Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/148

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dont se glorifiaient les membres des communautés urbaines de l’Occident. Renfermés dans leur « droit de Magdebourg », indifférents à un pays auquel rien ne les attachait, incapables dans leur mesquine avarice d’élever un seul monument, fût-ce même une simple église, qui commémorât leur passage — car celle de Câmpulung, où fut enterré en 1300 un « comte saxon », n’avait aucune valeur artistique, et la grande église épiscopale de Baia fut bâtie par Alexandre-le-Bon, — ils ne laissèrent pas, sur cette terre, une page dans l’histoire des arts. A une époque ultérieure, où leur décadence était, du reste, complète, ils ne repoussèrent pas les incitatipns de Jacques Basilicos, qui, dans l’ancien centre de’ vignerons allemands qu’était Cotnari, voulut élever une Université de langue latine en lui donnant pour maîtres des disciples de la Renaissance allemande, des élèves de Mélanchton. Alors que les Arméniens, venus de Caffa par la Galicie, ont fondé à Suceava, à Botosani, à Jassy, à Roman, ces églises de pierre que fréquentent encore leurs descendants aux bons noms roumains anciens (Pruncul, Taranul, etc.), alors que ces établissements religieux conservent des Evangéliaires datant du XIVe siècle, rien ne rappelle le long séjour de ces Allemands, dont l’influence en Transylvanie et en Galicie avait été bien autrement réelle. Il faut ajouter que ces évêchés mêmes, dont ils dépendaient, jusqu’au temps de la Réforme protestante, au point de vue spirituel, ne furent pas soutenus par leurs propres sacrifices, les titulaires se faisant remplacer par des vicaires dépourvus d’autorité.

Les Dominicains et les Franciscains d’origine italienne, allemande ou mieux polonaise, n’étaient que des étrangers ne comprenant rien aux usages du pays. Un Bernardino Querini, par exemple, passa une grande partie de sa vie au milieu des Moldaves, vers la fin du XVIe