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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/87

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et quand il faudrait montrer de l’ardeur, rien de plus lâche et de plus endormi. Ainsi donc, parce que nous ne savons pas user des ressources qui sont en nous, notre vie se consume dans l’inutilité. C’est comme en fait de meubles, si nous prenons l’un pour l’autre, nous perdons tout. Par exemple : un homme a une épée, et au lieu de l’employer où il faudrait, il se sert de sa main ; évidemment, il ne saurait réussir ; et si, quand il faudrait se servir de sa main, il emploie son épée, il perd tout. Ainsi, un médecin qui ne coupe pas où il faudrait, et coupe où il ne faudrait pas, gâte tout. Je vous prie donc d’agir ici à propos. Tant qu’il ne s’agit que de nos propres intérêts, ce n’est pas le cas de nous mettre en colère ; mais quand il faut corriger les autres, usons de ce moyen pour les sauver. En nous tenant ainsi toujours en garde contre cette passion, nous serons semblables à Dieu, et nous obtiendrons les biens à venir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent au Père, en union avec le Saint-Esprit, la gloire, la force, l’empire, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il !

HOMÉLIE XVIII.


EN ENTENDANT CELA, ILS FRÉMISSAIENT DE RAGE DANS LEUR CŒUR, ET ILS GRINÇAIENT DES DENTS CONTRE LUI. (CH. 7,54, JUSQU’AU VERS. 25. DU CHAP. VIII)

ANALYSE.

  • 1. Martyre d’Étienne.
  • 2. Dispersion de l’Église de Jérusalem. – L’Évangile prêché dans Samarie. – Simon le Magicien.
  • 3. La différence qui avait paru autrefois entre les prestiges des magiciens de Pharaon et tes miracles de Moïse, se retrouve la même entre les œuvres des apôtres et les enchantements de Simon le Magicien. – Saint Pierre le réprimande et ne le punit pas ; pourquoi?
  • 4. Saint Chrysostome exhorte ceux qui ont des maisons à la campagne d’y faire construire des églises. – Il est plus beau et plus utile de bâtir une église qu’un tombeau.
  • 5. Bonheur des campagnes qui possèdent une église.


1. Il est étonnant qu’ils n’aient pas pris de ces paroles occasion de le tuer, mais que, dans la fureur où ils sont, ils cherchent encore un motif d’accusation. Ainsi les méchants sont toujours malheureux. Comme les princes des prêtres se disaient dans leur embarras : « Que ferons-nous à ces hommes ? » de même ceux-ci frémissent en eux-mêmes. Et pourtant c’était Étienne qui aurait dû s’irriter, lui gui n’avait point fait dé mal, et qui souffrait, et était calomnié comme s’il en eût fait. Mais les calomniateurs n’en sont que mieux confondus, tant j’avais raison de vous dire que mal faire c’est souffrir ! Cependant il n’a rien avancé de faux, il a dit la vérité. Ainsi, quand on nous accuse sales raison, nous ne souffrons réellement pas. Ils voulaient le faire mourir, mais non sur-le-champ ; il leur fallait un prétexte plausible pour voiler leur crime. Mais quoi ? L’affront qu’ils recevaient n’était-il pas un motif plausible ? Non ; ce n’était pas une injure de la part d’Étienne, mais l’accusation du prophète. Ou peut-être différaient-ils volontairement l’exécution du crime, comme avec le. Christ, pour ne pas paraître le condamner, à cause dés accusations qu’il avait portées contre eux, mais à cause de son impiété. Et c’était la piété qui avait inspiré ses paroles ! C’est pourquoi,