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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/83

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avait ordonné, parlant à Moïse afin qu’il le fît selon le modèle qu’il avait vu ».
Bien qu’il y eût un tabernacle, il n’y avait pas de sacrifices. Et la preuve en est dans ces paroles du prophète : « M’avez-vous offert des victimes et des sacrifices ? » Le tabernacle du témoignage existait, et il leur était inutile, car ils périssaient. Avant cela les miracles n’avaient servi à rien ; ils ne servirent pas davantage après. « Et l’ayant reçu, nos pères l’emportèrent ». Voyez-vous que tout lieu est sanctifié par la présence de Dieu ? Aussi dit-il : « Dans le désert », pour comparer lieu à lieu. Ensuite vient le bienfait. « Et l’ayant reçu, nos pères l’emportèrent sous Jésus dans le pays des nations que Dieu chassa devant nos pères jusqu’aux jours de David, qui trouva grâce devant Dieu et demanda de trouver une demeure pour le Dieu de Jacob ». David demanda de bâtir, et cela ne lui fut point accordé, quoiqu’il fût grand et admirable. C’est Salomon, ce prince rejeté, qui bâtit. Aussi ajoute-t-il : « Ce fut Salomon qui lui bâtit un temple. Mais le Très-Haut n’habite pas dans les temples faits de main d’homme ». Ce qui précède l’avait déjà prouvé, mais la parole du prophète le déclare encore ; écoutez comment : « Selon ce que dit le prophète : Le ciel est mon trône, et la terre l’escabeau de mes pieds. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, ou quel est le lieu de mon repos ? N’est-ce pas ma main qui a fait toutes ces choses ? » Ne vous étonnez pas, leur dit-il, si le Christ fait du bien même à ceux qui le rejettent comme roi, puisqu’il en a été ainsi du temps de Moïse. Et il ne les a pas seulement sauvés, mais sauvés pendant qu’ils étaient dans le désert. Ne voyez-vous pas que tous ces miracles ont été faits pour eux ? Ainsi celui qui s’était entretenu avec Dieu, qui avait été sauvé contre toute attente, qui avait fait tant de prodiges et était doué d’une si grande puissance, montre que la prophétie devait être entièrement accomplie, et n’est point en contradiction avec lui-même.
Mais reprenons ce qui a été dit plus haut : « C’est ce Moïse qui a dit : Dieu vous suscitera un prophète comme moi ». C’est à cela, je pense, que le Christ faisait allusion, quand il disait : « Le salut vient des Juifs » (Jn. 4,22), se désignant lui-même : « C’est lui qui se trouva au désert avec l’ange qui lui parlait ». Il montre une seconde fois que c’est le Christ qui a donné la loi, puisqu’il était avec Moïse dans l’assemblée, dans le désert. Il rappelle ici le grand prodige qui s’est opéré sur la montagne. « Qui a reçu les paroles de vie pour nous les donner ». Moïse fut partout admirable, mais surtout au moment où il fallait donner la loi. Que signifient ces mots : « Paroles de vie ? » Ils désignent ou ce que ses discours avaient en vue, ou les prophéties. Puis vient le reproche aux patriarches, qui, après tant de signes et de prodiges, après avoir reçu les paroles de vie, « ne voulurent point lui « obéir ». Il les appelle avec raison « paroles de vie », pour montrer qu’il y en a d’autres qui ne sont point telles, ainsi que le dit Ézéchiel : « Je vous ai donné des commandements qui ne sont pas bons ». (Ez. 20,25) C’est pour cela qu’il dit : « Paroles de vie. Mais ils le repoussèrent, retournant de cœur en Égypte », où, ils gémissaient, où ils criaient, où ils invoquaient Dieu. « Et ils dirent à Aaron : Fais-nous des dieux qui marchent devant nous ».
2. O folie ! « Fais », disent-ils, « afin qu’ils marchent devant nous ». Où ? Vers l’Égypte. Voyez-vous comme ils renonçaient difficilement aux mœurs des Égyptiens ? Que dites-vous ? Vous n’attendez pas celui qui vous a délivrés, vous rejetez le bienfait, vous fuyez votre bienfaiteur ? Et voyez comme ils l’outragent ! « C’est ce Moïse qui nous a tirés de la terre d’Égypte ». Le nom de Dieu n’est prononcé nulle part ; tout est attribué à Moïse. Quand il faudrait rendre grâces, on met en avant le nom de Moïse ; mais quand il faut obéir à la loi, on n’en parle plus. Il leur avait dit qu’il montait pour recevoir la loi ; ils me l’attendirent pas même quarante jours. « Fais-nous des dieux ». Ils ne disent pas : un dieu, mais « des dieux », tant ils étaient égarés, au point de ne savoir ce qu’ils disaient. « Et ils firent un veau en ces jours-là, et ils offrirent des sacrifices à l’idole ». Voyez-vous l’excès de leur folie ? Pendant que Dieu se manifeste à Moïse, ils font un veau et lui immolent des victimes. « Et ils se réjouissaient dans l’œuvre de leurs mains ». Ils se réjouissaient quand il eut fallu rougir. Et quoi d’étonnant si vous méconnaissez le Christ, quand vous méconnaissez Moïse et Dieu qui s’est manifesté par tant de miracles ? Mais les Juifs ne se contentent pas de méconnaître, ils outragent en faisant des idoles. « Mais Dieu se détourna et les laissa servir