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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/84

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la milice du ciel ». Voilà l’origine de ces coutumes, de ces sacrifices ; ils ont d’abord immolé aux idoles. C’est ce que David rappelle quand il dit : « Et ils firent un veau à Horeb et ils adorèrent l’ouvrage du ciseau ». (Ps. 105) En effet, avant cela on ne parlait pas même de sacrifices, mais de préceptes de vie, de paroles de vie ; point d’initiations, mais des prodiges et des signes. « Comme il est écrit au livre des prophètes ». Ce n’est pas sans raison qu’il produit ce témoignage, mais pour prouver qu’il n’y a pas besoin de sacrifices. Et voyez ce qu’il dit : « M’avez-vous offert des victimes et des sacrifices pendant quarante ans dans le désert ? Au contraire, vous avez porté le tabernacle de Moloch et l’astre de votre dieu Remphan, figures que vous avez faites pour les adorer ». Ce langage est emphatique ; il signifie : Vous ne pouvez dire que vous avez sacrifié aux dieux parce que vous me sacrifiiez d’abord à moi-même. Et cela dans le désert, où il avait surtout pris leur direction. « Et vous avez porté le tabernacle de Moloch ». Voilà la cause des sacrifices.
« Aussi je vous transporterai au-delà de Babylone ». Ainsi la captivité accuse leur malice. Mais, direz-vous, pourquoi y avait-il un « tabernacle du témoignage ? » Afin qu’ils eussent Dieu pour témoin ; c’était là son seul but. « Selon le modèle qui t’a été montré sur la montagne ». Ainsi la description en avait été faite sur la montagne ; on le portait de tous côtés dans le désert, et il ne se fixait nulle part. Il l’appelle « tabernacle du témoignage » uniquement à cause des prodiges et des préceptes. Cependant ni le tabernacle ni eux n’avaient de temple. L’ange en avait donc donné la figure. « Jusqu’aux jours de David ». Ainsi jusque-là il n’y eut pas de temple, et pourtant les nations avaient été repoussées, celles dont il est dit : « Que Dieu chassa devant nos pères ». Il a dit cela pour montrer encore une fois qu’il n’y avait pas de temple. Quoi donc ? Tant de miracles et point de temple ? Oui ; le tabernacle d’abord, et point de temple. Et il demanda de trouver grâce devant le Seigneur. Il demanda et ne bâtit pas ; le temple n’était donc pas une bien grande chose, bien que, pour l’avoir bâti, Salomon soit réputé grand par quelques-uns et même préféré à son père. Mais la preuve qu’il n’était pas meilleur que son père, qu’il ne l’égalait même pas (sauf l’opinion d’un petit nombre), est dans le passage suivant : « Le Très-Haut n’habite pas dans des temples bâtis de main d’homme, selon la parole du prophète : Le ciel est mon trône et la terre l’escabeau de mes pieds ». Et encore ces choses ne sont-elles pas dignes de Dieu ; puisqu’elles sont créées, puisqu’elles sont l’œuvre de ses mains ? Voyez comme il élève peu à peu leur pensée ! Il fait voir par le prophète que ce langage même n’est pas digne de Dieu.
Et pourquoi, dira-t-on, parle-t-il ici avec tant de vivacité ? L’approche de la mort lui donnait une grande liberté : car je pense qu’il la connaissait par révélation. « Hommes à tête dure et incirconcis du cœur et des oreilles » ; ceci est encore prophétique et ne lui est pas propre. « Vous résistez toujours à l’Esprit-Saint. Il en est de vous comme de vos pères ». Quand il ne voulait pas qu’il y eût de sacrifices, vous en faisiez ; quand il en veut, vous n’en faites plus ; quand il ne voulait pas vous donner de préceptes, vous en demandiez ; quand vous les aviez reçus, vous les avez méprisés ; quand le temple était debout, vous adoriez des idoles ; quand il veut être adoré dans le temple, vous faites tout le contraire. Remarquez qu’il ne dit pas : Vous résistez à Dieu, mais et à l’Esprit » ; ainsi il n’y voyait aucune différence. Il va plus loin : « Il en est de vous comme de vos pères ». Le Christ leur faisait le même reproche, voyant qu’ils se glorifiaient toujours de leurs pères « Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté ? Ils ont mis à mort ceux qui prédisaient la venue du Juste ». Pour les contenir, il leur parle encore « du Juste : que vous avez naguère trahi et mis à mort ». Il leur fait deux reproches : de l’avoir méconnu, et de l’avoir fait mourir. « Vous qui avez reçu la loi par le ministère, des anges et ne l’avez pas gardée »
3. Qu’est-ce que cela ? Quelques-uns pensent que les anges auraient réglé la loi. Mais il n’en est pas ainsi. Où a-t-on jamais vu que les anges aient réglé une loi ? Il veut dire que la loi a été donnée à Moïse par le ministère de l’ange qui lui a apparu dans le buisson. En effet, n’était-il pas homme ? Rien donc d’étonnant que ceux qui avaient fait l’un, aient encore fait l’autre ; si vous avez tué ceux qui annonçaient, à plus forte raison deviez-vous tuer celui qui était annoncé. Il démontre ainsi qu’ils ont désobéi à Dieu, aux anges, aux