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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/88

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après l’avoir fait mourir, cherchant encore à détruire sa réputation, « ils frémissaient de rage » ; car ils craignaient qu’il n’arrivât quelque chose de nouveau à son occasion. Ils font donc à Étienne ce qu’ils avaient fait au Christ ; et comme, lorsque celui-ci disait : « Vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la majesté », ils criaient au blasphème et en appelaient au témoignage de la foule ; ainsi font-ils encore maintenant. Là ils déchirèrent leurs vêtements ; ici ils se bouchèrent les oreilles. « Mais comme il était rempli de l’Esprit-Saint, levant les yeux au ciel, il vit la gloire de Dieu et Jésus qui se tenait à la droite de Dieu, et il dit : Voilà que je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. Eux alors poussant un grand cri et se bouchant les oreilles, se précipitèrent tous ensemble sur lui. Et l’entraînant hors de la ville, ils le lapidèrent ».
Pourtant s’il avait menti, il aurait fallu le renvoyer comme un fou. Mais il n’avait parlé ainsi que pour les attirer. Et comme, en mentionnant seulement la mort du Christ, il n’avait rien dit de la résurrection, c’est à propos qu’il en vient enfin à ce dogme. Il raconte comment le Christ lui a apparu, afin de leur faire accepter sa parole : car voyant qu’il leur avait déplu en disant qu’il était assis, il traite du sujet de la résurrection et dit qu’il est debout. Voilà pourquoi, je présume, son visage a été glorifié. Car Dieu dans sa bonté voulait les attirer par les moyens mêmes qui leur servaient à tendre des embûches, bien que le résultat n’ait pas été obtenu. « Et l’entraînant hors de la ville, ils le lapidèrent ». Le supplice a lieu hors de la ville, comme pour le Christ ; et c’est dans la mort que se fait la confession et la prédication. « Et les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme nommé Saul. Et ils lapidaient « Étienne, qui priait et disait : Seigneur Jésus-Christ, recevez mon esprit ». Par là, il leur montre et leur apprend qu’il ne meurt pas. « Puis, ayant fléchi les genoux, il cria d’une « voix forte : Seigneur, ne leur imputez point ce péché ». Comme pour se purger du reproche d’avoir d’abord parlé avec colère, il dit : « Seigneur » ; ou peut-être parce qu’il voulait les attirer par là. Car leur pardonner la colère et la fureur avec laquelle ils commettaient le meurtre, montrer une âme exemptée de passion, c’était certainement le moyen de faire accueillir sa parole. « Or Saul était consentant de sa mort. Mais il s’éleva en ce temps-là une grande persécution contre l’Église qui était à Jérusalem ». Cette persécution n’était pas sans – cause, mais elle arrivait, ce me semble, par les vues de la Providence. « Et tous, excepté les apôtres, furent dispersés dans les régions de la Judée et de la Samarie ». Voyez-vous comme Dieu permet de nouveau les épreuves ? Mais voyez aussi comme les choses sont ménagées. Les miracles leur avaient attiré l’admiration, ils n’avaient point souffert de la flagellation ; ils sont établis dans les diverses contrées, la parole se multiplie, et à la fin Dieu permet qu’un grand obstacle survienne. Et il s’élève une persécution extraordinaire, telle qu’ils prennent la fuite en même temps (car ils craignaient leurs ennemis devenus plus audacieux), et que chacun peut se convaincre que les Juifs sont hommes à craindre et à fuir. Ils soutirent persécution pour que vous ne puissiez pas dire qu’ils devaient leur succès uniquement à la grâce ; ils deviennent plus timides et leurs ennemis plus audacieux. « Et ils furent tous dispersés, excepté les apôtres ». J’avais donc raison de dire que cette persécution était l’œuvre de la Providence ; car si elle n’eût pas eu lieu, ils n’auraient pas été dispersés. « Mais des hommes religieux ensevelirent Étienne, et firent ses funérailles avec un grand deuil ». Ils le pleurent parce qu’ils n’étaient pas encore parfaits, ou parce qu’Étienne était aimable et digne de respect. Ainsi, non seulement la crainte, mais aussi la douleur et le deuil, font voir qu’ils sont hommes.
3. Et qui n’aurait pas pleuré cet agneau plein de douceur, lapidé et étendu mort ? L’évangéliste lui a composé une digne épitaphe, en disant : « Puis, ayant fléchi les genoux, il cria d’une voix forte. Et ils firent ses funérailles avec un grand deuil ». Mais reprenons ce qui a été dit plus haut : « Comme il était rempli de l’Esprit-Saint, levant les yeux au ciel, il vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu ; et il dit. Voilà que je vois les cieux ouverts. Et ils se bouchèrent les oreilles et se précipitèrent tous ensemble sur lui ». Comment y avait-il là matière à accusation ? Et cependant celui qui avait fait tant de prodiges, qui les avait tous vaincus par la parole, qui avait dit de si grandes choses, ils l’entraînent à leur gré et assouvissent sur lui leur