Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/96

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La Hongrie médiévale, celle des Arpadiens, aux instincts barbares de conquête, celle des Angevins au faste féodal, celle de Jean Hunyady, qu’animait ’l’esprit des Croisades, allait finir au contact de la puissance turque, si moderne par son caractère nettement national et militaire, par le pouvoir absolu de ses chefs, par leur tendance à donner au nouvel État, au lieu des bornes vagues d’une influence, les contours précis des frontières naturelles. Le roi au service duquel le héros de Belgrade avait dépensé ses efforts, le faible enfant posthume qui était Ladislas, fils d’Albert d’Autriche et petit-fils, par sa mère, du vaniteux Sigismond, allait finir bientôt ses jours sans avoir marqué par des actions personnelles un assez long passage sur le trône. Son successeur Mathias, qui était fils cadet de Jean Hunyady, eut toujours devant ses yeux le fantôme brillant de l’empereur et roi, dont il suivit si souvent les traces ; il dut comprendre cependant, par ses instincts réalistes de Roumain, par l’orientation fatale au milieu de son époque, et non moins par son contact intime et varié avec ce monde de la Renaissance italienne qui lui donna aussi sa seconde femme, Béatrix de Naples, les caractères dis-tinctifs d’une nouvelle ère. Posséder la terre, l’argent, les ressorts de la diplomatie avaient pour lui plus de valeur que les avantages purement formels de l’hommage traditionnel.

La Pologne du roi Casimir vivait beaucoup plus dans les souvenirs du moyen âge. Le petit-fils de Ja-gellon, tenait plutôt aux cérémonies brillantes dans lesquelles il pouvait apparaître comme le suzerain qui commande et conduit ; sa vanité, lente à déterminer des efforts efficaces, n’était qu’un des éléments d’une mentalité arriérée, tenant à l’ancien régime de l’autorité qui dépasse toutes les conditions données de la terre et de l’époque. Mais déjà des aventuriers italiens