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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/90

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ne frappa point Simon, mais se contente de lui dire : « Que ton argent périsse avec toi, parce que tu as cru que le don de Dieu s’achète avec de l’argent ! »
3. Et pourquoi, étant baptisés, n’ont-ils pas reçu l’Esprit-Saint ? C’est, ou parce que Philippe n’osait pas le donner, réservant cet honneur aux apôtres, ou (et cette opinion est préférable), parce qu’il n’avait pas un aussi grand pouvoir, bien qu’il fût des sept. Je pense que ce Philippe était certainement un des sept, le second après Étienne. Voilà pourquoi il baptise. Il ne donnait point l’Esprit à ceux qu’il baptisait ; car il n’en avait pas le pouvoir ! Ce don n’appartenait qu’aux douze. Observez bien : les apôtres n’étaient pas sortis, mais on avait réglé que les disciples sortiraient, eux qui étaient inférieurs en grâce, puisqu’ils n’avaient pas encore reçu l’Esprit-Saint. Ils avaient reçu le pouvoir de faire des miracles, mais non celui de donner l’Esprit aux autres. C’était là le privilège des apôtres ; aussi voyons-nous qu’eux seuls, les Coryphées, et non les autres, l’exerçaient. « Or, Simon voyant que par l’imposition des mains des apôtres, l’Esprit-Saint était donné ». Il n’eût pas ainsi parlé s’il n’y avait pas eu quelque chose de sensible. Paul en fit autant quand ils parlaient les langues. Avez-vous vu la perversité de Simon ? Il offre de l’argent ; et cependant il n’avait pas vu Pierre opérer à prix d’argent ; il n’agissait donc pas par ignorance, mais comme tentateur et afin d’établir une accusation. Aussi lui répond-on : « Il n’y a pour toi ni part ni sort dans tout ceci ; car ton cœur n’est pas droit devant Dieu ». Encore une fois il révèle la pensée, quand Simon croyait se cacher. « Fais donc pénitence de cette méchanceté, et prie le Seigneur qu’il te pardonne, s’il est possible, cette pensée de ton cœur. Car je vois que tu es dans un fiel d’amertume et dans des liens d’iniquité. « Simon répondant, dit : Priez vous-mêmes le Seigneur pour moi, afin qu’il ne m’arrive rien de ce que vous avez dit ». Quand il aurait dû se repentir du fond de son cœur et pleurer, il ne le fait que par manière d’acquit. « Qu’il te pardonne, s’il est possible ». Cela ne vent pas dire que la faute n’eût pas été pardonnée, si le coupable eût vergé des larmes ; mais c’est la coutume, même chez les prophètes, de ne point parler de pardon, de dénoncer d’une manière absolue le châtiment futur, et non de dire : Si vous faites telle chose, vous obtiendrez votre pardon.
Pour vous, admirez comme au milieu du malheur, ils s’attachent à la prédication, loin de la négliger ; et comment, ainsi que du temps de Moïse, la distinction s’établit entre les prodiges. La magie était pratiquée, et néanmoins les vrais miracles faciles à distinguer, bien qu’il ait dû n’y avoir aucun possédé du démon, puisque depuis longtemps Simon troublait leur esprit par ses enchantements ; mais comme il y avait beaucoup de possédés, beaucoup de paralytiques, ces signes n’étaient donc pas vrais. Or, Pierre n’attirait pas seulement par les miracles, mais aussi par la parole, en prêchant le royaume du Christ. Simon ayant été baptisé, s’attachait, dit-on, à Philippe. Ce n’était pas par esprit de foi qu’il s’y attachait, mais pour devenir semblable à lui. « Étant venus, ils prièrent pour eux, afin qu’ils reçussent l’Esprit-Saint ; car il n’était encore descendu sur aucun d’eux. Alors ils leur imposaient les mains et ils recevaient l’Esprit-Saint ». Voyez-vous qu’il faut une grande puissance pour donner l’Esprit-Saint ? Car ce n’est pas la même choie d’obtenir la rémission et de recevoir tin si grand pouvoir. « Mais Simon voyant que par l’imposition des mains des apôtres, l’Esprit-Saint était donné, il leur offrit de l’argent ».
Avait-il vu faire cela aux autres ? L’avait-il vu faire à Philippe ? Pensait-il que les apôtres ne connaissaient pas le motif de sa démarche ? Aussi Pierre a-t-il raison d’appeler cela un don, quand il dit : « Que ton argent périsse avec toi, parce que tu as estimé que le don de Dieu peut s’acquérir pour de l’argent ! » Voyez-vous comme ils sont exempts de toute attache à l’argent ? « Il n’y a pour toi ni part ni sort en ceci ; car ton cœur n’est pas droit devant Dieu ». Il agissait en tout par malice et il fallait être simple. « Fais donc pénitence, car je vois que tu es dans un fiel d’amertume et dans des liens d’iniquité ». Ces paroles sont pleines d’indignation. Il ne le punit point, pour que la foi ne fût pas imposée par nécessité, pour que la chose ne parût pas trop dure, pour produire des sentiments de pénitence, ou encore parce que pour le corriger il suffisait de l’avoir confondu, d’avoir révélé le fond de sa pensée et de l’avoir forcé de convenir qu’il était surpris. En effet, ces paroles « Priez vous-mêmes pour moi », sont un interdit