédication ? Comment elle subsiste chez ceux qui ont été flagellés et même lapidés, traînés devant les tribunaux et même repoussés de tous côtés ? Aussi, nonobstant les faux témoignages, non seulement ils n’ont pu vaincre les apôtres, mais ils n’ont pas même pu leur résister, malgré leur extrême impudence. Ainsi Étienne les a vaincus par force, quoiqu’ils se conduisissent indignement (comme ils l’avaient fait avec le Christ), eux qui ne négligeaient rien pour le faire mourir : afin qu’il fût évident pour tous que ce n’était pas un homme, mais Dieu qui combattait contre les hommes.
Et voyez ce que disent les faux témoins subornés par ceux qui l’avaient entraîné au conseil dans une intention homicide : « Nous l’avons entendu proférer des paroles de blasphème contre Moïse et contre Dieu ». O impudents ! vous faites des choses blasphématoires contre Dieu et vous n’en avez souci, et vous avez l’air de vous inquiéter de Moïse ! Moïse n’est là que parce qu’ils ne s’inquiètent guère du service de Dieu ; c’est toujours Moïse qu’ils mettent en avant : « Moïse », disent-ils, « qui nous a sauvés », afin d’irriter un peuple prompt à s’enflammer. Et pourtant comment un blasphémateur remporterait-il de tels triomphes ? comment un blasphémateur aurait-il fait de tels prodiges au milieu du peuple ? Mais voilà ce que c’est que la jalousie : elle égare tellement ceux qu’elle saisit, qu’ils n’ont pas même la conscience de ce qu’ils disent. « Nous l’avons entendu proférer des paroles de blasphème contre Moïse et contre Dieu » ; Et encore : « Cet homme ne cesse de parler contre le lieu saint et la loi » ; et ils ajoutent : « Que nous a donné Moïse » ; il n’est plus question de Dieu.
3. Voyez-vous comme ils l’accusent d’avoir renversé le gouvernement et d’être impie ? Il était évident pour tous qu’il était incapable d’un langage si audacieux, tant il y avait de douceur dans ses traits ! L’Écriture ne dit pas cela de lui, quand on ne le calomniait pas ; maintenant que tout est calomnie, Dieu a raison de la confondre par le seul aspect de son visage : On ne calomniait pas les apôtres, mais on les empêchait d’agir ; Étienne était calomnié, voilà pourquoi l’aspect de sa figure doit d’abord le justifier. Peut-être le prêtre en rougit-il. En disant : « Il promit », Étienne fait voir que la promesse a été faite avant que le lieu en fût fixé, avant la circoncision, avant le sacrifice, avant le temple ; qu’ils n’ont point reçu la circoncision ni la loi à raison de leurs mérites, mais que la terre seule a été la récompense de l’obéissance. Avant même que la circoncision soit donnée, la promesse est remplie. Il insinue que, quitter par l’ordre de Dieu, sa patrie et sa parenté (la patrie est là où Dieu conduit) et n’y avoir point d’héritage, ce sont des figures ; et encore que les Juifs sont chaldéens, si on y regarde de près ; ensuite qu’il faut obéir à la parole de Dieu, même sans miracles et quelque inconvénient qu’il en doive résulter ; puisque le patriarche abandonna tout, même le tombeau de son père, pour obéir à Dieu ; que si son père ne l’accompagna pas en Palestine, parce qu’il ne croyait pas, à