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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/89

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fureur. « Mais les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme nommé Saul ». Voyez comme on raconte en détail tout ce qui regarde Paul, afin de vous faire voir l’œuvre de Dieu qui s’accomplira plus tard en lui. En attendant, non seulement il ne croit pas, mais il frappe Étienne par ces milliers de mains homicides ; et c’est ce que ces mots indiquent : « Or Saul était consentant de sa mort ». Et ce bienheureux ne se contente pas d’une simple prière, mais il prie avec attention : « Ayant fléchi les genoux », dit-on. Aussi sa mort fut-elle divine ; car jusqu’alors il était accordé aux âmes d’habiter les limbes. « Et tous furent dispersés dans les régions de la Judée et de la Samarie ». C’est sans crainte qu’ils se mêlent aux Samaritains, eux qui ont entendu dire : « N’allez point vers les gentils ». « Excepté les apôtres ». Par là on indique que, pour attirer les Juifs, les apôtres n’avaient point quitté la ville, ou qu’ils voulaient inspirer de la confiance aux autres.
« Cependant Saul ravageait l’Église ; entrant dans les maisons et entraînant des hommes et des femmes, il les jetait en prison ». C’était là une grande fureur : être seul et entrer dans les maisons, tant il était prêt à donner sa vie pour la loi ! « Traînant des hommes et des femmes ». Voyez donc quelle licence ! quelle injure ! quelle folie ! Enhardi par le meurtre d’Étienne, il maltraite en mille manières ceux qui tombent entre ses mains. « Et ceux donc qui avaient été dispersés, passaient d’un lieu dans un autre, en annonçant la parole de Dieu ». « Or Philippe étant descendu dans la ville de Samarie, leur prêchait le Christ. Et la foule était attentive à ce que disait Philippe, l’écoutant unanimement et voyant les miracles qu’il faisait. Car des esprits impurs sortaient d’un « grand nombre d’entre eux en poussant de grands cris, et beaucoup de paralytiques et de boiteux furent guéris. Il y eut donc une grande joie dans cette ville. Or un certain homme, nommé Simon, qui auparavant avait exercé la magie dans la ville, séduisait « le peuple de Samarie, se disant être quelqu’un de grand. Et tous, du plus petit jus« qu’au plus grand, l’écoutaient disant : Celui-ci est la grande vertu de Dieu ». Observez une autre tentation, celle de Simon : « Et la foule s’attachait à lui, parce que depuis longtemps il leur avait troublé l’esprit par ses enchantements. Mais quand ils eurent cru à Philippe qui leur annonçait la parole de Dieu, ils furent baptisés, hommes et femmes. Alors Simon lui-même crut aussi, et lorsqu’il eut été baptisé, il s’attachait à Philippe. Mais voyant qu’il se faisait des prodiges et de grands miracles, il était frappé d’étonnement et d’admiration. Or les apôtres qui étaient à Jérusalem, ayant appris que Samarie avait reçu la parole de Dieu, leur envoyèrent Pierre et Jean qui, étant venus, prièrent pour eux, afin qu’ils reçussent l’Esprit-Saint ; car il n’était pas encore descendu sur aucun d’eux, mais ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors ils leur imposaient les mains et ils recevaient l’Esprit-Saint. Or Simon voyant que, par l’imposition des mains des apôtres, l’Esprit-Saint était donné, il leur a offrit de l’argent disant : Donnez-moi aussi ce pouvoir, afin que tous ceux à qui j’imposerai les mains, reçoivent l’Esprit-Saint ».
Comment, direz-vous, ceux-ci n’avaient-ils point reçu l’Esprit-Saint ? Ils avaient reçu l’Esprit de rémission, mais pas encore celui des miracles. Et la preuve qu’ils n’avaient pas reçu l’Esprit des miracles, c’est que Simon, témoin de ses effets, vint le demander. Quoique la persécution sévît alors, le Seigneur les en sauva néanmoins, en leur faisant comme un rempart de prodiges. Bien loin d’abattre leur courage, la mort d’Étienne n’avait fait que l’augmenter ; c’est pourquoi les maîtres se dispersent, afin de mieux propager la doctrine. Et voyez encore comme ils jouissent, comme ils sont heureux. « Il y avait une grande joie dans la ville », quoique le deuil fût grand aussi. C’est ainsi que Dieu a coutume d’agir, mêlant la joie à la tristesse, afin de se faire mieux admirer. Mais la maladie de Simon était déjà vieille ; voilà pourquoi elle ne se guérit pas. Et comment l’a-t-on baptisé ? Comme le Christ a choisi Judas. Voyant les prodiges qui s’opéraient, il est saisi de stupeur ; mais il n’ose pas demander la grâce des miracles, parce qu’il sait que les autres ne l’ont pas encore reçue. Pourquoi ne l’a-t-on pas frappé de mort, comme Ananie et Sapphire ? Parce que celui qui avait « jadis » recueilli du bois ayant été puni de mort pour l’instruction des autres, personne ne subit ensuite le même supplice. Ainsi se conduit Pierre, qui ayant frappé Ananie et Sapphire,