Page:Jean Paul - Pensées, 1829.djvu/42

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Que peut le soleil des sciences sur les gens du monde et du bon ton ? Produire le même effet que l’autre soleil sur les glaces du pôle, les argenter et les dorer de ses rayons, mais non les pénétrer.


Le critique n’emploie pas précisément sa plume pour écrire, mais pour rappeler à elles par l’odeur du roussi des personnes privées de sentiment ; il chatouille avec elle le gosier du plagiaire afin de produire sur lui l’effet de l’émétique ; il s’en sert comme d’un carènent pour lui nettoyer la bouche. De toute la nomenclature des savants, il est le seul qui ne puisse jamais s’épuiser ni déposer sa plume, dût-il demeurer un siècle entier assis devant son écritoire. Tandis que le philosophe et le poète traitent des sujets neufs, le critique ne tait qu’appliquer la routine de son jugement et de son goût à mille productions nouvelles.