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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/77

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et il y mourut, lui et nos pères. Et ils furent transportés à Sichem et déposés dans le sépulcre qu’Abraham avait acheté à prix d’argent du fils d’Hémor, fils de Sichem. Mais comme approchait le temps de la promesse que Dieu avait jurée à Abraham, le peuple crût et se multiplia en Égypte, jusqu’à ce qu’il s’éleva un autre roi qui ne connaissait pas Joseph ». Nouveaux motifs de désespoir : d’abord la famine ; ensuite ils sont tombés aux mains de leur frère ; en troisième lieu, le roi prononce contre eux un arrêt de mort ; et pourtant ils ont été sauvés de tous ces dangers. Ensuite, pour montrer la sagesse de Dieu, il dit : « En ce temps-là naquit Moïse qui fut agréable au Seigneur ». S’il est étonnant que Joseph ait été vendu par ses frères, il l’est bien plus qu’un roi, destiné à périr, ait élevé celui même qui devait le renverser du trône.
Voyez-vous presque partout la figure de la résurrection ? Que quelque chose se fasse par la volonté de Dieu ou par celle de l’homme, c’est bien différent. Mais rien, de ceci n’était l’effet de la volonté humaine. « Et il était puissant en paroles et en œuvres ». Il dit cela pour montrer que Moïse fut un sauveur, et que l’on se montra ingrat envers lui. De même que Joseph, Moïse sauva ceux qui l’avaient maltraité. Sans doute on ne le fit pas réellement mourir, mais, comme Joseph, il fut tué en parole. Joseph fut vendu pour passer de sa patrie dans une terre étrangère ; Moïse fut chassé d’une terre étrangère à une terre étrangère. L’un procura de la nourriture, l’autre donna des conseils pour apprendre à être avec Dieu. De tout cela, ressort la vérité proclamée par Gamaliel : « Si cette œuvre est de Dieu, vous ne pourrez la détruire ». Mais vous, qui voyez comment ceux dont on a cherché la perte deviennent les sauveurs de ceux qui voulaient les perdre, admirez la sagesse et les ressources de Dieu ! car, si ceux-ci n’eussent pas formé leurs coupables projets, ils n’eussent pas été sauvés. Il vint une famine, et elle ne les fit pas mourir. Bien plus : ils furent sauvés par celui qu’ils croyaient perdu. Le roi donne un ordre, et il ne les détruit pas ; au contraire, le peuple croissait quand celui qui les connaissait mourut. Ils voulaient faire périr leur sauveur, et ils n’en purent venir à bout.
2. Vous voyez comment Dieu fait tourner à l’accomplissement de sa promesse les efforts mêmes que le démon fait pour la détruire. Ils étaient donc autorisés à dire : Dieu est fécond en ressources et il peut nous tirer d’ici. Car, c’était là une preuve de la sagesse de Dieu que le peuple se multipliât au sein de l’adversité, au milieu de la servitude, des mauvais traitements, des meurtres. Telle était la grandeur de la promesse. Qu’ils se fussent multipliés dans leur propre pays, t’eût été moins étonnant. Et ils ne sont pas restés peu de temps sur la terre étrangère, mais quatre cents ans. Cela nous apprend qu’ils ont montré une grande sagesse : car on ne se conduisait point envers eux comme des maîtres à l’égard de leurs serviteurs, mais comme des ennemis et des tyrans. Voilà pourquoi Dieu prédit qu’ils seront un jour dans une grande liberté : car c’est le sens de ces paroles : « Ils me serviront et reviendront ici », non sans être vengés. Et voyez comme il semble attribuer ici quelque chose à la circoncision, bien qu’il ne lui accorde réellement rien : car la promesse avait précédé la circoncision qui n’est venue qu’après. « Et les patriarches jaloux ». Ici, il ne les blesse pas ; il cherche à leur faire plaisir. Il appelle leurs ancêtres patriarches, parce qu’ils en étaient fiers. D’autre part, il fait voir que les saints n’ont pas été exempts de tribulations ; mais que c’est au sein même des tribulations qu’ils ont été secourus. Et non seulement ils ne s’en dégageaient pas, mais quand ils auraient dû y mettre un terme, ils aidaient à leurs oppresseurs. Comme les frères de Joseph, en le vendant, l’avaient rendu plus illustre, ainsi fit le roi pour Moïse, en ordonnant de tuer les enfants : car, sans cet ordre, rien ne serait arrivé.
Voyez la providence de Dieu ! Le roi met Moïse en fuite, et Dieu ne s’y oppose pas, parce qu’il ménage l’avenir et veut le rendre digne de la vision céleste sur la terre étrangère. Ainsi, celui qui a été vendu comme esclave, il le fait roi là même où on le croit esclave. Et comme Joseph règne là où on l’a vendu, ainsi le Christ déploie sa puissance dans la mort. Ce n’était pas seulement une question d’honneur, mais aussi confiance en sa propre vertu. Mais reprenons ce qui a été dit plus haut. « Et il l’établit intendant sur l’Égypte et sur toute sa maison ». Voyez quels événements Dieu prépare par la famine. « Jacob descendit en Égypte avec soixante-quinze personnes. Et il y mourut, lui et nos pères. «