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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/91

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et un aveu. Voyez comment, malgré sa perversité, il croit quand il est confondu, et comment il s’humilie quand on le reprend une seconde fois. « En voyant les signes qui se faisaient il était frappé d’étonnement » ; montrant par là que tout ce qu’il faisait lui-même était supercherie. On ne dit pas qu’il s’approcha, mais qu’il « fut frappé d’étonnement ». Et pourquoi ne vint-il pas tout d’abord ? Parce qu’il espérait rester caché, parce qu’il attribuait à l’art les miracles qui s’opéraient ; mais quand il vit qu’il ne pouvait échapper aux apôtres, il s’approcha. « Car des esprits impurs sortaient d’un grand nombre de possédés, en jetant de grands cris ». C’était le signe de leur sortie ; chez les magiciens c’était tout le contraire ; ils ne faisaient que serrer les liens. « Beaucoup de paralytiques et de boiteux étaient guéris ». Ici aucune supercherie : il fallait marcher et agir. « Et tous l’écoutaient en disant : Celui-ci est « la vertu de Dieu ». Ainsi s’accomplit la parole du Christ : « Il s’élèvera beaucoup de faux « christs et de faux prophètes en mon nom ». Et pourquoi ne l’ont-ils pas confondu tout d’abord ? C’était assez pour eux qu’il se condamnât lui-même ; il y avait là-dedans une instruction. Mais ne pouvant résister, il dissimule comme les magiciens qui disaient : « Le doigt de Dieu est là ». Et pour ne pas être repoussé une seconde fois, il s’attachait à Philippe et ne le quittait plus.
4. Considérez avec moi les conséquences providentielles de la mort d’Étienne. Les fidèles sont dispersés dans les pays de la Judée et de la Samarie, ils annoncent la parole, ils prêchent le Christ, ils opèrent des prodiges, peu à peu l’on reçoit le don. Il y a ici double signe : donner aux uns, refuser à l’autre, c’était un très grand signe. « Et eux, après avoir rendu témoignage et prêché la parole de Dieu, revinrent à Jérusalem et « évangélisaient beaucoup de contrées des Samaritains ». C’est avec raison qu’on dit : « Après avoir rendu témoignage ». Peut-être le rendent-ils à cause de Simon, afin que les fidèles ne soient plus trompés, qu’ils soient en sécurité et ne se laissent plus entraîner par l’inexpérience. « Ils revinrent à Jérusalem ». Pourquoi reviennent-ils là où domine la tyrannie, où est le principe du mal, où règne le goût du sang ? Ils font ce que font les généraux d’armées, qui se portent au point le plus menacé. Remarquez qu’ils ne sont d’abord pas venus à Samarie, mais bien les disciples, qui avaient été chassés, comme sous le Christ ; et qu’enfin les apôtres sont envoyés aux fidèles de cette ville. « Or les apôtres qui étaient à Jérusalem ayant appris cela leur envoyèrent Pierre et Jean ». Pourquoi sont-ils envoyés ? l’ourles délivrer de la magie et leur rappeler la doctrine qu’ils avaient reçue du Christ, lorsqu’ils commencèrent à croire. Quand donc Simon aurait dû au contraire demander à recevoir l’Esprit-Saint, il n’en a souci et demande de pouvoir le donner aux autres, quoique ceux-là ne l’eussent pas reçu de façon à le donner ; mais il voulait l’emporter sur Philippe qui était un des disciples : « Que ton argent périsse avec toi ! » Ce m’est pas une malédiction, mais une leçon. Comme Simon ne savait pas employer son argent à propos, l’apôtre lui dit : Puisque tu es tel, qu’il te reste ; à peu près comme s’il disait : Qu’il périsse avec ta mauvaise volonté, puisque tu estimes assez peu le don de Dieu pour le croire une chose tout humaine : ce qui n’est pas. S’il s’était présenté comme il l’aurait dû, il aurait été reçu et non repoussé comme un fléau. Voyez-vous que celui qui se fait une idée basse des grandes choses commet une double faute Simon reçoit deux ordres : « Fais pénitence et prie Dieu qu’il te pardonne, s’il est possible, cette pensée de ton cœur ». Tant cette pensée était coupable ! Et comme l’apôtre le savait incorrigible, il dit : « Te pardonne, s’il est possible ». Et Simon, craignant la foule, n’osa nier. – Certainement s’il n’eût pas été troublé, il aurait dit : Je ne savais pas, j’ai agi sans réflexion ; mais il avait été frappé d’abord des miracles et ensuite de ce qu’on avait mis au jour le fond de sa pensée. C’est pourquoi il s’en alla au loin, à Rome, comme si l’apôtre n’eût pas dû y arriver avant lui. « Ils évangélisaient beaucoup de contrées des Samaritains ».
Voyez combien les voyages leur donnaient d’occupation ; mais ils ne les entreprenaient pas sans motifs. Nous devrions en faire de pareils. Mais que parlé-je de voyages ? Beaucoup ont des villages et des campagnes et ne s’en inquiètent nullement. Ils déploient la plus grande sollicitude à se créer des salles de bains, à augmenter leurs prix, à se faire construire des cours et des maisons ; quant à savoir comment les âmes sont cultivées, ils